Les droits de l’homme en Colombie

La semaine passée, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme a rendu public son dernier rapport concernant la Colombie.

C'est sans étonnement que l'on découvre que les principales critiques du Haut-Commissariat vont aux groupes terroristes de droite ou de gauche qui continuent à violer les droits de l'homme… mais plus en toute impunité puisque le gouvernement colombien fait tous ses efforts pour lutter contre eux.

De plus, ce rapport souligne que les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) et l'ELN (Armée de libération nationale) continuent à nier le droit international humanitaire, car non seulement ces guérillas refusent l'accès des représentants de la Croix-Rouge à leurs prisonniers, mais en plus elles attaquent parfois les convois humanitaires.

Par ailleurs, les différentes guérillas continuent à recruter des mineurs, à commettre des actes de violences sexuelles contre les femmes et les jeunes filles ; elles utilisent toujours des mines antipersonnel dont les enfants de paysans sont les premières victimes, prennent en otage des civils et les séquestrent pendant de longues périodes dans des conditions inhumaines.

Les forces armées régulières ne sont hélas pas exemptes de toute critique, et le Haut-Commissariat des Nations unies relève que les cas des « faux positifs » (civils tués par l'armée et présentés ensuite comme des combattants terroristes) existent toujours, même si le gouvernement tente de contrôler au maximum les forces militaires.

Malgré tout, l'ONU reconnaît les grands efforts effectués par le gouvernement du président Uribe pour renforcer l'État de droit et défendre les droits des citoyens. Cependant, le Haut-Commissariat reconnaît que la présence des groupes terroristes ainsi que celle de plus en plus nombreuse des déserteurs de ces mêmes groupes rendent l'évolution de la situation imprévisible, et la violence contre les populations civiles risque de rester pour de nombreuses années encore un des problèmes majeurs de la Colombie.

Les guerres, quelles qu'elles soient, créent toujours des zones de non-droit, il est urgent que le gouvernement colombien trouve un terrain d'entente avec les groupes terroristes ou, si ceux-ci continuent à refuser le dialogue comme cela a toujours été le cas, qu'il parvienne à les réduire au silence en faisant taire leurs armes.

Ingrid Betancourt abandonne la scène politique

Lors d'une interview à une radio colombienne, l'ancien otage franco-colombien a annoncé qu'elle ne se présenterait pas aux prochaines élections présidentielles de son pays en 2010.

« Je suis toujours disposée à servir à la Colombie », a-t-elle dit, « Je vais travailler pour la paix de mon pays… Mais je pense qu'il y a d'autres manières de le faire qu'à partir du milieu politique ».

Ainsi, Ingrid Betancourt confirme ce que l'on pressentait depuis sa libération par les forces armées colombiennes le deux juillet de cette année, l'ancienne candidate présidentielle ne veut plus se consacrer à la vie politique, mais veut utiliser toutes ses forces pour la libération, non seulement de l'ensemble des otages encore prisonniers en Colombie, mais aussi de toutes les personnes opprimées dans le monde.

« J'ai pu résister durant ma longue séquestration grâce à l'aide de Dieu, c'est lui qui m'indique maintenant le chemin que je dois suivre, et ce n'est pas celui de la politique. » avait annoncé Ingrid Betancourt lors d'une précédente interview, « mais on ne peut jamais dire jamais, peut-être qu'un jour Dieu me demandera de refaire de la politique. »

Lors de cette interview, Ingrid Betancourt a confirmé avoir dîné avec le président colombien Alvaro Uribe qui se trouve actuellement à New York, qu'ils avaient abordé beaucoup de thèmes lors de leur conversation, mais rien de politique, qu'ils avaient principalement parlé de la libération de ceux qui étaient encore entre les mains des FARC.

Ingrid Betancourt a également confirmé l'information que nous vous donnions précédemment (voir article), à savoir qu'elle avait reçu des menaces de mort de la part des FARC, et qu'elle, ainsi que tous ceux qui avaient été libérés le deux juillet passé lors de l'opération Échec et mat, avaient été déclarés objectifs de guerre par leurs anciens geôliers. Ainsi, pour des raisons de sécurité, elle assure qu'elle ne peut pas rentrer dans son pays, et qu'elle ne pense pas qu'elle pourra le faire dans un proche avenir.

