Après Charlie, Edwy tiendra bon sans faire son Ramadan

Edwy, Edwy, tiens bon, même lapidé tel le protomartyr Étienne. Exhortation inutile : Edwy Plenel en a vu d’autres que la dernière couverture de Charlie Hebdo, exploitée par la fachosphère pour dénoncer les réelles accointances et la présumée connivence de Mediapart avec Tariq Ramadan et l’islamisme. 

Accointance (acquaintance) n’est pas connivence. Oui, Edwy Plenel, de Mediapart, a eu à connaître de l’islamisme et de Tariq Ramadan, son chantre. Il ne s’en est jamais fait le diacre. Que lui reproche-t-on ? D’avoir participé à deux débats publics avec Tariq Ramadan et certes pas d’avoir publié dans Mediapart, en 2016, une enquête – en cinq volets – peu amène sur ce personnage. Absolument pas d’avoir laissé Mediapart titrer « Deux plaintes pour viol visent Tariq Ramadan » le 28 octobre dernier. Or voici le caricaturiste Coco signant la couverture du Charlie Hebdo daté du 8 novembre campant trois Plenel en singes de la sagesse ne voyant, entendant ou disant le « Mal ». Paradoxe puisqu’il lui est reproché d’avoir vu, entendu et dit l’islamisme. Mais pas tout à fait comme je le conçois et dénonce. La conception (plus sans doute l’expression) du vivre ensemble de Plenel avec les musulmans de France est une option soutenable mais à mon sens intenable. Enfin, crois-je, car l’actuelle position de Plenel sur la question s’est peut-être infléchie et j’en ignore tout, donc la tait faute de vision et d’accointance. Tout n’est pas non plus à jeter dans l’approche de Plenel au sujet des musulmans.

Fausses connivences

N’appelons pas confraternité ce furtif instinct grégaire des journalistes à faire bloc avec l’une ou l’un des leurs. Par « journaliste », je n’entends pas la Caroline Fourest éditorialiste, et plus un Zemmour, même si ce dernier, peut-être comme Coco, dessinateur de presse, reste titulaire d’une carte professionnelle. Mais Edwy Plenel reste un journaliste, tout comme tant d’autres aux analyses fortement opposées. Les caricaturistes, tout comme les éditorialistes, portent une double casquette. J’ai entretenu de rares rapports « amicaux » (donc, ici, aimables et de copinage occasionnel) avec Cabu et Siné, caricaturistes et parfois journalistes. Depuis son éviction de Charlie, Siné n’avait plus d’amitié pour Cabu, mais ne lui déniait pas la dénomination de confrère. Depuis que Plenel s’est fourvoyé dans le traitement de l’enquête de Denis Robert (affaire Clearstream), je ne lui porte plus tout à fait la même estime. Il n’en demeure pas moins un remarquable professionnel. Mais je ne vais pas non plus lapider Coco comme Plenel peut l’être par la fachosphère, jubilant de voir cette « révélatrice » (d’autres diraient « délatrice ») couverture de Charlie. Révélatrice, mais de quoi ? Nulle nouveauté : Plenel est vilipendé d’aussi longue date qu’un de Villepin depuis l’affaire Clearstream bis. De quelles intentions ? Allez deviner…

