Dr Strange

Réalisateur : Scott Derrickson

Date de sortie : 26 octobre 201

Pays : USA

Genre : Action, super héros

Durée : 115 minutes

Budget : 170 millions de dollars

Casting : Benedicte Cumberbatch (Stephen Strange), Chiwetel Ejiofor (Karl Mordo), Tilda Swinton (l’Ancien), Mads Mikkelsen (Kaecilius), Rachel McAdams (Christine Palmer)

Stephen Strange est un neurochirurgien de génie, un artiste des opérations, un virtuose du bistouri, le pro pour lire le radio et un orfèvre des points de sutures. Bien évidemment, un si grand talent a forgé un ego surdimensionné. Il est comme ça le docteur Strange, il pense que tout lui est du et aime rabaisser les autres. Il chute de son piédestal après un terrible accident de voiture qui lui coûte ses outils principaux : ses mains. Devenues de vulgaire bout de chair recouverts de cicatrices et tenant grâce à des tiges en fer. Souhaitant retrouver l’usage des ses mains et multipliant les vaines tentatives scientifiques pour y parvenir, désespéré, il en vient à partir au Népal pour tenter une expérience dépassant l’entendement.

Le scénario est simple mais efficace cachant une lecture plus poussée à qui veut le percevoir. On peut juste y trouver une histoire basique, la naissance d’un héros, des péripéties et une victoire contre le grand méchant, ou bien on peut creuser, y voir des réflexions sur la science, l’orgueil, les sciences occultes, le devoir, le sacrifice et le bonheur. Des thèmes chers aux bandes dessinées américaines. Le film marque l’apparition du mysticisme dans Marvel Cinematic Universe. Ici, point d’ennemi physique, des grosse explosion et d’invasion extraterrestre, juste une dimension à protéger par les Sorciers disséminés aux 4 coins du globe, pendant ésotériques des Avengers. Le déroulement est assez classique, un homme odieux est contraint par la force des choses à changer, perdre ses vices, savoir dire pardon, perdre pour mieux vaincre ses démons et sauver le monde par la même occasion. De plus, on rejoint encore un sujet bien redondant où de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités, se résigner à avoir une vie privée pour servir l’intérêt général et la justice. Cette origin story est une quête initiatique faite de souffrances et de longues heures de lecture de manuscrits anciens dans un temple népalais perdu dans les ruelles de Kathmandu. Le rythme est assez mal géré, si le début est assez mou, sans jamais être ennuyeux, une fois l’entrainement du Docteur lancé tout semble aller vite, trop vite, il s’adapte bien trop rapidement à ce nouveau monde. Comme une locomotive, une fois démarrer rien ne l’arrête et l’histoire est captivante.

L’ensorcellement est aidé par un esthétisme et une ambiance sonore soignés. Les images en mettent plein la vue, les immeubles se déforment, tournent sur eux-même, la réalité n’a plus cours et la gravité est déjouée. Tandis que certains marchent sur les murs, d’autres glissent sur le sols, Toutes les scènes de ce genre sont remarquables, il n’y avait pas eu aussi vertigineux depuis Inception et les montages photos déstabilisants du photographe Jean François Rauzier (un véritable maître de l’image à découvrir si vous ne connaissez pas). A cela s’ajoute des effets spéciaux convaincants, les symboles ésotériques, les pouvoirs et autres portails menant vers des lieux éloignés sont travaillés et d’une élégante finesse. Toutefois les délires colorés, les voyages mentaux et les dérives de la sorte laissent pantois, comme un bad trip après une surdose de drogue. Pour finir ce point visuel, les costumes, chose importante quand il est question de super héros, sont bien réalisés, dignes du comic. La cape rouge dotée de sa propre volonté habille de bien belle manière Benedicte Cumberbatch.

Si avant les films de super héros étaient boudés par les acteurs de renom, aujourd’hui c’est tout le contraire. De plus en plus de noms prestigieux se bousculent pour occuper une place dans le casting. Il faut dire que les millions de spectateurs et les chiffres mirobolants du box-office ont de quoi attirer même les plus grandes célébrités. Nous avons ici une belle illustration de cette tendance : Benedicte Cumberbatch, Mads Mikkelsen, Tilda Swinton et Rachel McAdams. Preuve d’un casting réussi, Benedicte Cumberbatch incarne parfaitement le docteur. Proche d’un Holmes, sûr de son talent, arrogant, méprisant, rejetant l’aide des autres, sa performance est maîtrisée. Rachel McAdams apporte une touche d’humour et de légèreté appréciée, elle est une alliée bien utile et une amante fidèle. Même si Mads Mikkelsen incarne cette vile force brute combinée à une souplesse de ninja, on ne le voit pas assez et le personnage n’est pas bien développé. Il aurait été intéressant de le creuser un peu plus. Pour finir avec Tilda Swinton dans son rôle d’Ancien, il est ambigu et là encore, ça manque d’aboutissement.

Au delà du film, il y a de multiples réflexions. Tout d’abord, une confrontation entre la médecine occidentale corrompue par l’argent et le profit, basée sur des données cartésiennes, ne laissant pas de place au hasard, contre une médecine plus traditionnelle, millénaire, parallèle voire chimérique et obscure pour ceux qui ne sont pas initiés. Les cas désespérés, ceux dont les dégâts semblent irréversibles y trouvent une solution. Ensuite, sur le temps, il y a de multiples références, la montre de Claire, l’oeil d’Agamotto dans lequel réside la pierre d’infinité du Temps, les boucles temporelles qui se révèlent être des pièges, la quête de la vie éternelle de Kaecilius ou l’étrange longévité de l’Ancien. Ce qui amène à la frontière très poreuse entre le Bien et le Mal, celle démontrant que le monde n’est pas si manichéen, tout dépend de quel côté on se situe et du contexte. Pour résumé, Doctor Strange est une belle présentation du personnage, rythmée et intelligente, faisant parfois l’impasse sur certains points, mais qui donne envie de le retrouver dans de nouvelles aventures. Petit conseil, restez jusqu’à la fin car il n’y a pas une seule scène post générique, mais bien deux.