Prisonnière hors de son pays, espérons que tous ceux qui l'ont soutenue lors de son enlèvement continueront à l'appuyer dans son nouveau combat, et que les onze autres otages libérés avec elle et qui se trouvent encore en Colombie ne soient pas abattus par les FARC.

Ingrid Betancourt menacée de mort

La semaine passée, lors de l'interview que Ingrid Betancourt accordait après avoir appris qu'elle avait remporté le prix Principe de Asturias* pour la concorde, l'ancien otage révélait que son retour en Colombie n'était pas encore à l'ordre du jour pour des raisons de sécurité.

Après avoir remercié les Espagnols de lui avoir accordé ce prix, prix qu'elle dédiait à ses compagnons d'infortune toujours prisonniers dans les forêts colombiennes, Ingrid Betancourt a dit qu'elle voulait partager ce prix avec Alvaro Uribe, le président colombien, sans qui elle ne connaîtrait pas ces magnifiques instants de liberté.

« Je sais que notre président a pris une décision difficile », a souligné Ingrid Betancourt, « et qu'il a fait preuve de vaillance en lançant l'opération militaire. Si quelqu'un mérite bien ce prix de la concorde, c'est lui, puisque c'est un geste de paix qu'il a effectué en nous libérant, car aucune goutte de sang n'a été versée, pas même celle d'un terroriste. Ce que je souhaiterais le plus maintenant, c'est pouvoir le serrer entre mes bras et partager personnellement ce prix avec lui. »

Poursuivant son interview, Ingrid Betancourt a alors révélé qu'elle avait été déclarée objectif de guerre par les FARC : « Les terroristes ont signalé dans plusieurs communiqués que tous ceux qui avaient été libérés par l'armée colombienne étaient considérés comme des fugitifs et étaient donc devenus des objectifs militaires. »

« Il est certain », a-t-elle poursuivi, « qu'ils ne pourront plus nous séquestrer, mais il leur est très facile d'organiser un attentat. »

Ingrid Betancourt a alors reconnu qu'elle était en pourparlers avec les autorités colombiennes, qu'elle faisait totalement confiance aux forces de sécurité pour la protéger, mais que tout dépendait du nombre d'heures qu'elle comptait passer en Colombie et des endroits où elle voulait se rendre. Pour l'instant, a-t-elle confirmé, toutes les conditions de sécurité ne sont pas réunies et j'attends que Bogota me donne le feu vert.

L'ancien otage a conclu l'interview en s'adressant à nouveau à ses compagnons d'infortune toujours prisonniers des FARC : « gardez l'espoir, je suis persuadée que tout sera très vite terminé, mais ne lâchez jamais la main de Dieu, c'est lui qui vous guidera vers la liberté ».

Ainsi, bien que parcourant le monde depuis sa libération, Ingrid Betancourt n'oublie pas ceux qui sont restés enchaînés, mais c'est elle qui, paradoxalement, se retrouve prisonnière, interdite par ceux qui étaient ses geôliers de rentrer chez elle.

* : Le prix Principe de Asturias, attribuée par la Fondation du même nom présidée par l'héritier de la Couronne d'Espagne, vise à récompenser le travail scientifique, culturel ou humaniste ayant été réalisé dans un domaine international par des équipes de travail ou des institutions dont les réussites constituent un exemple pour l'Humanité.

Ingrid Betancourt en route vers la liberté

Selon plusieurs sources, dont l'ex-sénateur Luis Eladio Pérez qui a été compagnon de captivité d'lngrid Betancourt, les FARC vont bientôt annoncer la libération de quatre nouveaux otages… otages parmi lesquels se trouverait la célèbre sénatrice franco-colombienne.

Cette annonce se fait au lendemain du discours du président vénézuélien Hugo Chavez qui, à la surprise de tous, a brusquement changé son fusil d'épaule. Après avoir critiqué le gouvernement colombien pendant des mois, fustigé le président Alvaro Uribe – allant jusqu'à le traiter d'assassin lors de la mort de Raul Reyes, le numéro deux des FARC -, voilà que soudainement il annonce sur les ondes des radios et télévisions de son pays que les guérillas révolutionnaires n'ont plus de raison d'être en Amérique du Sud, que leur combat date d'une autre époque, et qu'il est temps que les FARC libèrent sans contrepartie tous leurs prisonniers, civils, politiques et militaires dont certains sont retenus dans les montagnes depuis plus de 10 ans.