Un furtif instinct grégaire me porte à la conciliation. La gent journalistique est dite grégaire. Mais si, durablement, l’un ou l’autre sombraient dans l’indéfendable, je serai disposé à leur jeter la première pierre. Je « suis » à la fois Charlie Hebdo et (surtout) Siné Mensuel.  Avec les fessiers entre trois tabourets, dont l’un, le plus stable, est la défense et illustration de la liberté de la presse, satirique incluse. Sauf si la presse se fourvoie, par exemple, dans le racisme ou l’antisémitisme qui peut viser, entre autres, un Tariq Ramadan. Lequel est un sémite ayant peut-être des ascendances ethniques juives, berbères, phéniciennes, hellènes, méditerranéennes, gauloises même, &c. J’exècre Tariq Ramadan pour ses dires, principalement (quant à ses faits et gestes, ce n’est pas « secondaire », mais non – ici – le propos). Non pour ses origines, familiales ou autres. Edwy Plenel considère qu’il faut porter attention aux islamistes mais il est faux, abusif, de soutenir que Mediapart s’en fait la caisse de résonance complaisante. Tout comme il est absolument erroné, dès lors, d’affirmer qu’Edwy Plenel n’a rien voulu dire, entendre ou voir de « l’affaire Ramadan », soit des accusations de viol le visant. D’ailleurs, savoir, en presse généraliste, ne s’entend pas tel que communément ; on ne « sait » que lorsque l’on peut fermement établir.

bonne mesure

En matière de presse d’informations dites générales, le dosage de la bonne mesure est diablement délicat. En presse satirique, des débordements sont inévitables. Une caricature est très fréquemment outrancière. Tout comme Didier Hanne, pour Slate, je déplore cette couverture de Charlie.  De là à estimer que Coco, donc Charlie, ait sciemment cherché à consolider le pilori que la fachosphère réserve à Plenel, il y a un pas (que Didier Hanne peut sembler esquisser sans reposer le pied). Il y a pourtant erreur, et même faute : la légende. Se contenter d’un on ne savait pas ? (sans guillemets, sans « Mediapart révèle »), pouvait « passer encore », avec guilles de distanciation, même si le résultat (la réception et l’exploitation par la fachosphère) aurait sans doute été identique. Titrer « Affaire Ramadan : ce qui attend Plenel », même si l’attente n’était plus d’actualité, suffisait. Mais cette faute, cette infraction est-elle délictuelle, voire criminogène ? Je présume que la rédaction de Charlie a estimé qu’un Plenel avait le râble plus cornu qu’un Salengro (Roger, suicidé car diffamé). Ce qui est sûr, c’est qu’Edwy Plenel ne va pas aller brandir un cimeterre dans les locaux de Charlie et faire tomber des têtes.  Alors même que cette couverture est encore plus « bête et méchante » que celles campant Mahomet. Ben, voui, l’héritier d’Hara Kiri reste bête et méchant. On peut l’être, tout comme on peut rire de tout, mais hélas pas avec tout le monde. Condamnons certes, voire infligeons avec un peu plus de sévérité que Le Canard enchaîné quand l’un des siens se plante (Eh, Coco, c’est ta tournée), mais restons Charlie (et par là-même, aussi Siné – mensuel).

et mauvaise démesure

Il y avait, naguère, un titre récurrent jusqu’à l’insupportable, décliné à l’envie, surtout en presse régionale : on a même rencontré des … heureux (calque du titre de la vf du film Skupplajaci perja dont les acteurs étaient des Tziganes). Même Siné a dû rencontrer un CRS ni hideux, ni hargneux ou cruel, sans pour autant jamais atténuer le trait de ses divers policiers. Blâmons Coco, « ce petit », en lui souhaitant d’aller loin, mais surtout pas trop de nouveau (« comprend qui veut, ou qui peut », chantait Lapointe, Boby). Avec Coco, factuellement, Charlie est allé trop loin. Contrairement à un billet livré à la limite du tombage de copie, survolé par un sec’ de rédac’, une couv’ est en quelque sorte, pré (et post) méditée Mais une caricature se doit-elle de rester factuelle ? Lors du délibéré, en conscience, interrogeons-nous : ne serait-il pas abusif de faire de Coco le Siné de sa chronique sur Jean Sarkozy (2 juillet 2008) ? Mauvais procès d’antiplenelisme ? Les avis seront partagés, et en sus d’avoir les fessiers entre trois tabourets, ma raison balance. Allez, je m’en lave les mains : non-lieu et simple rappel à l’ordre. Mais en récidive : no pasara !  À moins que Plenel ne s’enferre en Ramadan, Tariq (cela ne risque guère), gageons qu’on n’y reprendra plus Coco ou Charlie. Tenez bon, tous deux, Coco et Edwy.

