Knock Knock

Réalisateur : Eli Roth

Date de sortie : 23 septembre 2015

Pays : USA – Chili

Genre : Thriller

Durée : 100 minutes

Budget : 3 millions de dollars

Casting : Keanu Reeves (Evan Webber), Lorenza Izzo (Genesis), Ana de Armas (Bel)

On avait connu Eli Roth grâce, ou à cause, cela dépend des goût, d’Hostel, son premier « succès » populaire. Très vite, sa filmographie s’est remplie de films du même genre, innovant peu, utilisant souvent des mêmes recettes, à quoi bon se creuser la tête quand la mayonnaise prend ? Peut être à devenir la caricature de soi même. Surprendre avec un film boucher où le sang gicle, les membres tombent, les bourreaux cruels et complètement vicelards, ça marche une fois mais au bout de la deuxième, ça peut devenir vomitif. Cette nouvelle réalisation est-elle un nouvelle fois un déluge de séquences absurdes mêlant le gore au pathétique ou bien a-t-il réussi à redresser la barre ? 

Alors que sa femme et ses deux enfants ont du s’absenter, Evan Webber, architecte de profession, reste seul chez lui. Le soir arrive, les orages et une pluie torrentielle également et avec eux deux charmantes jeunes filles. Bel et Genesis toquent à sa porte et lui demandent l’hospitalité, elles sont trempées et ne peuvent continuer leur chemin ainsi. Evan en homme serviable accepte leur requête, un geste qu’il va regretter amèrement.

Le film instaure une ambiance franchement malsaine et pouvant s’avérer dérangeante quand on est pas prévenu en amont. Mais c’est là tout l’enjeu d’Eli Roth quand il réalise ses films et partant de ce principe, Knock Knock est une réussite. En effet, on ne sait jamais qui est le plus coupable entre les deux filles et l’architecte. Est-ce elles qui l’aguichent sévèrement, prenant leur aise trop facilement, évoquant des sujets très intimes, se déshabillant, jouant les poils à gratter ou bien est-ce lui qui est trop faible pour les jeter dehors et finit par céder à leurs avances ? D’ailleurs Eli Roth manie bien les images et instaure le malaise lors de la scène d’adultère. Les 3 partenaires s’adonnent à une partie de jambes en l’air et la caméra scrute malignement les photos de famille. Un joli petit couple aimant, souriant, entouré avec ses enfants. Une vraie carte postale. Tout vole en éclat, le contraste est saisissant.

Le film est un huis clos angoissant construit comme une rengaine. Le premier soir passé, il parvient à s’en débarrasser pensant être tranquille, là encore il se trompe. Elles reviennent encore plus fort, encore plus folles. Si la veille l’humeur était plutôt à la rigolade, cette deuxième nuit est celle de la terreur psychologique et de la punition. Keanu Reeves est la pauvre victime des ces deux démons au visage d’ange. Là encore Eli Roth joue avec les contrastes. On se met alors à se souvenir de Funny Games, les versions autrichienne et américaine, toutes les deux réussies, auxquelles il serait ajouté un soupçon de nouvelles technologies et de réseaux sociaux, quoi de mieux pour salir une réputation que Facebook ou Twitter.

Le film se termine sur une morale contestable mais elle a le mérite d’expliquer l’attitude très étrange de ces deux tortionnaires en jupon. Eli Roth n’est pas tendre avec les sexes. La gente masculine, incarnée par un Keanu Reeves plutôt juste et crédible, hypocritement gorgée des meilleures intentions et prônant la fidélité, possède de nombreuses failles et succombe aux charmes de ces tentatrices de l’extrême. Lorenza Izzo et Ana de Armas, deux inconnues du grand public et pour cause avant de faire les bourrelles chez Eli Roth, elles ont simplement cachetonnées dans des petites productions hispanophones. Le rôle de la femme, bien que dominant, est ambigu, il semble montrer que pour réussir elle doit jouer de ses atouts. Il ne faut pas oublier l’autre aspect de la femme, celle qui est trompée, manipulée et sujette aux mensonges de son mari. Une image pas très flatteuse.

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