C'est la deuxième fois que Georges Fenech, Président de la Miviludes, s'illustre en prônant des résolutions tirées tout droit de l'exemple National Socialiste allemand, lors de son accession au pouvoir en février 1933.

La première fois, lors de son soutien au projet de loi sur la rétention de sureté,  Georges Fenech avait fait référence à un précédent qui d'après lui avait bien fonctionné en citant celui de la république de Weimar. C'était sans compter sur le Canard Enchaîné de l’époque qui avait souligné que cette loi avait été signée par un certain A. Hitler le 27 novembre 1933, tandis que ladite république était au main des nazis depuis 9 mois.

Aujourd'hui, c'est sur la liste noire des sectes que Georges Fenech dérive en déclarant sa volonté de mettre à jour un référentiel sur les sectes…

Les précédents en Europe des listes noires des mouvements spirituels et religieux et des sectes sont très rares. En fait, le seul précédent est la liste publiée le jour du Reichstagsbrandverordnung, c'est à dire l'ordonnance du 28 février 1933 publiée par le gouvernement dont Hitler était le chancelier, ordonnance liberticide qui annulait les principes démocratiques de la république de Weimar et donnait le coup d'envoi à la période la plus sombre de l'histoire moderne européenne.

Ce jour, le gouvernement du Troisième Reich établissait une liste de sectes interdites au nom de « la protection du peuple et de l’État ». Aujourd'hui certains ajouteraient "et de la famille et de l'individu"…

Cette liste comprenait les Témoins de Jéhovah, les anabaptistes, les adventistes du 7e jour, les mouvements gnostiques… elle sera régulièrement mise à jour (Georges Fenech : "le rôle de la Miviludes est aussi de remettre à jour les données concernant les mouvements déviants") par les nazis pour y inclure les astrologues, les occultistes, la Science Chrétienne, l’anthroposophie, la théosophie… (si l'anthroposophie n'était pas dans la liste des sectes de 1995, elle avait rejoint le peloton lors du rapport 1999 de la Miviludes).

La justification de cette liste est retrouvée dans un ordre émanant du nazi Heydrich (cote D59 du procès de Nuremberg) qui établit une marche à suivre pour éliminer ces différentes « sociétés religieuses et sectes » et faire arrêter et interner en camp de concentration toutes les personnes connectées à ces mouvements. Le préambule de cet ordre est édifiant : « Dans la présente lutte pour la destinée du peuple allemand, il est nécessaire de protéger non seulement la santé physique de notre peuple mais aussi sa santé spirituelle, à la fois au plan individuel et au plan collectif. Le peuple allemand ne peut plus être exposé à des enseignements occultistes qui prétendent que les actions et missions des êtres humains sont sujettes à de mystérieuses forces magiques. »

Un exemple à ne pas suivre, et pourtant suivi de si près…