Utile contre-feu ?

En sus, même s’il est opportun de relever cet impair de Charlie, on ne va pas, j’espère, s’enfumer les unes et les autres en pétitions et tribunes pour l’un et contre l’autre (et vice versa). La planète a d’autres problèmes, les tribunaux croulent sous les dossiers, et même si le débat sur la licence caricaturale vaut d’être poursuivi, ne rabâchons pas. Pisser (de la copie) dans des violons (la majorité des destinataires s’en contrefichent) bouffe de l’électricité ou du papier, des encres pas autant recyclables qu’affirmé, &c. La bonne mesure est parfois de tout voir, tout entendre, mais point trop n’en faut dire. Et pourtant : de Nadia Aissaoui à Michelle Zancarini-Fournel, ils et elles se sont retrouvés plus de cent au port de Mediapart. Qui serait victime d’une attaque « diffamatoire », « haineuse », « inique ». C’est tout ? Pas odieuse, abjecte, exécrable, &c. ? Pas de complicité objective de Charlie avec la fachosphère ? Nombre des mêmes « furent », sinon restent, Charlie.  Parmi les signataires, je rencontre même des Tziganes – les Romanes– offusqués (voir supra, simple coïncidence). Que Charlie ait servi de relance à cette fachosphère dans son entreprise de délation d’Edwy Plenel se constate. Mediapart est de longue date le « chiffon vert » d’un large éventail droitier. Non sans raison parfois. Car par exemple, Jade Lindgaard, de Mediapart, peut tenir des propos sur l’islamisme confinant à la connivence sous couvert d’accointance. Ou, du moins, pouvant être perçus pour tels. Marianne, autant que Charlie, relayerait une campagne diffamatoire, inique, voire antimusulmane ? Tous compagnons de route de l’islamophobie ? Laquelle équivaudrait absolument au racisme antisémitique (amalgamant Levantins, Kurdes, Juifs, Gnaouas, &c.) ? N’imputons absolument pas aux signataires, surtout si nous les connaissons fort peu ou pas du tout, de telles intentions. Cette couverture est détestable, oui, mais « haineuse » ? Émanant d’individus haineux ? Le choix d’un tel mot, ou son acceptation, notamment de la part d’universitaires capables de peser le poids d’un vocable, peut sembler déplorable. Espérons que nous n’aurons pas à déplorer de contre-pétition suscitant des répliques, voire des saisies de tribunaux…

Siné Mensuel consacre un second hors-série à son fondateur

Le 25 mai en kiosques et assimilés, Siné Mensuel publie un hors-série nº 5 intitulé « Siné, toujours mort de rire ». 40 pages d’hommage décapant.

Je ne sais plus trop combien de contributions j’ai pu consacrer à Maurice Sinet, dit Siné, ici, sur Come4News (cherchez, ou voir par exemple cela) ou ailleurs (par exemple, là). M’enfin, comme aurait dit Franquin, une recherche Google remonte 553 résultats en associant son pseudo et mon patronyme… Je n’étais pas un grand admirateur de Siné avant de le rencontrer à Angers, devant le tribunal de grande instance et un escadron de gendarmes mobiles à l’occasion d’un procès d’affichage sauvage satirique qui fit date, circa 1970. Bon, je ne vais pas radoter, vous retrouverez peut-être… Plus récemment, tout est relatif, je le retrouvais parfois lors des séances de dédicaces d’Étienne Liebig à La Musardine, un fois en comité de rédac’ du mensuel (ou de l’hebdo ?), et je ne sais plus où jusqu’au lieu de sa dernière demeure (magnifique sépulcre, non point magnificent, mais ô combien remarquable, car insolite, en dépit de ses discrètes dimensions).

