Oppression

Réalisateur : Farren Blackburn

Date de sortie : 30 novembre 2016

Pays : Canada, France

Genre : Thriller

Durée : 91 minutess

Budget : 10 millions de dollars

Casting : Naomi Watts (Dr.Mary Portman), Oliver Platt (Dr Wilson), Jacob Tremblay (Tom), Charlie Heaton (Steven)

 

Mary Portman, pédopsychiatre, a perdu son mari il y a 6 mois dans un terrible accident de voiture, depuis elle vit seule avec son beau-fils, seul rescapé du drame, dans une grande maison recluse dans une forêt de la Nouvelle Angleterre. Steven en a gardé un lourd handicap l’obligeant à rester dans un fauteuil, sans bouger, sans parler, un locked-in syndrome en quelque sorte qui pèse beaucoup sur le moral de sa belle-mère. L’un des jeunes patients de Mary, le petit Tom, disparaît mystérieusement alors qu’une tempête s’annonce, elle est bien décidée à le retrouver mais parallèlement à cela elle est sujette à des visions paranoïaques, des hallucinations inexpliquées. Oppression est un film entre deux genre, d’un côté le thriller et de l’autre l’horreur, sans jamais vraiment savoir où se situer.

Le scénario est classique, sans surprise, si bien que les habitués du genre se douteront de la fin dès le milieu du film, mais pour les autres, Oppression remplit son contrat sans briller. Le film souffre de nombreuses faiblesses et d’incohérences [spoiler] comment Steven en parfaite santé a-t-il pu tromper les diagnostiques et les examens des médecins pour rester un légume ? Pourquoi Mary, pédopsychiatre, ne comprend pas qu’elle doit aller dans le sens de Steven pour l’amadouer et le neutraliser plus facilement, une attitude qu’elle adopte 30 secondes pour repartir dans la confrontation ? Pourquoi diable n’a-t-elle pas mis Tom dans son cabinet, à l’abri de la folie meurtrière de Steven ? Et puis surtout pourquoi faire passer le petit par la lucarne de la cuisine, pour ensuite le reprendre et se cacher dans le placard à manteaux alors que la maison dispose de nombreuses fenêtres faciles à casser même si elles sont simplement bloquées par quelques vieux clous ? [spoiler]. Bref, une écriture faiblarde manquant de cohésion qui fait parfois rire ou s’étonner.

Du classique donc, sans originalité. Le réalisateur s’amuse à nous faire peur en jouant avec les codes de la maison isolée dans un coin peu accueillant, idéal pour « foutre les jetons ». Un isolement géographique mais également mental, cette femme vivant seule, fraîchement veuve, encore perturbée par l’accident, fatiguée du poids psychologique de son beau fils lourdement handicapé qu’elle souhaite placer, émotionnellement mouvementée par son jeune patient en qui elle revoit Steven plus jeune. L’horreur s’intensifie avec des bruits de pas, des grincements en pleine nuit comme si l’intérieur des murs et de l’entresol étaient habités par une quelconque créature, les visions et les délires cauchemardesques, la façon de filmer devenant de plus en plus étriquée au fur et à mesure que son état psychologique se détériore. A de nombreuses reprises, le film emprunte un schéma scénaristique proche de Shining, [spoiler] le moment où Mary est poursuivi par Stephen armé d’un marteau, cognant sur les murs à l’instar de la course poursuite entre Jack et Wendy se terminant dans un labyrinthe enneigé, là aussi ça aurait pu se terminer ainsi mais Steven est plus malin que Jack, il ne se fait pas avoir par les traces de pas laissées dans la neige. De plus, le docteur Wilson arrivant après un long trajet dans le but de la sauver, mourant bêtement en passant le pas de la porte est aussi utile que Dick transpercé par un coup de hache [spoiler]. Même si l’irrationnel s’insinue progressivement, le rationnel n’est jamais très loin et cette proximité est idéale pour nous livrer une réalité glaçante.

Quant aux acteurs ils sont peu nombreux et justes. Naomi Watts est toujours aussi brillante dans son rôle de belle mère mal dans sa peau et dans sa tête, Charlie Heaton incarnant Steven est impressionnant, de son visage sauvage se dégage une certaine instabilité, il parvient à faire passer des émotions et une rage sans dire un mot ou bouger, fixé dans son fauteuil. Oppression est l’occasion de retrouver le jeune Jacob Tremlay, encore dans une histoire de séquestration après Room, malheureusement il est peu présent et cela le dessert.  Les rôles secondaires sont utiles mais peu exploités pour mieux se concentrer sur les sentiments formés par ce trio phagocyté par un amour maternelle malsain. Au final, le film est trop long avec une durée et un rythme mal maîtrisé, à réserver aux amateurs du genre peu (demandeurs) ou les fans de Naomi Watts.