Il est vrai que le président vénézuélien est menacé par la révélation de ses contacts réels avec le groupe subversif, révélation qui semble se confirmer alors qu'un militaire sous ses ordres vient d'être arrêté en Colombie tandis qu'il tentait de remettre des armes et des munitions au groupe terroriste. Il était plus que temps pour Hugo Chavez de prendre ses distances avec les guérilléros des FARC.

Même la sénatrice Piedad Cordoba, amie de la famille d'Ingrid Betancourt, très proche du président vénézuélien, qui s'est illustrée par sa ténacité dans son combat pour un accord humanitaire et par ses critiques agressives contre le gouvernement colombien a publiquement demandé aux FARC de libérer rapidement les otages. Il est vrai qu'elle vient d'être mise en accusation pour ses possibles relations avec les FARC – relations qui dépasseraient son rôle de porte-parole du gouvernement auprès des terroristes – et surtout par la révélation d'un courrier qui lui serait attribué où elle demandait à Raul Reyes, lors des négociations pour la libération d'un groupe de trois otages, de libérer n'importe lesquels de ses prisonniers, mais pas Ingrid Betancourt ! Si cette affirmation est confirmée, il semblerait que la sénatrice Piedad Cordoba voulait conserver la libération d'Ingrid Betancourt pour la prochaine campagne électorale où elle représentera probablement les couleurs du parti d'opposition Polo Democrático . Ainsi, sans aucun scrupule pour le calvaire de l'otage franco-colombien, elle aurait laissé pourrir Ingrid aux mains des FARC deux ans de plus uniquement pour l'utiliser comme piédestal lors de sa campagne en 2010 !

Mais trêve d'accusation et de polémique, le principal est que, selon plusieurs sources, les FARC vont libérer Ingrid Betancourt. Il est même possible qu'en ce moment même elle soit déjà en marche dans les forêts colombiennes, une longue marche semée d'embûches, mais qui est celle vers la liberté après six longues années d'emprisonnement physique et moral.

Cent millions de dollars pour Ingrid Betancourt

Le premier mars de cette année, le numéro deux des FARC, Raul Reyes, était tué en territoire équatorien en compagnie de la fille de Manuel Marulanda, le chef suprême du groupe terroriste.

Peu de temps après, Ivan Rios, un autre chef des FARC, était tué par ses propres hommes qui empochaient la prime de cinq millions de dollars offerte par les autorités pour ce dirigeant de la guérilla.

La semaine passée, on assistait à la désertion de Karina, la plus cruelle des commandants des FARC que l'on avait vu jouer au football avec la tête d'un policier décapité. Lors de la conférence de presse qui suivit son arrestation, l'ancienne terroriste avouait qu'elle était coupée du reste des FARC depuis plus de deux ans et qu'elle avait décidé d'abandonner le combat pour ne pas terminer comme Ivan Rios.

Et puis, vendredi, on apprenait la mort du numéro un des FARC, Manuel Marulanda, qui serait mort d'une crise cardiaque alors qu'il était pourchassé par l'armée colombienne. Il est évident que le groupe terroriste est au plus mal surtout qu'il ne peut espérer pour l'instant l'aide venant du Venezuela ou de l'Équateur, puisqu'il est certain que les présidents Chavez ou Correa vont s'abstenir d'intervenir dans le conflit colombien maintenant que leurs relations secrètes avec la guérilla ont été révélées par les ordinateurs saisis dans le camp de Raul Reyes.

Mais qu'en est-il alors du sort des otages dans cette déliquescence des FARC ? Le président colombien, Alvaro Uribe, nous a rassurés en révélant, samedi, que plusieurs guérilleros avaient pris contact avec les autorités colombiennes afin de profiter de l'offre faite par son gouvernement. Pour mémoire, un fonds de 100 millions de dollars a été créé afin de récompenser tout terroriste qui abandonnerait les FARC en amenant avec lui un ou plusieurs otages, parmi lesquels Ingrid Betancourt. Le gouvernement colombien garantit aussi aux terroristes une extradition immédiate vers la France, pays qui s'est proposé pour accueillir les guérilléros qui se livreraient en libérant des otages.