Dékonne vacharde

Autant Siné était affable et discret, autant ses œuvres (quelques chats inclus) étaient vachardes et même tonitruantes. En voici rassemblées, sur 40 pages, sélectionnées à travers une production d’un demi-siècle – sur davantage, car en 2009 paraissait un Siné, 60 ans de dessins (Hoëbeke éd) – en raison de leur actualité. Utopiste, généreux, toujours du côté des opprimés, bouffeur de curés, ironiste iconoclaste, Siné n’avait pas que le trait pour le rire comme d’autres ont le mot pour dire. Sa patte était parfois grinçante, rageuse, féroce, et en tout cas le plus souvent impétueuse, même si mûrement réfléchie. Sa prose, que l’on retrouve en « mini-zone » sur le site du mensuel, était fréquemment acerbe (sauf, par exemple, pour évoquer le chanteur Renaud en dépit de ses égarements). Décédé le 5 mai 2016, Siné conservera à jamais, ce hors-série l’atteste, sa vitalité. Allez, je ne vais pas tirer à ligne sur la sienne, plutôt charnue bien que fort claire, comme on dit en BD. Simplement dire, que, avant-hier encore, un Liégeois chroniquait son Journal pré-posthume (Le Cherche midi éd.). Parmi une foultitude de « sine die » ou « qua non » et quelques « Sine Saloum », j’ai retrouvé cela en rubrique actualités de Google.

Personnage historique, ¡si!

Je ne sais s’il se savait pour homonyme un acronyme (Sine, Sistema National de Emprego), lui qui illustra Les Offres d’emploi, de Jean-Louis Coals, paru en 1978, et s’employa pratiquement jusqu’à son dernier souffle à faire vivre son mensuel qui lui survit. Le Figaro et L’Obs, parmi tant et tant d’autres, se sont fendus d’articles au lendemain de son décès, dont l’un – devinez dans lequel des deux – de l’ami Denis Robert, qu’on retrouva plus tard dans Les Inrocks. Depuis son enterrement en fanfare, plus grand’ chose (en nombre), mais quelques pépites de qualité (je pense à cet entretien de Catherine Sinet pour L’Humanité, par exemple). Mais je vous fiche mon billet qu’il aura la postérité d’un Daumier. Plus ample, par exemple, que celle d’un Jean-Louis Forain (†1931, qui signait Forain), pourtant comblé d’honneurs (commandeur, président, académicien, &c.), dont j’ai encore le Doux Pays (189 dessins de presse, Plon éd., 1897), encore çà et là évoqué. Forain était anti-Dreyfus, et se montrait parfois un talentueux Déroulède au crayon et au son des canons. Forain s’était parfois aveuglé, ou simplement trompé, sur son époque. Siné, pratiquement jamais, enfin, que je sache ou me souvienne. Cela peut, à titre d’exception, se discuter : il n’était pas tout à fait contre la force de frappe nucléaire française, en 1960, ce qui peut prêter à controverse. Je ne sais en revanche si des extraits de son Dico illustré, ou des dessins de Le Déshonneur est sauf (sur « les événements » d’Algérie), figureront un jour dans les manuels scolaires. Il me semble (on me contredira, j’espère, avec une référence antérieure) que son premier opus fut Complaintes sans paroles de Siné avec d’horribles détails et une préface de Marcel Aymé (1956, Pauvert, année où Siné reçu le Prix de l’humour noir). Eh, une époque, où on faisait « chiant » dans Le Monde, qui s’affranchissait des titres courts, non encore imposés. Ami de Genet, aussi de Bouteflika, de l’écrivain argentin Ezequiel Martinez Estrada (dont il illustra El verdadero cuento del tio Sam), de tant de musiciens, écrivains, artistes, cinéastes, &c., Siné restera encore longtemps à découvrir autrement que par ses crobars. Immense chantier… Pour l’instant, ne passez pas à côté de cet hors-série qui ne sera vraisemblablement pas tiré de nouveau…