Irréprochable

Réalisateur : Sébastien Marnier

Date de sortie : 6 juillet 2016

Pays : France

Genre : Thriller

Durée : 103 minutes

Budget : 2,3 millions d’euros

Casting : Marina Foïs (Constance), Jérémie Elkaïm (Philippe), Joséphine Japy (Audrey), Benjamin Biolay (Gilles)

Constance a 40 ans, agent immobilier au chômage depuis 1 an, elle doit quitter Paris pour retourner chez elle en province. Une place vient de se libérer dans l’agence où elle a débuté plusieurs années auparavant. Toutefois, elle n’est pas seule sur le coup, une jeune fille nommée Audrey, la vingtaine, lui est préférée. Un vrai coup dur pour Constance qui est bien décidée à reprendre ce qui lui était du.

Irréprochable propose un scénario intéressant et prenant malgré des longueurs et des scènes dont l’intérêt reste négligeable. Toutefois, elles ont le mérite de montrer que l’existence de Constance est fade et sans saveur, le chômage occurre de nombreux moments d’ennui et de passe temps «étranges». On n’aura jamais vu autant de fois une personne nue sur du carrelage pour se refroidir et calmer son côté bordeline. La fraîcheur des carreaux comme soupape de décompression. Tout ce temps libre lui permet de fomenter sa vengeance, tranquillement, paisiblement, contre cette pauvre jeune fille qui est juste là au mauvais endroit, au mauvais moment. Tel un prédateur, elle tournoie autour de sa proie, se rapproche, joue la carte de la sympathie, prend contact avec elle, lui conseille de partir rejoindre son amour à Novgorod afin d’éviter le pire, abuse des mensonges, se permet de violer son intimité et de saborder ses bonnes intentions. Une forme de domination perverse se forme rapidement.

Quand on voit Irréprochable, il y a comme étrange impression, comme une influence provenant de Nicolas Winding Refn dans la mise en scène. Tout d’abord dans la façon de faire monter la tension tout en gardant une ambiance lente et angoissante, comme une cocotte minute prête à exploser clôturant les deux intrigues brutalement et sans ménagement. Un moment attendu, prévu, mais qui vu le rythme mollasson, semblait ne plus pouvoir arriver et pourtant! Ça c’est une force scénaristique. Ensuite sur la forme, que ce soit visuellement avec les plans, les cadrages et le choix des couleurs que musicalement avec des pistes electro froides, planantes et inquiétantes composées par le brillant trio parisien Zombi Zombi. Cela fait penser à Drive par moment. Une sensation renforcée quand Constance apparaît filmée de dos, cadrée sur les épaules, une démarche volontaire, troquant le bomber en satin blanc orné d’un scorpion jaune pour un sweat rouge et jaune. Chacun sa tenue de combat.

Le film apporte une certaine réflexion sur les femmes et leur âge. Constance donne l’étrange impression de se voir en Audrey, comme un miroir qui la ramène des années en arrière quand elle la princesse désirée de tous. Jeune, belle et compétente, la chance sourit à Audrey. La triste réalité c’est qu’à partir d’un certain âge, il devient plus difficile pour les femmes de retrouver un travail dans lequel l’apparence est un atout. Il aborde aussi la misère sociale, celle des employés diplômés et compétents qui, faute de travail, sont obligés d’être mobiles, de retourner vivre chez leurs parents à 40 ans, n’ayant que pour vivre le RSA et un profond sentiment d’échec.

Irréprochable est l’adjectif idéal pour décrire le  personnage de Constance. Complexe et travaillé, il remplit le film de sa présence. Rôle très sportif, Constance enchaîne les courses, les pompes, les abdos, son corps est musclé, une force physique qui pourrait s’allier à un esprit sain, rien n’est moins sûr. Dans son placard, il se cache de nombreux cadavres ainsi que des vieilles affaires de son adolescence. Que s’est-il réellement passé pour qu’elle ait eu une envie frénétique de partir de son patelin ? Pourquoi les personnes qu’elle retrouve après tant d’années d’absence font preuve de rancœur et de méfiance ? Constance est une fonceuse qui ne se remet jamais en question, capable de tous les excès jusqu’à en devenir une maniaque psychotique. [spoiler] C’est là une véritable bonne idée que de transformer cette pauvre victime en apparence, d’un hypothétique harcèlement, en une névrosée capable des extrêmes, devenant elle même une tyran [spoiler]. A côté de ce rôle solaire magnifiquement interprété par Marina Fois, gravite des personnages secondaires intéressants mais moins consistants. Benjamin Biolay est un gros obsédé sexuel libidineux et adultérin, Jeremie Elkaïm est peu expressif, il est bien difficile de savoir son degré de complicité envers Constance. Puis il y a Joséphine Jappy, espoir du cinéma français, qui est une rivale de faible ampleur pour Marina Foïs. On remarque que les hommes ont le mauvais rôle  entre Biolay ersatz de DSK et Elkaïm en amoureux lunaire, ce sont les femmes qui même la danse dans ce premier long encourageant pour le romancier Sebastien Marnier.