L'espoir est donc très grand de revoir rapidement Ingrid Betancourt, surtout qu'Alfonso Cano, le guérillero qui a remplacé Manuel Marulanda à la tête des FARC, est réputé comme étant un idéologue plus qu'un militaire. Pour la première fois depuis leur création il y a quarante-quatre ans, le groupe terroriste serait peut-être plus enclin au dialogue qu'à la lutte armée.

Le cousin du président Uribe arrêté

Les autorités colombiennes ont arrêté hier à Bogotá l'ex-sénateur et ancien président du Congrès Mario Uribe Escobar, cousin du président de la République Alvaro Uribe Velez, pour ses liens supposés avec des groupes paramilitaires.

Mario Uribe, lorsqu'il a appris que la justice de son pays le cherchait s'est rendu à l'ambassade du Costa Rica à Bogotá pour y demander l'asile politique. Le Costa Rica a jugé cette demande sans fondement et a remis le cousin du président à la police colombienne.

L'ancien sénateur a dû être emmené sous une forte escorte policière pour le protéger d'un attroupement de plusieurs dizaines de personnes qui s'étaient rassemblées devant l'ambassade du Costa Rica dès que les radios locales avaient annoncé que le cousin du président s'y était réfugié.

Le président de la République, Alvaro Uribe, a publié un communiqué peu après l'arrestation de son cousin : « l'arrestation du sénateur Mario Uribe me blesse. Mais j'assume cette souffrance avec patriotisme, sans faiblir dans mes seules obligations qui sont de protéger les institutions, obligations qui sont aussi celles de tous les autres détenteurs d'un quelconque pouvoir politique. »

Cette nouvelle arrestation d'un sénateur en Colombie montre que plus personne n'est à l'abri de la justice dans ce pays, même pas les membres de la famille du président.

La grande majorité des parlementaires et sénateurs qui ont été démis de leurs fonctions ou jeter en prison le sont pour des actes délictueux commis avant la présente législature, ce qui fait dire aux colombiens que les choses ont réellement changé avec l'arrivée du président Uribe, et que s'il a donné des armes aux militaires pour combattre les organisations terroristes, il a aussi donné du pouvoir à la justice pour combattre la corruption politique, phénomène endémique en Colombie.

Bien évidemment, si les liens avec les paramilitaires dont l'opposition et l'organisation terroriste des FARC accusent le président sont exacts, Alvaro Uribe risque lui aussi de se retrouver derrière les barreaux, victime de sa propre vision d'un monde politique plus honnête et plus efficace. Il en est conscient et vient d'ailleurs de déclarer à la télévision que si on lui présentait une preuve, une seule, pouvant laisser supposer qu'il est lié avec un groupe paramilitaire, il renoncerait immédiatement à son poste de président.

Ingrid Betancourt : « Mission irrecevable »

Telle a été la réponse du secrétariat de l'état-major des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie, publiée aujourd'hui par l'Agence bolivarienne de la presse.

La fameuse mission humanitaire française envoyée la semaine dernière pour sauver Ingrid Betancourt subit ainsi un fâcheux camouflet. "Nous n'agissons pas sous l'influence du chantage, ni sous l'impulsion de campagnes médiatiques", expliquent les Farc.

Qualifiant la mission de "résultat de la mauvaise foi du [président colombien Alvaro Uribe à l'encontre du gouvernement français", ils rappellent l'assassinat de leur numéro deux, Raul Reyes, le 1er Mars, par l'armée colombienne en Equateur : "Alors que nous faisions des gestes concrets en faveur d'un échange de prisonniers, le président Uribe planifiait et exécutait le lâche assassinat du commandant Raul Reyes" ; "celui qui ordonne à ses généraux un sauvetage (des otages) par l'armée, à feu et à sang, celui qui offre des millions de dollars, appelant la guérilla à déserter avec les prisonniers, celui-là ne veut pas d'échange".

Certes. Tout celà est bien loin de la préoccupation directe des proches de la Franco-Colombienne et de la France : la libération immédiate d'Ingrid Betancourt, détenue depuis plus de six ans.

Un objectif similaire anime pourtant le mouvement révolutionnaire : la libération "des guérilleros emprisonnés en Colombie et aux Etats-Unis sont [leur] priorité".