Siné mensuel nº54 : un numéro de transition…

Ce nº54 de Siné mensuel, daté juin 2016, donne l’impression de prolonger le hors-série nº4, déjà consacré à rendre l’hommage qu’il se devait à Siné. Un nouveau « collector » donc ? Pas seulement…

Bonne idée en une : faire du point rouge l’accent aigu du é de Siné… Pas mal du tout, la pleine page de Tardi (celle de Willem, plus « artistique », et colorée, est très bien aussi). Cela fait très numéro de collection…  Peut-être même un peu trop…

Tardi_Sine_493Cela doit être générationnel : la marrade, parfait, mais ce qui fait pour moi l’intérêt de Siné mensuel, c’est le contenu rédactionnel. Et avec ce numéro 54, du contenu, il en est, notamment dans un cahier central (neuf pages, dix avec la planche de Lindingre) constitué uniquement d’hommages à Bob Siné. Hommages bienvenus, même si redondants pour celles et ceux qui ont assisté, pas trop loin de la sono, à l’enterrement de Siné, ou qui consultent le site et son courrier de lecteurs. Ce n’était pas en soi une mauvaise idée, mais je ne saurais dire si le défunt fondateur aurait validé le choix de la police, de sa force de corps, et du généreux interlignage. D’autant que, par-ci, par-là, dans le reste de la pagination, des illustrateurs en remettent une couche (plus digeste).

Cette remarque ne vise pas à relativiser, encore moins minorer le talent de Siné, la portée de sa vie, de son œuvre et de ses antérieurs et postérieur. D’ailleurs, tout comme Le Canard enchaîné perpétue la mémoire de Cabu, la rédaction pioche dans les archives personnelles de la famille et remplace la « Zone » par une pleine page de crobars qui font (ou refont) salutaire plaisir à voir. Fort bien. Longue vie à son œuvre, à sa mémoire.

Mais quand on sort un hors-série deux semaines avant la parution du numéro de juin, lequel coûte 5,50 euros, une seconde commémoration, bienvenue, mais quelque peu volumineuse, un tantinet réchauffée, eh… Sauf que j’ai au moins pu apprendre le détail de l’action pataphysique de Siné, un temps Régent de Sciences morales et politiques & d’atrocités comparées, par ailleurs Sommipète, Premier Protodataire aulique de la rogation, Grand Fécial consort et même Gonfanonier de la Susception transséante. Je suggérerai même Séantenant à cru munificent…

Qui fréquente les salons du Livre, et tchatche entre auteurs et éditeurs, sait fort bien que, pour un ouvrage de x pages (essai, roman… pour les bouquins techniques, scolaires, &c., c’est différent), il existe, aussi en fonction du papier, de la reliure, et de tas d’autres considérations, un prix dit psychologique. Pour un 132 pages format poche tiré en numérique, lors de la dernière décennie, c’était aux alentours de huit euros. À présent, on peut tabler pas trop loin de douze (si possible, quelques dizaines de cents de moins).

Pour la presse, c’est similaire. Certes, bien peu peuvent se permettre, à l’instar du Canard dont le prix est un poil inférieur à son équivalent antérieur en francs, à présent, de conserver un prix dit populaire. France Soir l’avait tenté…  et n’a pu tenir. Le Parisien-Aujourd’hui a franchi le seul de l’euro.

Mon kiosquier parisien, pourtant fort bien situé, en convient : il pourrait vendre, peut-être, au moins quatre exemplaires de Siné mensuel ; il n’en prend que deux, envoie au-delà la clientèle chez les collègues fort peu éloignés s’il les vend, mais en restera là : c’est trop cher pour écouler sans risque davantage.