Money Monster

Réalisateur : Jodie Foster

Date de sortie : 12 mai 2016

Pays : USA

Genre : thriller

Durée : 98 minutes

Budget :

Casting : George Clooney (Lee Gates), Julia Roberts (Patty Fenn), Jack O’Connel (Kyle Budwell), Dominic West (Walt Camby)

Money Monster est un show télévisé animé par Lee Gates ayant pour but d’expliquer le monde de la finance, le jeu cruel des marchés boursiers, de donner des conseils afin d’investir sur ce qui marche et ce qui ne marche pas, bref rendre tous ces chiffres obscurs et mouvants moins opaques. Le tout dans une ambiance délurée combinant danses équivoques, paillettes, jingles et déhanchements de bimbos. En pleine émission, Kyle Budwell, un jeune un peu paumé, fait irruption sur le plateau, dans ses mains deux cartons et un pistolet. C’est une prise d’otage, l’agresseur a tout perdu à cause des conseils de Lee, ce fameux tuyau concernant les actions d’Ibis qui devait rapporter beaucoup d’argent aux investisseurs mais qui s’est finalement écroulé. Kyle est bien déterminer à savoir pourquoi. 

La quatrième réalisation de Jodie Foster est réussie, c’est bien écrit, certes il y a des facilités scénaristiques, mais c’est prenant, intéressant et satirique. Le film est une critique assez manichéenne de l’argent roi, du monde régit par des traders jouant avec les richesses d’autrui. Les maigres pécules amassés deviennent des données informatiques stockées dans des serveurs et traitées par des algorithmes pour que tout aille vite, très vite. L’argent ne doit pas dormir soi-disant, c’est pourtant bon de dormir. Dormir c’est quelque chose qui ne risque pas d’arriver au spectateur car le film est bien rythmé et change de ton au fur et à mesure. La crainte et la peur laisse place à une enquête non dénuée d’intérêt sur un placement présumé sûr et qui mystérieusement s’effondre, tout laisse à croire que le plantage, ce « couac », n’est pas seulement informatique mais qu’une « empreinte humaine » est responsable de tout cela. C’est dans cette phase très précise que tout semble trop facile, les rebondissements sont téléphonés, les interrogations trouvent leurs réponses trop rapidement, renvoyant les journalistes d’investigation dans les starting blocks. Les accusations sont portées contre les coupables sans avoir été étayées, argumentées, expliquées, mais comme c’est du cinéma, ça passe. La scène finale, sans la dévoiler, se veut hautement symbolique, prenant la forme d’un jugement dans un des temples sacrés de la finance, du capitalisme religieux et de ses apôtres en col blanc.

Quoiqu’il arrive, l’émission doit continuer, « the show must go on » comme dirait Céline, ce qui provoque un décalage assez drôle par rapport à l’événement. Kyle se voit affubler d’un micro pour que le son passe mieux et les caméras se placent pour qu’il soit dans le cadre, sans que cela fasse de l’ombre sur son visage. Manquerait plus qu’une maquilleuse vienne pour l’apprêter correctement. Money Monster est emmené par un trio d’acteurs performants. Julia Robert, quoiqu’un peu en retrait dans sa loge, campe une réalisatrice zélée habitée par un grand professionnalisme, elle sait diriger son immature de présentateur avec tact et délicatesse. George Clooney est l’homme sur qui tout repose. Au premier abord, hors de la réalité, désinvolte, prenant les choses à la légère, cultivant le bling bling et baignant dans le fric show, il se révèle beaucoup plus humain, plus concerné par le sort de ce pauvre Kyle, le prenant même en affection. Son personnage ressemble plus à ce qu’il est réellement, un homme engagé derrière des causes justes. Jack O’Connel, le preneur d’otage suscite une certaine méfiance quand il déboule armé, son accent prolo et ses gestes brusques comme ceux d’un drogué, mais finalement cela laisse place à de l’attachement, lui pauvre victime d’une vaste fraude qui le dépasse.

Money Monster est un film moderne, hanté par ses spectres : le terrorisme et la finance, miné par la course à l’audimat et des réseaux sociaux où, à l’instar de l’argent, tout va vite.

The Neon Demon

Réalisateur : Nicolas Winding Refn

Date de sortie : 8 juin 2016

Pays : USA, Danemark, France

Genre : Thriller, horreur

Durée : 117 minutes

Budget : 6 millions de dollars

Casting : Elle Fanning (Jesse), Karl Glusman (Dean), Jena Malone (Ruby), Belle Heathcote (Gigi), Abbey Lee (Sarah)

Jesse, 16 ans, débarque à Los Angeles dans le but de devenir mannequin. Ne possédant aucun autre talent hormis sa beauté, elle ne peut compter que sur cet atout naturel pour gagner sa vie. Mal lui en prend, le monde du mannequinat n’est pas un paradis, mais plutôt un monde sans pitié ou règne jalousie, mépris, hypocrisie et méfiance. Nicolas Winding Refn est devenue une marque. A l’instar d’un Yves Saint Laurent devenu YSL, il est devenu NWR et c’est ainsi qu’il signe son film. Un brin prétentieux car sa dernière réalisation, Only god forgives a été jugée très moyenne, louée par certains, détestée par d’autres. Ce Neon Demon est vu comme une nouvelle chance de séduire le public après le merveilleux Drive. 