A quand donc l'accord tant attendu ? "Si au début de l'année le président Uribe avait démilitarisé Pradera et Florida pendant 45 jours, Ingrid Betancourt, les soldats et les rebelles emprisonnés seraient libres", expliquent les Farc…

Quant à la mission médicale française, elle n'est "pas raisonnable, d'autant qu'elle ne découle d'aucun accord", note le communiqué du 4 avril.

Plus farfelue encore, la proposition française d'offrir le statut de réfugié aux guérilleros éventuellement libérés est rapidement balayée : les Farc n'ont "réclamé de personne" un tel statut, vu comme un "bannissement" et l'institutionnalisation d'un "délit d'opinion".

D'autres idées, Français ?

Pas de libération ni de mission médicale pour les FARC

 

Dans un communiqué publié aujourd'hui, les FARC confirment qu'elles ne libéreront plus d'otage de manière unilatérale et qu'elles ne permettront pas la venue d'une mission médicale. Elles réclament du gouvernement Uribe qu'il relâche 500 prisonniers dont les autorités colombiennes attendent toujours les noms. Parallèlement, elles continuent d'exiger la démilitarisation de deux départements colombiens en même temps que la remise en liberté de plusieurs de leurs membres condamnés pour trafic de stupéfiants aux États-Unis. Ce que Washington n'envisage pas, bien entendu.

S'adressant à la France, les membres des FARC les accusent de mettre sur pied des opérations humanitaires, à grand renfort de publicité, sans même demander l'autorisation de l'une des parties, celle qui détient les otages : la guérilla !

Elles rappellent aussi que la France est un pays de droite, dirigée par un gouvernement de droite, et qu'elle a toujours collaboré avec l'Espagne pour détruire le groupe combattant frère de l'ETA. Comment les FARC pourraient-elles avoir confiance en ce gouvernement, si c'est la France qui a offert le téléphone satellite qui a permis de localiser et puis d'assassiner leur commandant Raúl Reyes?

Le président de la République française, Nicolas Sarkozy, exhorte Manuel Marulanda à procéder à la libération immédiate de Ingrid Betancourt, sans aucune contrepartie ni garantie.

Toujours selon ce communiqué des FARC, la guérilla constate que le gouvernement français supplie Hugo Chavez d'intervenir pour la libération d'Ingrid Betancourt. C'est la seule chose sensée qu'il ait faite, puisque la gestion du président du Venezuela est la seule qui soit parvenue à créer le climat de confiance nécessaire à une libération d'otages.

Avant de préparer des hélicoptères ou des avions pour apporter des soins aux otages et préparer leur évacuation, le président Sarkozy devrait utiliser ses bonnes relations avec le gouvernement nord-américain, gouvernement qui finance et attise la guerre en Colombie, pour que ce dernier n'empêche plus le retour à la maison de tous les prisonniers politiques ou militaires au pouvoir des FARC ainsi que celui de ceux qui se trouvent dans les prisons du régime.

Voilà, je ne vais pas épiloguer sur ce communiqué aux accents d'un autre temps, une fois encore les FARC se présentent comme des victimes de bonne volonté, les méchants ce sont les autres : la Colombie, les États-Unis, la France et l'Espagne. Chacun se fera une opinion… Et pendant ce temps-là, les otages croupissent toujours dans les profondeurs obscures et humides de la forêt tropicale.

Ingrid Betancourt, à qui profite le crime ?

Plusieurs grands journalistes espagnols, colombiens et vénézuéliens ont essayé de faire le point sur la situation critique d'Ingrid Betancourt. S'ils sont d'accord avec le principe d'un échange humanitaire d'otages contre des prisonniers, ils affirment que cela ne doit pas se faire à n'importe quel prix. La prise d'otages est en effet une arme à double tranchant, si le gouvernement ne cède pas il est traité d'inhumain, mais s'il plie, c'est inciter à de nouvelles prises d'otages.

De plus, la situation sociale en Colombie est explosive, le gouvernement doit de se montrer ferme pour avancer dans ses programmes de réformes.

La situation d'Ingrid Betancourt est particulière, en ce sens qu'à la pression intérieure exercée par les familles des victimes s'est ajoutée la pression internationale. Uribe a dû plier dans une certaine mesure, sachant que pour leur part les FARC, en quarante-quatre ans d'existence, n'ont jamais cédé ni libéré personne sous la pression, que du contraire.

