Comme de très nombreuses communes françaises , le bourg de Prayssac, dans le Lot , s’embellit  tout au long des saisons  de massifs fleuris , offrant une profusion renouvelée de formes et de couleurs réjouissant les yeux  des  habitants et des  touristes de passage …

Ce fleurissement de nos villes et villages fut d’abord une initiative, puis une tendance, enfin une mode ….c’est devenu une habitude  appréciée  et souvent récompensée !

Si quelques grincheux y voient une dépense inutile grevant encore un peu plus  le budget déjà difficile de nos cités ( et alourdissant nos impôts…) d’autres vous diront que la beauté n’a pas de prix  et que la vie étant pour beaucoup difficile , ces espaces nature , poétiques, colorés et fruits du savoir-faire de nos jardiniers urbains  leur apportent  des moments de plaisir  qu’ils apprécient pleinement …

Si j’ai eu envie aujourd’hui d’attirer votre attention  sur le fleurissement de ma commune, c’est pour partager avec vous, lecteurs de c4n , un moment  d’émotion ressentie et pour rendre hommage  à la créativité  et au travail  des responsables de nos espaces verts  locaux … Car Prayssac  montre en ce domaine une petite particularité  qui ajoute le plaisir de la découverte , du rêve, de l’imaginaire à celui  de l’agencement floral .

Chaque année nos massifs, rond-point, espaces verts, sont conçus et ordonnancés par Vincent Cavaillé responsable avec son équipe technique du fleurissement municipal , selon un thème original : 2011 fut l’année de nos « jardins en haute couture » , 2012  apporte cette année le souffle de la vie de bohème de la Belle époque…

 

 

 

Au cœur du village, une fontaine jaillissante : nos jardiniers y font revivre la vie de bohème du  Paris de la fin du XIXème siècle, avide de progrès et d’innovations , qui rejette à travers ses artistes , peintres, sculpteurs, musiciens,  le conformisme d’une société embourgeoisée et se cherche de nouvelles raisons de vivre et de créer …Les couleurs chaleureuses de l’amaranthe paniculée, du cosmos orange vif, de la scabieuse pourpre ou du millet ornemental noir , rappellent les cabarets parisiens, le MoulinRouge,  le Chat noir  et le souvenir sulfureux de la Goulue et de ses belles compagnes , près desquelles se noient dans la dangereuse absinthe les artistes et les désoeuvrés…

 

 

A l’entrée ouest de la ville trône le symbole de l’errance , de la liberté nomade : la roulotte…Elle invite le passant à  venir à la rencontre de la cité , elle est chaleureuse comme les fleurs qui l’entourent : rudbéckias cherry brandy, sauge vivace cosmos blancs et orange, fleurs de tabac, bidens jaune vif…Elle vous dit tout à la fois «  faites une pause chez nous » mais aussi que vous pourrez repartir , libres de vos mouvements , sans contraintes et sans attaches …

Sur la terrasse de notre Mairie, les plantes sont devenues « folles » de liberté ! Avides d’espace , de nouvelles frontières , de nouvelles unions , elles s’élancent , se développent , conquièrent la verticale , renversent nos habitudes , nos traditions et font leur propre bohème , à contre-courant , de l’usage , grimpant à qui mieux mieux vers un mode irrationnel …Toutes de verts vêtues , en camaïeu  apaisant , les lamium, euphorbes, heuchères,  partent à l’assaut …

 

 

 

Près de la bibliothèque un drôle de bric-à-brac s’est installé : c’est le jardin bidouille où cohabitent en un joyeux méli-mélo des plantes et du plastique, des fleurs et du métal, des emballages et des objets –rebut de notre société de consommation ! La nature prendra-t-elle le dessus ? Nul ne le sait encore mais attention car selon Darwin « ce n’est pas l’espèce la plus forte qui survit , ni la plus intelligente , mais la plus disposée à changer ! » En attendant , admirons ensemble l’harmonie violette et jaune opposée au  vert pâle des rudbeckia jaunes, des tabacs deep purple, du zinnia vert chartreux et des verveines bonariensis…

 

 

Le Massif de Lagrèze est voué au poète et à son univers utopique …. Voyageur de l’intime, il cherche à  échapper à  notre monde matériel étouffant et à fuir une réalité conformiste pour s’élancer vers l’utopie et  la recherche de l’émotion  et de la sensibilité ….Sera-t-il le constructeur des passerelles qui nous conduiront , nous, simples mortels , vers la richesse de nos vrais moi ???  Pour l’y aider  c’est toute la douceur du mélange du blanc et des bleus-violets qui éclate ici grâce aux carottes sauvages, à la sauge , à la verveine …

 

    

Le voyage se termine au milieu de nulle part : Plus qu’un campement sur pilotis, c’est un lieu de vie, choisi en accord avec la nature. Au milieu des plantes sauvages, sans contrainte horaire, sans obligations sociales, sans engagement familial, sans attache, un homme en communion avec la Nature, cherche son jardin secret : se connaître, se comprendre, s’aimer, trouver sa place. Puis sans doute après cet exil, comprendra-t-il sans doute que le bonheur passe par l’amitié et l’amour c‘est-à-dire par les… autres !!!
Une palette verte et blanche soulignée d’une touche de rouge symbolise cette recherche que chacun porte en soi  , sans toujours la laisser s’exprimer !

Pour achever cette présentation de notre périple fleuri, deux créations encore : les lieux  dédiés au partage des connaissances .

Un jardin sec , véritable concentré de développement durable , qui depuis 2009 rassemble des végétaux capables de résister aux rigueurs des hivers et à la sécheresse des étés lotois  en évitant tout apport d’eau. Formes et couleurs s’imbriquent  en parfaite harmonie et si l’envie de poser un moment votre fardeau vous prend, une pergola recouverte de vigne et ses bancs de bois flotté vous accueilleront à l’ombre des rosiers grimpants .

Puis le Jardin de la Gare, laquelle , hélas n’existe plus ,  présente quand à lui des méthodes naturelles et alternatives aux produits phytosanitaires. Chaque jardinier amateur pourra apprendre, grâce à de petits modes d’emploi affichés, à connaître les plantes qui, de par leurs vertus, les aideront à lutter contre les maladies et les ravageurs des cultures : orties, consoudes  et consoeurs deviendront la base des purins, macérations, décoctions propres à secourir plantes potagères et jardin d’ornement.

Si vous passez par notre village cet été, n’oubliez pas de vous arrêter pour admirer les créations de nos jardiniers , j’espère vous en avoir donné l’envie grâce à cet article !

Mais je laisse à notre  adjoint à l’Environnement, monsieur Jean-François Prunet le soin  de résumer en quelques lignes, bien mieux que je ne saurais le faire ,  la philosophie afférente au projet de fleurissement de notre commune :

 « Derrière la simplicité apparente et la qualité artistique de notre fleurissement, il y a évidemment une mise en place des différents massifs mais également un travail préparatoire de recherche de formes, de couleurs, d’ambiances, d’harmonies, de création (l’ensemble des accessoires est fabriqué en régie), qui permet d’atteindre plusieurs buts : embellir notre cité, nous apporter du plaisir, nous faire découvrir de nouvelles plantes et peut-être même… parfois de nous faire réfléchir !!! »

 

sources :plaquette municipale de présentation , site de l’Office du Tourisme de Prayssac , photos personnelles

Avec mes remerciements à mr Vincent Cavaillé et son équipe technique, mr J-F Prunet, adjoint à l’environnement ,pour leur travail et la présentation de celui-ci …