La séduction opère mais le film reste toujours aussi peu conventionnel. NWR appose une empreinte artie, contemporaine voire expérimentale sur sa réalisation, à se demander si Neon Demon n’aurait pas eu une meilleure place dans une biennale que dans un cinéma. De nombreux détails laissent place à des interprétations complexes et symboliques, une petite explication sur un écriteau aurait été la bienvenue. Il doit y avoir des sens cachés dans de nombreuses scènes mais ils ne sont pas faciles à saisir, par exemple ce puma qui entre par effraction dans la chambre de motel de Jesse, qui au lieu d’être choquée, est fascinée par la bête. Idem avec la scène de menstruation abondante au clair de lune, il y a quelque chose d’érotico-gore lorgnant du côté du giallo. Il y a aussi une influence lynchienne, période Mulholland Drive, dans le fait de transformer la personnalité de Jesse suite à une scène incompréhensible, point de cube bleu, mais une longue introspection dans son esprit où des triangles bleus deviennent rouges et où des visages sur les différentes surfaces s’embrassent. A cela s’ajoute des dialogues posés et calmes apportant une certaine lenteur envoûtante et où les silences ont une importance.

Malgré ce côté alambiqué, le scénario du film est d’une grande simplicité mais ce n’est clairement pas ce que le réalisateur a voulu mettre en avant. Non clairement pas, ici ce qui se démarque c’est un esthétisme léché, une ambiance horrifique et déroutante. Parfois, on a l’impression d’une succession de saynètes où les personnages sont placés dans des salles, des lieux comme hors du temps et de l’espace, perdus dans une autre dimension. Il y a peu d’interactions avec le monde extérieur, tout est centré sur un seul endroit et entre les protagonistes en question. Les photos, les prises de vue et la façon de cadrer ses plans, tout est superbe, il n’y a pas à dire, c’est soigné et travaillé aussi bien sur le fond que sur la forme. Le réalisateur sublime et donne un sens aux images. Ses personnages sont bien plus que ça, ce sont des allégories. Elle Faning est l’innocence, la pureté, la naïveté, la jeunesse, un « diamant dans un tas de verre », projetée dans un monde cruel et barbare où vivent des filles filiformes vêtues de belles robes, recouvertes de maquillage, aspergées de parfums raffinés et nourries aux coupe-faim. Progressivement, elle devient l’objet de tous les désirs exaspérant les deux autres mannequins qui la côtoient, Sarah et Gigi, plus vieilles et dénaturées par de la chirurgie plastique. Désir professionnel pour le créateur de mode mais aussi désir sexuel pour les hommes et les femmes. Niveau musique, Cliff Martinez collabore une nouvelle fois avec le réalisateur danois, offrant des compositions collant parfaitement avec l’ambiance , quand le son et l’image sont en parfaite symbiose.

Nicolas Winding Refn avec Neon Demon revisite à sa façon le mythe de Narcisse. Le film est complexe et critique, il produit le même effet qu’une oeuvre d’art contemporain, on adore, on déteste ou on reste perplexe mais cela ne laisse pas indifférent.

Les 8 salopards

Réalisateur : Quentin Tarantino

Date de sortie : 6 janvier 2016

Pays : USA

Genre : Western

Durée : 168 minutes

Budget : 44 millions dollars

Casting : Samuel L.Jackson (Warren), Kurt Russel (John Ruth), Jennifer Jason Leigh (Daisy Domergue), Walton Goggins (Chris Mannix), Michael Madsen (Joe Cage), Tim Roth (Oswaldo Mobray), Demian Bichir (Bob), Bruce Dern (Général Sandy Smithers)

2016 avait bien commencé, un nouveau film signé QT sortait sur les écrans, deux initiales pour désigner l’enfant terrible (devenu adulte depuis) du cinéma US indépendant. Un western, encore un. Et pourtant, il revient de loin, car cette 8ème réalisation pour Quentin Tarantino a bien failli ne jamais voir le jour. En 2014, son scénario avait fuité sur la toile engendrant la colère et la déprime du metteur en scène, il avait dit stop ! L’histoire était digne d’un thriller, six hommes de confiance dont une balance qui a cafté. Heureusement, une lecture publique à Los Angeles avec les acteurs principaux plus un emballement médiatique et le film est finalement mis en boite. Prêt à être projeté, pour notre plus grand plaisir (ou pas)? 

Oh que oui ! Le film est un brillant western, Quentin Tarantino connait ce genre depuis son enfance et il le maîtrise à merveille. Sous influence des séries des années 1960 telles que Bonanza ou The hHgh Chaparral et des grands classiques du thriller tels que 12 hommes en colère ou La cordeil nous livre un huis clos haletant où pendant plus de deux heures tout est confus, un vrai jeu de dupes, de poker menteur, que s’est-il passé dans la mercerie de Minnie ? Qui est/sont le(s) complices de Daisy Domergue ? Qui ment ? L’endroit est une vraie poudrière où la moindre erreur pourrait mettre le feu aux poudres. Heureusement un deus ex machina est là pour apporter toutes les réponses aux questions que l’on se pose et rebattre toutes les cartes que nous avions en main.