En accroche de couv’, outre l’hommage, deux titres. Celui d’une difficile enquête de Léa Gasquet sur les « bavures » policières lors des dernières manifs, et les chiffres parfaitement flous communiqués par le ministère de l’Intérieur à la presse, ne portant que sur le nombre des policiers blessés (on comprend qu’une simple écorchure fait un blessé numéroté). Celui de l’entretien collectif avec Caroline de Haas. C’est sympa, enlevé, elle balance des trucs pas trop rosses sur Unetelle ou Untel, plus vachards sur Emmanuelle Cosse ou Taubira, constate que Méluche est franchement mégalo-parano sur les bords, &c. Beaucoup ont fait les mêmes constats sans elle et j’en retiens surtout son appréciation de l’évolution du féminisme.

Si vous avez l’occasion de comparer avec l’entretien qu’Emmanuel Todd a donné à Atlantico, vous admettrez sans doute que le dessin de Tardi l’aurait parfaitement illustré. Nuançant fortement la portée de son label qualifiant le PS (« fascisme rose »), Todd décrit la dérive socialiste du mandat représentatif vers le mandat « jemenfoutiste » (des préoccupations réelles d’un électorat dont la composition bascule : géographiquement, en termes de tranches d’âges et de revenus…). Ses considérations sur la démographie européenne valent d’être prises en compte. Tentez d’aller voir…

Plus intéressant (que l’entretien avec Haas, primesautier, récréatif), dans Siné mensuel, une approche de la fachosphère 2.0 (sur les réseaux sociaux) et de son ménage avec le FN. Un dossier aussi, assez effarant, sur l’état de la recherche et la condition de la plupart des universitaires (dont de nombreux très précaires) tentant de la poursuivre.

Retour sur l’implantation des nouveaux compteurs d’ERDF avec Blandine Flipo. C’est peu dire que ce compteur Linky 2 suscite des réticences.

Le correspondant en Grèce (Yannis Youlontas) dresse un état des lieux de son pays. La cote de sympathie de Syriza et de Tsipras est désormais comparable à celle du PS français et du couple Valls-Hollande… Michel Warschawski, en Israël, évoque les réticences de Tsahal à se laisser transformer en « milice fasciste dirigée par l’extrême-droite nationaliste ».

Spécial copinage : Philippe Lespinasse donne un coup de projecteur sur Melvin Way, un artiste dit brut, qui fait l’objet d’une exposition à la galerie Klein & (Christian) Berst, passage des Gravilliers à Paris.

Entre autres choses (chroniques littéraires, cinématographiques, celle de Berruyer, &c.), Étienne Liebig nous donne à réfléchir sur le mot « haplologie ». Ex. : chat pitre ou chat luthier… Ne pas confondre avec son quasi-synonyme, l’hapaxépie (qui ne consiste pas à lorgner en catimini sur, par exemple, des seins que l’on ne saurait voir ; soit l’appatépie, devenue au fil du temps et de la chute du niveau de l’enseignement des liaisons, l’appazépie).  Littréhalement vôtre, como siempre.

Siné Mensuel 19 : cela tangue avec Tankzzz

Râââh, lovely! Ce n’est pas au sommaire du numéro 19 de Siné Mensuel, mais dans la fameuse « zone de Siné » (accès libre sur le site) et sur les pages ouaibe d’une certaine Mathilde « Tanxxx » A, vraiment très sûre d’elle-même.
Dans la mesure où Siné nous met en garde : « attention, chers confrères, nous avons réchauffé une vipère en notre sein ! », convient-il bien d’orthographier correctement le pseudo de Mathilde A., au risque de lui faire de la publicité ? La Tanxxx aboie, la caravane… Laissons du temps à la Tanxxx. Belle « bête » en tout cas, qui évoque l’agaçant caparaçonné parasite d’un coche de La Fontaine : Tankzzz lui conviendrait tout aussi bien.

