Désigné comme Homme de l’année 2012 par M le magazine du Monde, Bachar-al-Assad aura été un personnage prépondérant cette année, effrayant par son cynisme et sa cruauté envers son propre peuple. Le conflit qui embrase la Syrie depuis maintenant 21 mois a entraîné la mort de pas moins de 44 000 personnes, selon l’Organisation Syrienne des Droits de l’Homme (OSDH). Il a réussi à battre ainsi le triste record détenu par son père, Hafez, qui avait réduit au silence dans le sang la révolte de la ville de Hama, en 1982. Bilan : 20 000 morts. 

 

Aujourd’hui, la chute du régime n’apparaît être qu’une question d’heures, de jours voire de quelques semaines. Le nord du pays échappe complètement au contrôle du pouvoir baasiste, car sous la main des rebelles ainsi que de djihadistes de toutes obédiences, notamment venus de la région frontalière du Kurdistan. La capitale est assiégée de toutes parts par les rebelles. Le régime est obligé de bombarder la périphérie de Damas dans le but de récupérer un rayon de 8 kilomètres autour de la ville, lui permettant de négocier une sortie de scène humiliante… mais pas trop. 

 

En attendant, avec l’énergie du désespoir et la folie qui le caractérise, le dictateur syrien a provoqué la mort d’environ 200 personnes, dont 120 civils, rien que pour la journée de dimanche. Les rebelles dénoncent l’utilisation par les troupes gouvernementales d’un gaz toxique, qui auraient fait périr 6 combattants de l’Armée Syrienne Libre (ASL) ces derniers jours. Il est vrai que la Syrie semble posséder le plus gros stock d’armes chimiques de tout le Moyen-Orient. Le régime l’a reconnu et a menacé, fin juillet, d’en faire usage en cas d’intervention extérieure, mais jamais contre son propre peuple. Promesse qui semble avoir été de peu de valeur…

 

Le conflit provoque une pénurie sans précédent dans le pays, asphyxié par les sanctions internationales et désorganisé par les combats. Les produits de première nécessité viennent à manquer jusque dans la capitale, le carburant a vu son prix multiplié par 5… La survie de certains villages ne se fait que par le biais de la solidarité ou par l’envoi de convois humanitaires. Mais, Elysabeth Byrs, porte-parole du Programme Alimentaire Mondial (PAM) a reconnu que l’aide humanitaire "ne parvient à atteindre qu’un tiers des personnes nécessiteuses" du fait de l’extension et de l’intensification des combats. Les services publics sont fermés dans la plupart des villes, même si dans certaines villes "libérées" du nord, un embryon d’administration s’est mis en place à l’instigation des rebelles. 

 

Face au chaos qui règne en Syrie, la communauté internationale paraît impuissante. L’émissaire des Nations Unies, Lakhdar Brahimi, a bien rencontré le dictateur syrien hier, mais il semble n’avoir comme mission que de constater les dégâts. L’ONU est totalement paralysée, comme à l’époque de la Guerre froide du fait du veto russe et chinois face à toute résolution contraignante allant dans le sens d’une chute du régime, au nom du sacro-saint principe de non-ingérence. Surtout, du côté russe, pour des motifs stratégiques, la Syrie étant un allié notable et sur le territoire de laquelle elle possède une base militaire navale dans la ville côtière de Tartous. 

 

Selon Le Figaro, un compromis aurait été signé entre Américains et Russes pour la formation d’un gouvernement de transition. Celui-ci aurait tous les pouvoirs, Bachar-al-Assad resterait aux commandes du pays jusqu’à la fin de son mandat en 2014 et n’aurait pas la possibilité de se représenter. Un compromis rejeté à juste raison par avance par les comités locaux de coordination qui organisent l’ASL. Pour eux, "Assad et tous les responsables politiques, militaires et sécuritaires doivent quitter le pouvoir". Après avoir fait tuer 44 000 personnes, il est plus que temps, en effet !