Les 8 salopards est un pur film tarantinien avec tous les différents éléments qui font l’ADN de ses 7 précédentes oeuvres. Le découpage en chapitres, peuplés d’individus charismatiques et volubiles racontant des histoires essentielles pour l’ensemble de l’édifice, parfois rocambolesques et à la limite de l’incroyable, des dialogues bien construits, pensés et justes, tellement qu’ils ressemblent à des pièces de puzzles s’imbriquant les unes dans les autres. La violence et la vulgarité sont bien présentes, elles reproduisent l’ambiance inhospitalière que devait être le Far West. A tout cela se rajoute les fixettes sur des objets pourtant anodins mais qui deviennent des instruments d’obsession. Tout cela sur le ton de l’humour et nourrit des réflexions sur les choses de la vie.

En plus de soigner son scénario, il peaufine la forme. Les musiques sont magistrales, bien choisies, bien exploitées, elles insufflent un climat de tension. Des morceaux composés pour la première fois par Ennio Morricone, avant il s’agissait uniquement d’emprunts. Les musiques d’extérieur sont angoissantes, puissantes, comme ce blizzard qui s’abat et coince nos protagonistes dans ce refuge. Pour renforcer cette appartenance aux années 1960, période faste pour les westerns, Tarantino a choisi de tourner en Ultra Panavision 70 mm. Un concept abandonné depuis près de 50 ans, ce qui est dommage car il offre un format large et une image de bonne qualité aux détails plus nombreux.

Les 8 salopards est surtout une réunion exceptionnelle d’acteurs talentueux. Des interprètes en majorité habitués au réalisateur, des retrouvailles en sorte. Samuel L Jackson est flamboyant, verveux, plein de dynamisme malgré ses 67 ans. Vif d’esprit, c’est lui qui mène le film sur ses épaules. Dire cela ce serait oublier les autres comédiens tous très efficaces : Kurt Russel en chasseur de primes un peu benêt, Tim Roth en bourreau sophistiqué, Michael Madsen en cowboy sentimental, Walton Goggins en shérif raciste puis Demian Bichir, le troublant remplaçant mexicain de Minnie. Chapeau également à la touche de féminité dans ce monde de mâles, Jennifer Jason Leigh, criminelle, raciste elle aussi, jurant, crachant et faisant preuve d’une grande virilité. Elle ne se laisse pas marcher sur les pieds.

La nouvelle production de Quentin Tarantino est de nouvelle fois une réussite. Bien construite, bien pensée, prenante, saisissante, les 8 salopards savent persuader. Que des signes rassurants pour la prochaine adaptation prévue au théâtre.

Knock Knock

Réalisateur : Eli Roth

Date de sortie : 23 septembre 2015

Pays : USA – Chili

Genre : Thriller

Durée : 100 minutes

Budget : 3 millions de dollars

Casting : Keanu Reeves (Evan Webber), Lorenza Izzo (Genesis), Ana de Armas (Bel)

On avait connu Eli Roth grâce, ou à cause, cela dépend des goût, d’Hostel, son premier « succès » populaire. Très vite, sa filmographie s’est remplie de films du même genre, innovant peu, utilisant souvent des mêmes recettes, à quoi bon se creuser la tête quand la mayonnaise prend ? Peut être à devenir la caricature de soi même. Surprendre avec un film boucher où le sang gicle, les membres tombent, les bourreaux cruels et complètement vicelards, ça marche une fois mais au bout de la deuxième, ça peut devenir vomitif. Cette nouvelle réalisation est-elle un nouvelle fois un déluge de séquences absurdes mêlant le gore au pathétique ou bien a-t-il réussi à redresser la barre ? 

Alors que sa femme et ses deux enfants ont du s’absenter, Evan Webber, architecte de profession, reste seul chez lui. Le soir arrive, les orages et une pluie torrentielle également et avec eux deux charmantes jeunes filles. Bel et Genesis toquent à sa porte et lui demandent l’hospitalité, elles sont trempées et ne peuvent continuer leur chemin ainsi. Evan en homme serviable accepte leur requête, un geste qu’il va regretter amèrement.

Le film instaure une ambiance franchement malsaine et pouvant s’avérer dérangeante quand on est pas prévenu en amont. Mais c’est là tout l’enjeu d’Eli Roth quand il réalise ses films et partant de ce principe, Knock Knock est une réussite. En effet, on ne sait jamais qui est le plus coupable entre les deux filles et l’architecte. Est-ce elles qui l’aguichent sévèrement, prenant leur aise trop facilement, évoquant des sujets très intimes, se déshabillant, jouant les poils à gratter ou bien est-ce lui qui est trop faible pour les jeter dehors et finit par céder à leurs avances ? D’ailleurs Eli Roth manie bien les images et instaure le malaise lors de la scène d’adultère. Les 3 partenaires s’adonnent à une partie de jambes en l’air et la caméra scrute malignement les photos de famille. Un joli petit couple aimant, souriant, entouré avec ses enfants. Une vraie carte postale. Tout vole en éclat, le contraste est saisissant.

Le film est un huis clos angoissant construit comme une rengaine. Le premier soir passé, il parvient à s’en débarrasser pensant être tranquille, là encore il se trompe. Elles reviennent encore plus fort, encore plus folles. Si la veille l’humeur était plutôt à la rigolade, cette deuxième nuit est celle de la terreur psychologique et de la punition. Keanu Reeves est la pauvre victime des ces deux démons au visage d’ange. Là encore Eli Roth joue avec les contrastes. On se met alors à se souvenir de Funny Games, les versions autrichienne et américaine, toutes les deux réussies, auxquelles il serait ajouté un soupçon de nouvelles technologies et de réseaux sociaux, quoi de mieux pour salir une réputation que Facebook ou Twitter.