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Sine mensuel 18 : le droit du travail detricote

Ouh là, le père Sinet (Siné) ne va pas fort. On lui souhaite que ses péripéties médicales vont lui permettre de retrouver son logis, sinon debout, du moins en fauteuil. Ce qui n’empêche pas que Siné Mensuel nº 18 affiche un copieux sommaire. Avec notamment un « grand entretien » avec Gérard Filoche, ex-inspecteur du Travail : où comment l’accord national interprofessionnel a fait la part très belle au Medef avec 54 reculs du droit du travail constatés à ce jour.

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Patriar-chat (de Siné) et amour senestre : pour lire le DSK de Iacub

Or donc, le Nouvel Observateur devra se fendre d’une publication judiciaire en couverture, les éditions Stock d’un insert dans les exemplaires de Belle et bête, de Marcela Iacub. Un livre qui fait des vagues, notamment à Libération où la société des rédactrices et rédacteurs se demande en substance si le quotidien n’a pas embrayé sur un coup médiatique. Écume des choses. Tiens, plutôt de se satisfaire d’un encart et et d’une mise en garde, et si Dominique Strauss-Kahn consacrait ses 75 000 euros de dommages et intérêts à la promotion de Dis papa, c’était quoi le patriarcat ?, d’Anne Larue aux éds iXe, et de L’Amour à gauche, d’Anne Alter et Perrine Cherchève (éds de La Martinière) ?     

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Sine Mensuel 15 : spécial médecines douces ?

Un poil racoleur, le dossier central de ce Siné Mensuel nº 15, consacré au cannabis médicinal. J’avais collaboré (vaguement : je ne me souviens même plus du sujet traité) au défunt Éléphant rose, du regretté Gérard Jubert, tous deux prématurément décédés (carrément assassiné judiciairement pour le premier). Lequel Gérard rappelait que « quand le café et le chocolat sont arrivés en France, il y a eu un tollé monstrueux ». Chocolate ! Tel est l’euphémisme employé à Barcelone par les vendeurs à la sauvette. Or donc, voici Siné Mensuel, 32 ans après les propositions Mitterrand de « dépénalisation de l’usage des drogues douces », qui en remet une couche. J’aurais préféré un dossier spécial « petites culottes », mais bon, va pour la couche de fumées en volutes.

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Sine Mensuel 14 : Sine se lâche et ne nous lâche pas

Billet foutraque, mais le sujet y porte. D’abord parce que je ne jouis pas du confort de mon unité centrale sous Windows 7, de mes deux écrans, et que je saisis sous Windows 8 (je vous en reparlerai) sur un portable et dans une position incommode pour les poignets.  Mais j’ai un peu honte de bâcler alors que Bob Sinet, dit Siné, rédige depuis un lit d’hôpital. Il n’a jamais tant alimenté le site de Siné Mensuel, lequel, pour son numéro 14, s’orne en couverture d’un autoportrait de son fondateur. Ensuite, d’où je suis, impossible de mettre la main sur le numéro qui sortira demain et n’arrivera que beaucoup plus tard icitte (s’il y parvient jamais). Divagations à propos d’extraits du sommaire.

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Bob Siné (Siné Mensuel) bientôt inhumé !

Chaque premier mardi soir du mois, je m’efforce de vous faire part du sommaire de Siné Mensuel. Ce mois, ce fut raté pour des raisons « indépendantes de la volonté de la rédaction » (on va dire comme cela). Allais-je tourner la page, honteux de faire dans le réchauffé ? C’était limite. Mais l’actualité m’offre l’occasion de me raccrocher aux branches… du cactus de la stèle du fondateur, le caricaturiste Bob Siné, au cimetière de Montmartre à Paris.

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La Licra, cire-bottes des Sarkozy ?

Comparaison n’est pas raison. Mais on ne peut s’empêcher de mettre en regard l’acharnement de l’ex-association prônant la fraternité entre les peuples, devenue l’actuelle Licra, contre le dessinateur Siné, et la singulière mansuétude dont bénéficie un propagandiste papiste congolais, vivant clandestinement en France depuis quatre ans.

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