Dans un communiqué publié aujourd'hui, les FARC confirment qu'elles ne libéreront plus d'otage de manière unilatérale et qu'elles ne permettront pas la venue d'une mission médicale. Elles réclament du gouvernement Uribe qu'il relâche 500 prisonniers dont les autorités colombiennes attendent toujours les noms. Parallèlement, elles continuent d'exiger la démilitarisation de deux départements colombiens en même temps que la remise en liberté de plusieurs de leurs membres condamnés pour trafic de stupéfiants aux États-Unis. Ce que Washington n'envisage pas, bien entendu.

S'adressant à la France, les membres des FARC les accusent de mettre sur pied des opérations humanitaires, à grand renfort de publicité, sans même demander l'autorisation de l'une des parties, celle qui détient les otages : la guérilla !

Elles rappellent aussi que la France est un pays de droite, dirigée par un gouvernement de droite, et qu'elle a toujours collaboré avec l'Espagne pour détruire le groupe combattant frère de l'ETA. Comment les FARC pourraient-elles avoir confiance en ce gouvernement, si c'est la France qui a offert le téléphone satellite qui a permis de localiser et puis d'assassiner leur commandant Raúl Reyes?

Le président de la République française, Nicolas Sarkozy, exhorte Manuel Marulanda à procéder à la libération immédiate de Ingrid Betancourt, sans aucune contrepartie ni garantie.

Toujours selon ce communiqué des FARC, la guérilla constate que le gouvernement français supplie Hugo Chavez d'intervenir pour la libération d'Ingrid Betancourt. C'est la seule chose sensée qu'il ait faite, puisque la gestion du président du Venezuela est la seule qui soit parvenue à créer le climat de confiance nécessaire à une libération d'otages.

Avant de préparer des hélicoptères ou des avions pour apporter des soins aux otages et préparer leur évacuation, le président Sarkozy devrait utiliser ses bonnes relations avec le gouvernement nord-américain, gouvernement qui finance et attise la guerre en Colombie, pour que ce dernier n'empêche plus le retour à la maison de tous les prisonniers politiques ou militaires au pouvoir des FARC ainsi que celui de ceux qui se trouvent dans les prisons du régime.

Voilà, je ne vais pas épiloguer sur ce communiqué aux accents d'un autre temps, une fois encore les FARC se présentent comme des victimes de bonne volonté, les méchants ce sont les autres : la Colombie, les États-Unis, la France et l'Espagne. Chacun se fera une opinion… Et pendant ce temps-là, les otages croupissent toujours dans les profondeurs obscures et humides de la forêt tropicale.