Le film se termine sur une morale contestable mais elle a le mérite d’expliquer l’attitude très étrange de ces deux tortionnaires en jupon. Eli Roth n’est pas tendre avec les sexes. La gente masculine, incarnée par un Keanu Reeves plutôt juste et crédible, hypocritement gorgée des meilleures intentions et prônant la fidélité, possède de nombreuses failles et succombe aux charmes de ces tentatrices de l’extrême. Lorenza Izzo et Ana de Armas, deux inconnues du grand public et pour cause avant de faire les bourrelles chez Eli Roth, elles ont simplement cachetonnées dans des petites productions hispanophones. Le rôle de la femme, bien que dominant, est ambigu, il semble montrer que pour réussir elle doit jouer de ses atouts. Il ne faut pas oublier l’autre aspect de la femme, celle qui est trompée, manipulée et sujette aux mensonges de son mari. Une image pas très flatteuse.

Boomerang

Réalisateur : François Favrat

Date de sortie : 23 septembre 2015

Pays : France

Genre : Drame

Durée : 101 minutes

Budget : 3,6 millions d’euros

 

Casting : Laurent Lafitte (Antoine), Mélanie Laurent (Agathe), Audrey Dana (Angèle)

 

 

Encore une adaptation de roman me direz vous et cela fait resurgir la sempiternelle question, les scénaristes du 7eme art sont-ils à ce point en panne d’inspiration pour pomper allègrement dans la littérature pour faire des films ? Quoiqu’il en soit, ce n’est pas un mal car cela permet des donner des idées de lecture pendant les vacances, ou bien pour s’amuser à faire des comparaisons, tout en faisant parfois de bons films. Boomerang se conforme à la règle.


Antoine est un quadragénaire en plein changement et en plein doute existentiel. Il se pose des questions sur son enfance depuis qu’il est tombé par hasard sur un livre ayant appartenu à sa mère. Une maman qui disparut tragiquement, une noyade banale comme ce fut raconté à l’époque, il y a 30 ans à Noirmoutier. Cependant pour Antoine, l’histoire n’est pas claire, de nombreuses zones d’ombre apparaissent dès que la thèse officielle est remise en question. Il va alors déterrer des secrets de famille profondément enfouis. 


Boomerang joue avec les thèmes classiques du thriller, secrets, mensonges, non-dits, un passé un peu trop subversif que l’on s’évertue à cacher, retournement de situation et quête de vérité. Rien d’extraordinaire certes, mais une grande efficacité comme un bon film hitchcockien. Le titre est idéalement trouvé, le passé revient tel un boomerang en peine figure et ça fait mal. La narration se fait comme pour son support d’origine, c’est à dire en chapitres. Cela est une bonne idée car l’intérêt que l’on peut porter à la quête d’Antoine s’en retrouve renforcé. 


Les indices accumulés un par un démontent progressivement cette vérité absolue prônée par les acteurs du drame. La famille, composée de personnes en qui on peut avoir pleinement confiance apparaissent comme des visages à craindre. François Favart parvient à instaurer ce climat de paranoïa. Ce moment où, par peur de ce que l’on peut trouver sur nos proches, on hésite à fermer les yeux. Peur de briser une relation pour une chose qui n’en vaut peut être pas la peine. Antoine persiste malgré tout et il a raison. On pourrait critiquer les allers retours incessants entre Noirmoutier et Paris, ayant tendance à saccader le rythme, toutefois ils se justifient grâce  au déroulement de l’enquête. Par de nombreux aspects, 
Boomerang souffre d’un fâcheux classicisme ne l’éloignant pas vraiment d’un bon téléfilm mais à mille lieues du chef d’oeuvre du 7ème art. Par exemple, la fameuse love-story, celle d’Antoine et Angèle, la charmante médecin légiste bretonne rencontrée au détour d’un séjour à Noirmoutier. Cependant elle évite la niaiserie. Bien plus que cela, Angèle est un vrai atout narratif, elle sert le personnage principal dans sa croisade. Le déterminisme d’Antoine à vouloir exorciser les fantômes du passé est boosté. 


Si Laurent Lafitte joue à merveille, justifiant ses galons accordés par la Comédie Française, le personnage d’Agathe interprété par Mélanie Laurent est fade et sans relief, sans aspérités, comme son attitude vis à vis de ce secret de famille dont elle se fout royalement. 
Boomerang, en plus de nous emmener dans un jeu des pistes, est teinté d’humour souvent noir.  La scène du réveillon de Noel va peut être rappeler des souvenirs à certains mais c’est avec une grande jouissance sadique que l’on assiste à une belle dispute et à un règlement de compte en bonne et due forme. 

 

 

GRAVITY : tout simplement une révolution cinématographique !

