Avortement en berne en Espagne ?

Le projet de loi du gouvernement Rajoy en passe d’aboutir et qui revient sans ambages sur la loi votée en 2010 par les socialistes vient mettre l’accent sur le clivage entre les Espagnols : exit les avortements qui étaient autorisés à tour de bras jusqu’à la quatorzième semaine de grossesse voire plus et retour à un système plus restrictif issu des prescriptions de 1985. 

En conséquences les abus infligées à des embryons qui n’ont rien demandé à personne seront revus à la baisse. Désormais seulement si la grossesse en question présente un grave danger pour la femme ou si elle n’est que le fruit d’un viol, le recours à l’interruption volontaire de grossesse sera autorisé. Cette réforme sociétale comprend aussi le rétablissement de l‘autorisation parentale pour pratiquer une IVG chez les mineures de seize ans. Il ne  s’agit là que d’une promesse électorale de Mariano Rajoy qui se devait d‘être honorée, chose promise, chose due ! 

Autres temps autres mœurs et le réaménagement de la loi controversée de 2010 ne pouvait que s’imposer. C’est vrai que le temps passant les femmes ont repris en force du poil de la bête jusqu‘à porter la culotte. Plus de profil bas devant la gent masculine, ni d’interruptions volontaires de grossesse dans la clandestinité au péril de leur propre vie. Elles disposent désormais d’un arsenal conséquent de contraception assez fiable pouvant les mettre à l’abri de tels accidents. Jouer indéfiniment la carte de la victimisation malgré le bouleversement des données est bizarre et ne peut qu’encourager l’avortement. 

Dans ce monde consumériste où d’un seul clic ou presque les choses s‘obtiennent, il était temps de responsabiliser un peu plus la jeunesse, laquelle semble avoir mis en état de veille un certain potentiel ; le réactiver via des règlementations plus strictes permettra peut-être de la responsabiliser en amont, de battre en brèche cette tendance relâchement, à caractère mortifère et au vent en poupe. 

La ministre des droits des femmes franco-marocaine, Najat Vallaud Belkacem, promotrice chevronnée du mariage pour tous a trouvé le moyen de s’immiscer dans les affaires des voisins, décelant en fine exégète de la politique, un recul du droit des femmes à disposer de leur corps dans cette réforme ! 

La mobilisation des détracteurs de ce projet parmi lesquels les mouvements dits féministes ne s’est pas fait attendre. Aujourd’hui les socialistes français solidaires de leurs coreligionnaires espagnols se sont joints aux opposants de la loi anti-IVG lors de la manifestation qui s’est déroulée devant l’ambassade d’Espagne à Paris. 

Toutefois la présence majoritaire au parlement du parti conservateur  laisse à penser que cette loi a toutes ses chances et d’après le ministre de la justice Alberto Ruiz Gallardon l’Europe pourrait par la suite en prendre de la graine…