L’Union des familles laiques et All Out contre Civitas

Que le Secours catholique soit reconnu organisme d’intérêt général, soit. Ses membres, dirigeants – voire bénéficiaires – sont d’ailleurs fort peu (litote) sectaires. Les laïcards pourront certes lui préférer le Secours populaire ou Aide à toute détresse, sans pour autant s’offusquer que les dons destinés au Secours catholique soient déductibles des impôts. Mais on voit mal dirigeants ou membres de Civitas déchirer, tel saint Martin, leur manteau pour vêtir des Femen grelottantes. D’où la réaction de l’Union des familles laïques ou du mouvement All Out (défense des droits des minorités, en particulier d’orientations sexuelles) qui s’insurgent. L’ultra-catholique (et peu chrétien)  Institut Civitas peut-il faire bénéficier ses donateurs de fortes réductions d’impôts ? 

Sur le site de l’Institut Civitas, un encart « Faites un don » précise que « votre soutien financier » est « déductible de vos impôts ». En vertu de quoi ? De l’intercession de l’esprit saint ? Selon l’Union des familles laïques (Ufal), Civitas n’aurait pas « entamé de procédure d’homologation auprès de la direction des finances publiques », ni en Meurthe-et-Moselle, son adresse légale jusqu’à juin dernier, ni dans le Val-d’Oise où, à Argenteuil, au 17, rue des Chasseurs, se trouve le nouveau siège, en cohabitation avec une dame Verhille.

Du coup, début février dernier, l’Ufal s’adressait aux ministères du Budget et des Finances avant de lancer une pétition que relaye pour sa part le mouvement All Out et d’autres.

« Nous contestons que cette association fasse œuvre d’intérêt général. Soit Civitas souhaite avoir des activités cultuelles — ce qui n’est pas le cas, puisque son objet n’est pas la célébration d’un culte —, alors elle pourrait faire bénéficier ses donateurs de reçus-dons, mais ne pourrait plus avoir d’expression politique. Soit elle se contente de son statut actuel d’association relevant de la loi de 1901, mais sans émettre de reçus », résume l’Ufal.

La principale activité de l’Institut Civitas (outre d’animer des cercles de réflexion et des réunions) consiste à descendre dans la rue pour manifester contre des spectacles estimés blasphématoires ou contre le mariage pour tous. Civitas appelle d’ailleurs à un rassemblement devant le Sénat jeudi 4 avril, puis le samedi suivant. Il s’agit aussi de ne pas paraître à la traîne de Frigide Barjot, trop peu homophobe proclamée, et de se distinguer de « la droite molle ».

Civitas s’en prend aux Femen, ce qui peut se concevoir, mais aussi à toute expression présumée manifester un « laïcisme viscéralement antichrétien », que l’institut débusque un peu partout. Ainsi, la Foir’Fouille ayant diffusé un catalogue de Noël sans « la moindre crèche » mais avec une panoplie de nonne « sexy », Civitas y voit une manifestation d’un antichristianisme et d’une chritianophobie encouragés par le Parti socialiste.

D’un autre côté, Civitas relève qu’Act Up, ProChoix ou Paris Foot Gay ou le festival du film lesbien, &c., soient subventionnés par la Ville de Paris ou le Conseil régional francilien.

Mais tout est bon pour Civitas qui relaye les fortes pensées de Pascal Bernardin qui estime, à propos du réchauffement climatique, que « les prévisions les plus alarmistes des écologistes masquent l’objectif réel de la véritable révolution écologique en cours : la création d’une spiritualité globale, païenne, panthéiste, visant à détruire le catholicisme et à préparer le règne de l’Antéchrist… ».

Bref, le diable, le malin, satan, lucifer, sont partout mais Civitas veille et a besoin de dons défiscalisés pour son incessant guet (anti-gay aussi).

Après tout, c’est un hobby comme un autre, et si les boulistes sont subventionnés, pourquoi pas les lesbiennes, les homosexuels se livrant à des activités sportives et culturelles, et Civitas qui participe à l’essor de la marche à pied, à celui de chorales ?

Mais il faut savoir que des députés UMP, une quinzaine, avaient réfléchi à une proposition de loi visant à priver de subventions les théâtres présentant des pièces offensant une religion. Il faudrait être logique : Civitas offense aussi la laïcité en général, et on s’attend donc à ce que les députés UMP laïcs (et les FN donc, aussi) s’offusquent de ce qui semble être une usurpation du statut d’œuvre d’intérêt général.

Civitas n’est pas le seul groupe mobilisant les catholiques séculiers (on n’ose écrire « laics ») les plus « traditionnalistes ». Riposte catholique n’est pas trop tiède non plus. Lequel condamne le Comité de la Jupe (des catholiques féministes, religieuses, théologiennes) qui a organisé une sorte de conclave parallèle au féminin. « Elles feraient mieux d’imiter le silence de la Sainte Vierge qui méditait toutes ces choses dans son cœur » (mais que, de Lourdes, Lisieux, à Fatima et ailleurs, on a abondamment fait parler, paradoxalement).

Les thèses de Civitas sont aussi répercutées par des évêques qui, comme Mgr J.-P. Cattenoz (Avignon) considère qu’après le mariage pour tous viendra l’euthanasie et l’eugénisme : « Il restera à voter le droit à l’eugénisme qui permettra de se débarrasser de tout enfant chez qui apparaîtrait un handicap trop lourd et pour la famille et pour la société ». Pour Civitas, l’eugénisme laïcard est en marche, et vise les adultes, en quelque sorte, futurs martyrs enfouis sous les « ruines fumantes » de la fille aînée de l’église.

Mais pourquoi donc se préoccuper de telles futilités alors que, selon les prédictions de saint Malachie d’Armagh, le Nostradamus de la papauté,  « dans la dernière persécution de la sainte Église romaine siégera Pierre le Romain qui fera paître ses brebis à travers de nombreuses tribulations. Celles-ci terminées, la cité aux sept collines sera détruite, et le Juge redoutable jugera son peuple ». Laissons donc le juge redoutable, successeur du prochain pape, décider…
En effet, pourquoi donc s’obstiner à relever la France et la chrétienté alors que la fin est si proche ? Et pourquoi donc Civitas, en cette attente, a-t-elle besoin de dons exonérés à 60 % pour se consacrer à la prière silencieuse à l’imitation de la vierge Marie ?

Faut-il signer la, les pétitions, ou réévangéliser Civitas et l’inciter à la prière rédemptrice et à la contemplation ?  Pétitions ou neuvaines ? Manifs ou récollections ? Voilà un sujet de débat pour le Congrès de la France catholique (27 et 28 avril, Paris), si un 27 avril voit jamais le jour…