 

 

La Mostra de Venise  , le 28 août dernier, nous a surpris par sa décision d’ouvrir le festival avec Gravity (présenté hors-compétition), le dernier long métrage de SF du réalisateur mexicain Alfonso Cuaron, à qui nous devons (entre autres) l’excellent film d’anticipation « Les Fils de l’Homme ».

Non ce n’est pas seulement un simple film de SF, l’angoisse est tellement présente sur l’écran, nous aspirant littéralement dans cet espace si terrifiant avec cette impression de « flotter » avec les protagonistes de ce film.

 

L’élaboration d’une nouvelle technologie.

Afin de pouvoir rendre compte de la gravité « zéro », et d’optimiser l’équilibre entre le rendu visuel et la retranscription des émotions, les équipes de Gravity ont mis au point une nouvelle technologie totalement inédite. Pendant le tournage, Sandra Bullock raconte qu’elle était isolée dans un « cube » avec pour seul moyen de communication un dispositif d’oreillette, et un panel assez large de sons et de bruitages dans son casque, lui permettant de caler les émotions qu’elle devait exprimer avec le processus de tournage très mathématique.

Le « cube » était entouré de robots-caméras, et de robots assurant l’éclairage. Sur le reste du plateau étaient rassemblés une multitude de techniciens, tous campés derrière leurs ordinateurs sophistiqués. Le producteur du film, David Heyman, précise également qu’un autre robot fixé à un bras, nommé Isis, se déplaçait à toute vitesse pour s’arrêter à quelques centimètres à peine du visage de l’actrice.

James Cameron : Gravity est le meilleur film sur l’espace jamais réalisé.

« J’ai été abasourdi, absolument étonné. Je pense que l’espace n’a jamais été aussi bien filmé, et cela fait longtemps que je n’ai pas attendu un film avec autant d’impatience. Ce qui est intéressant, c’est la dimension humaine. Alfonso et Sandra Bullock ont travaillé ensemble pour créer un portrait absolument homogène d’une  femme se battant pour sa vie dans un milieu sans gravité ».

L’interview complète à Variety de James Cameron.

 

L’enthousiasme (quasi) général de la critique.

Le terme le plus employé pour qualifier Gravity : « un thriller de l’espace à s’en décrocher la mâchoire », « sans doute le film le plus réaliste et magnifiquement chorégraphié qui soit sur l’espace ».

L’histoire est somme tout simple mais elle parvient à nous scotcher sur notre fauteuil, oscillant avec le contraste extrême entre le calme de l’espace vide et l’arrivée abrupte de terribles menaces.

Le réalisme de la mise en scène, évitant de tomber dans les clichés traditionnels, ou les « Aliens » ou autres créatures s’emparent de l’écran, point de « masturbation » intellectuelle sur de quelconques réflexions métaphysiques. Un film viscéral, nous donnant des sueurs froides, le tout sublimé par une bande son fantastique de Steven Price qui ne fait qu’accroitre la tension extrême.

Loin du blockbuster hollywoodien classique, Gravity par son intimisme, un homme et une femme qui tente de faire face à un environnement pour le moins hostile,  réussit habilement à nous tenir en haleine. Le talent du réalisateur est à son summum, il nous entraine dans cette aventure spatiale avec une telle conviction que nous avons l’impression de flotter avec les protagonistes de ce film.

Le film sortira sur nos écrans le 23 octobre prochain. Si vous avez la possibilité, je vous conseille la version Imax, tout simplement stupéfiante et qui transcende encore plus l’angoisse qui en deveint quasiment palpable !

Le synopsis :

Pour sa première expédition à bord d’une navette spatiale, le docteur Ryan Stone (Sandra Bullock), brillante experte en ingénierie médicale, accompagne l’astronaute chevronné Matt Kowalski (George Clooney), qui effectue son dernier vol avant de prendre sa retraite.

Mais alors qu’il s’agit apparemment d’une banale sortie dans l’espace, une catastrophe se produit. Lorsque la navette est pulvérisée, Stone et Kowalski se retrouvent totalement seuls, livrés à eux-mêmes dans l’univers.

Le silence assourdissant autour d’eux leur indique qu’ils ont perdu tout contact avec la Terre, et la moindre chance d’être sauvés.

Peu à peu, ils cèdent à la panique, d’autant plus qu’à chaque respiration, ils consomment un peu plus les quelques réserves d’oxygène qu’il leur reste.

Mais c’est peut-être en s’enfonçant plus loin encore dans l’immensité terrifiante de l’espace qu’ils trouveront le moyen de rentrer sur Terre (…).

 

 

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SOURCES:

-IDMB

-Metronews

-Variety

-Metacritic

 

Le gardien de phare

Le gardien de phare, de Camilla Läckberg. Actes sud.


"Pour finir, la glace avait complètement recouvert la mer. Elle était arrivée tard cette année, il avait fallu attendre le mois de février. D’une certaine manière, la mer gelée donnait une sorte de liberté à Emelie."


 Résumé éditeur : 

"Dans ce septième volet de la série qui lui est consacrée, Erica est sur tous les fronts. Non contente de s occuper de ses bébés jumeaux, elle enquête sur l île de Gräskar dans l archipel de Fjällbacka, et s efforce de soutenir Anna, victime, à la fin de La Sirène, d un terrible accident de voiture aux conséquences dramatiques. Avec Le Gardien du phare, Camilla Läckberg poursuit avec brio la série policière la plus attachante du moment.