Pour illustrer cette affirmation, permettez-moi de vous rappeler l'histoire du jeune Andrés Norberto, dont tout le monde se souvient en Colombie, l'histoire d'un enlèvement qualifié du plus cruel de tous ceux perpétrés par les FARC. En mars 2000, les FARC prirent d'assaut un petit hameau et enlevèrent le caporal de police José Norberto Pérez dont le fils de 12 ans, Andrés, souffrait d'un cancer en phase terminale. Sentant la fin venir, le petit Andrés supplia les FARC, leur demandant non pas de libérer son papa – ce qu'il savait impossible -, mais de lui permettre de le voir une dernière fois avant de mourir. L'enfant écrivit même une lettre au chef des FARC, Manuel Marulanda, lui demandant de faire une exception pour lui.

Des milliers de Colombiens descendirent dans la rue pour appuyer le cri de détresse d'Andrés, l'Église catholique demanda aux FARC de faire un geste de bonne volonté, un artiste-peintre se proposa même comme otage en échange du caporal, mais rien n'y fit… et le petit Andrés mourut sans revoir son papa. Quelques jours le plus tard, le caporal de police José Norberto Pérez fut assassiné par les FARC d'une balle en pleine tête.

Cette histoire cruelle et triste prouve bien que les FARC ne cèdent pas à la pression, et que les considérations dites "humaines" ne les touchent pas. Ainsi, il est certain que tout le bruit fait autour d'Ingrid Betancourt n'aide pas à sa libération, et pourrait même être contre-productif.

À propos de l'intervention du président du Venezuela, les journalistes soulignent que si Hugo Chavez a pu faire libérer quelques otages de grande valeur politique, il n'a pas bougé le petit doigt pour les innombrables soldats colombiens qui sont retenus par les FARC depuis des dizaines d'années. Selon les analystes, ceci prouve bien que les objectifs du président du Venezuela étaient politiques et non humanitaires.

Si Uribe l'a laissé faire, c'est parce que toute libération est bonne à prendre, peu importe qui en est le responsable. Mais les liens de Hugo Chavez avec les narcos terroristes ont finalement poussé le président colombien à lui demander de ne plus intervenir.

Concernant les FARC, les journalistes estiment que les terroristes utilisent au maximum Ingrid Betancourt pour faire pression sur le gouvernement colombien tout en essayant de masquer la terrible crise interne dont ils souffrent depuis la disparition de leur chef historique, Manuel Marulanda.

Le groupe terroriste est au bord du désastre, prêt à exploser en plusieurs bandes ennemies, affaibli par les désertions de plus en plus nombreuses et poussé hors de Colombie par les attaques répétées des forces armées. Ingrid Betancourt est leur dernière vitrine, le dernier symbole de leur grandeur.

De ce fait, les journalistes concluent leur intervention en affirmant que personne ne sortirait gagnant avec la mort d'Ingrid Betancourt, mais que trop de personnes seraient perdantes si elle était libérée.

En effet, si l'ex-candidate présidentielle venait à mourir non seulement les FARC perdraient le peu de crédibilité qu'elles pourraient encore avoir en Colombie, mais de plus elles deviendraient les ennemies de l'opinion publique mondiale et de plusieurs gouvernements, dont celui de la France. D'autre part, il est certain que le gouvernement Uribe serait tenu en partie pour responsable de cette tragédie.

Mais si les FARC venaient à libérer Ingrid Betancourt, leur groupe disparaîtrait rapidement de la scène internationale, et leur geste humanitaire serait interprété comme un signe de faiblesse.

À cause de cela, Ingrid Betancourt est devenue un casse-tête stratégie tant pour les FARC que pour le gouvernement colombien.

De plus, un nouvel acteur vient d'entrer en scène : l'otage lui-même ! En effet, Ingrid Betancourt a décidé de ne plus être la prisonnière passive qu'elle était jusqu'à présent. Sachant que ses ravisseurs ne peuvent la laisser mourir, il semble que désormais elle refuse de collaborer avec eux et qu'elle veuille les obliger à la libérer pour des raisons médicales.

Si cette dernière hypothèse est exacte, la rumeur selon laquelle elle refuse de s'alimenter depuis plus d'un mois aurait tout son sens… mais rendrait d'autant plus urgente sa libération.