Une derby basque sous haute tension

Ce soir aura lieu le centième derby basque de l’histoire : le Biarritz Olympique accueille à Aguiléra l’Aviron Bayonnais en match en retard de la 10ème journée de Top 14. La première confrontation entre les 2 équipes a eu lieu en 1908 et Bayonne s’était imposée 9 à 3 sur le terrain de Biarritz.

Espérons que le résultat ne soit pas le même pour les Biarrots, actuelle lanterne rouge du Top 14 avec 7 points de retard sur le premier non relégable Bordeaux-Bègles. Autrement dit, une défaite du BO ce soir serait certainement synonyme de lutte pour le maintien en Top 14 durant tout le reste de la saison. Et jouer le maintien toute une saison, c’est un autre état d’esprit que les joueurs du BO ne connaissent pas. C’est une lutte de chaque instant, chaque week-end. Paradoxalement et malgré la qualité de cet effectif, on peut se poser la question de savoir si une telle équipe pourra se battre jusqu’au bout pour sa survie en Top 14. Car oui, cette équipe est certainement celle qui a le plus souffert de l’absence de ses internationaux français partis jouer la coupe du monde. En troisième ligne, remplacer efficacement Imanol Harinordoquy, l’âme du BO et le grand espoir Raphaël Lakafia n’a pas été possible tellement ces deux là sont des pions essentiels à cette équipe. Mais aussi, chez les trois quarts, leurs 2 centres polyvalents, l’argentin Marcelo Bosch, revenu certes un peu plus tôt que les français de la coupe du monde et leur homme d’expérience pouvant jouer 10, 12, 13 ou 15, Damien Traille. Et que dire de leur maître à jouer, celui qui  imprègne le rythme du match, celui qui est aussi un buteur d’une efficacité redoutable, leur demi de mêlée Dimitri Yachvili. Attention, le "Yach" sera absent ce soir, insuffisamment remis de sa blessure à la cuisse. Et on sait que le BO sans son chef d’orchestre n’est plus tout à fait le même. 

Côté Bayonnais, actuel 9ème du classement, on respire un peu mieux c’est vrai. L’Aviron Bayonnais a actuellement 9 points d’avance sur le BO. La pression est donc moins forte sur leurs épaules. Mais attention, une défaite ce soir sans point de bonus et le BO reviendrait à une victoire bonifiée de l’ennemi juré…Autant dire une deuxième partie de saison qui s’annoncerait incroyablement indécise pour le maintien…Car lorsqu’on regarde l’effectif Bayonnais sur le papier, il a vraiment fier allure. Le recrutement a été impressionnant. Trois all blacks, l’ailier d’origine fidjienne Joe Rokocoko, le surpuissant troisième ligne centre Sione Lauaki et le robuste pilier droit Nemia Tialata. Mais aussi le génial et solide demi de mêlée gallois Mike Phillips capable d’être un véritable 9ème avant si nécessaire (1.91m et 103kg). Enfin l’expérience, la vitesse et la polyvalence des lignes arrières de l’ancien Toulousain Cédric Heymans. Toutes ces recrues venant se greffer à un effectif qui a joué la qualification pour les phases finales jusqu’à la dernière journée la saison dernière, devraient faire de l’Aviron Bayonnais un outsider crédible de ce championnat de Top 14. Pour l’instant, ils ont pris du retard et si une victoire les relancerait dans la course aux 6 premières places, nul doute qu’une défaite ce soir compromettrait quasi définitivement leur chance de jouer les premiers rôles cette saison.

Le décor est planté, malheur au vaincu. A quoi s’attendre au niveau du jeu ? Compte tenu du contexte, les 2 équipes vont certainement se resserrer autour des fondamentaux de ce jeu : le combat et la conquête. On sera vraisemblablement plus dans le combat et l’occupation que dans le volumineux et l’esprit d’initiative. Mais si un pack prend le dessus sur l’autre, alors l’une ou l’autre des équipes aura la capacité à faire des différences énormes avec leurs lignes arrières. La faculté à ne pas louper les plaquages sera donc essentielle quand on a la flèche américaine du BO Ngwenya (10.5 sec au 100m) d’un côté et le redoutable finisseur marqueur d’essai all black Rokocoko de l’autre.

Dans tous les cas, ce sera le derby des premières : première victoire du BO à domicile ou première victoire de l’Aviron à l’extérieur. Que le meilleur gagne !