 Cette femme n’est autre que l’auteure la plus lue au monde, et elle revient avec un nouveau thriller complètement envoûtant. Je n’avais encore jamais ouvert un livre d’elle, mais je ne regrette pas d’avoir découvert et lu ce polar à la sauce thriller".

 

 L’histoire se résume par un crime qui semble ne pas s’expliquer. D’ailleurs, la victime, Mats, était apprécié de tout le monde. C’est à Patrick Hedström que revient la mission d’enquêter après un long congé maladie. La question est de savoir qui a bien pu assassiner cet homme d’une balle dans la tête ? 

 

 Un thriller de qualité saupoudré d’une pincée de surnaturel, un peu noir, mais pas trop, que je vous conseille de lire si vous aimez ce genre de livre. Alors Qui et Pourquoi ?

 

 A vrai dire, l’intrigue policière n’est pas innovante car certaines pistes sont assez faciles à deviner. D’ailleurs, plusieurs intrigues se télescopent entre les différents chapitres, pas toujours avec une grande réussite. Néanmoins, l’auteure réussit à retenir l’attention du lecteur jusqu’au bout en s’amusant sur deux tableaux en même temps : l’enquête policière, bien-sûr, et la vie quotidienne de ses personnages qui  restent attachants du début à la fin du livre. Rien que pour ça, on a envie de tourner les pages jusqu’à la dernière. Je pourrais malicieusement vous dévoiler la fin, mais ne comptez pas sur moi ! Je vous laisse le plaisir de le lire pour découvrir la réponse.

 Pour ma part, ce n’est pas mon préféré de Camilla Lackberg, mais cela reste tout de même un bon millésime ! Certains lecteurs m’ont confié ne pas avoir aimé ce livre, alors que d’autres l’ont adoré.

 

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The murderer : Le fugitif version coréenne

 Décidemment, pour ceux qui doutaient encore de l’étonnante vitalité du cinéma coréen, après le cultissime Old boy, le génial The Chaser ou encore le fantastique The Host, voici venir un thriller à la parfaite maitrise de bout en bout : The murderer.

Sorti en 2011 et réalisé par Na Hong-Jin, The murderer suit l’histoire de Gunam, un chauffeur de taxi qui mène une existence misérable au sein de la ville de Yanji, cité chinoise coincée entre la Corée du Nord et la Russie. Depuis plusieurs mois, il est sans nouvelle de son épouse qui est partie en Corée du Sud pour y trouver un emploi. Il décide alors de partir à sa recherche et à cette fin, il se voit proposer un marché avec un parrain local qui lui propose de l’aider à retrouver sa femme moyennant un simple service, celui d’assassiner quelqu’un. Bien entendu, rien ne se passera conformément aux plans.

The murderer confirme une énième fois à quel point les coréens n’ont absolument rien à envier aux superproductions hollywoodiennes. Le film démarre sur les chapeaux de roues et le moins que l’on puisse dire est que l’action ne faiblit pas jusqu’aux dernières minutes du film.

Ce qui me plait tant dans le cinéma coréen est cette absence totale de volonté de fournir systématiquement un happy-end où de vouloir nécessairement mettre en valeur les vertus de la nature humaine. Ici, chaque personnage a ses parts d’ombres, certains plus que d’autres et l’histoire prend une tournure dramatique tout à fait inattendue. En mettant en vedette un héros tout à fait ordinaire ayant à faire face à une situation qui le dépasse complètement, le film prend le spectateur à témoin et l’entraîne  dans ce tourbillon à emmerdes !

The murderer est le deuxième thriller du réalisateur Na Hong-Li que je regarde. Le premier était The Chaser, polar tout aussi maîtrisé dont on retrouve ici certains des traits. En visionnant ces deux œuvres, difficile de ne pas être frappé par la virtuosité de l’ensemble. Comment la Corée du Sud a-t-elle pu atteindre ce tel niveau de cinéma ? La réponse m’est inconnue mais une chose est sûre : Je suis devenu un fan inconditionnel de ce cinéma dont j’aime la démesure, l’absence de compromis et l’inventivité hors norme de certains de ses réalisateurs.

Signe de la fertilité du cinéma coréen, de plus en plus d’œuvres cinématographiques coréennes font actuellement l’objet de remakes américains dont le fameux Old Boy version U.S et réalisé par Spike Lee devrait sortir dans les prochains mois.

Vous l’aurez compris, The murderer est un film à découvrir absolument. Sombre, très sombre, au rythme effréné de bout en bout et porté par une interprétation d’une justesse implacable, The murderer est le pendant asiatique d’un autre monument du thriller au cinéma, le fameux fugitif (interprété à l’époque par Harrison Ford) tout en y apportant ses éléments propres.

Thriller, fantastique, horreur, action…. Il y a décidemment fort à parier que le cinéma coréen a encore de beaux jours devant lui tant que ses productions se situeront à ce haut degré d’excellence. Le cinéma français aurait bien besoin d’en prendre de la graine….