Cette année, la Bête a été vue dans le Maine et Loire, et tous se mobilisent pour organiser
la traque.
Cela fait partie de l’actualité récurrente, et chaque année (ou presque) une mystérieuse bête surgit pour nous rappeler, que la Nature aussi connait caprices et anomalies. Cette année, c’est dans le Maine et Loire, qu’une « bête grise » sévit s’attaquant aux troupeaux et effrayant les éleveurs de moutons et autres quadrupèdes.
Aussi mystérieuse que le Yéti, la bête suscite la réaction des pouvoirs publics, qui se sont déjà empressés de décréter que la bête, même si on en ignore tout, n’est pas un loup. Bien évidemment, le loup, après des siècles de la tradition du petit chaperon rouge, était pointé du doigt. Non, mais là les autorités sont formelles, il ne s’agit pas du Canis Lupus Lupus.
Cette certitude ne rassure ni la population, ni les éleveurs soumis à des ravages inconsidérés, d’autant plus que ces mêmes autorités ont apparemment trouvé le coupable : un chien errant. Personne ne l’a jamais vu certes, mais vétérinaires et comportementalistes sont intimement persuadés, qu’un animal domestique est revenu à la vie sauvage, s’attaquant alors aux animaux les plus faibles et à sa portée. Or, dans la nature, existe-t-il une proie plus facile que ces moutons, habitués à la présence des chiens ? Cette facilité est encore accrue, lorsque l’on constate que les éleveurs du Maine et Loire ne se sont pas rués, comme leurs homologues du Mercantour, sur le Patou, ces chiens de berger particulièrement efficaces pour repousser les attaques du loup sauvage.
L’histoire pourrait donc faire sourire, mais elle permet surtout de souligner les ravages de ces chiens errants, qui n’en sont pas à leur coup d’essai. On a beau se démener et accuser le loup (et dans certaines régions l’Ours) de tous les maux, les chiens errants font bien plus de ravages non seulement parmi les animaux mais aussi auprès de nos concitoyens. Vous aurez du mal à trouver un fait, relatant l’attaque d’un Homme par un loup, alors que les morsures de ces chiens font des centaines de victimes chaque année.
Les éleveurs du Maine et Loire peuvent néanmoins se rassurer, les grands moyens ont été adoptés pour mettre fin aux agissements de la bête. Caméra à visée nocturne, mobilisation des chasseurs, …le département retrouvera bientôt sa quiétude légendaire. Il n’en va pas de même dans le Parc National du Mercantour, où les éleveurs sont excédés depuis plus d’une quinzaine d’année par les attaques de loups. Espèce protégée (ce qui n’a pas empêché l’Etat d’autoriser le tir sur 9 loups depuis 2004), le loup est ainsi montrée du doigt à chaque attaque. Pour calmer les esprits (et peut-être s’acheter une paix sociale avec les éleveurs de la région), l’Etat indemnise les victimes de ces attaques, et ces indemnités sont loin d’être négligeables, puisqu’en 2011, 1.5 millions d’euros ont ainsi été versé. En temps de crise, les éleveurs du Mercantour ont donc du souci à se faire, car une nouvelle bête est apparue, bien plus sournoise et agressive…la réduction des dépenses publiques. Pas sûr, qu’on arrive à s’en débarrasser aussi rapidement.