Les larmes du peuple sont les armes du pouvoir

Depuis 2011, un grand mouvement  est en route en Afrique et dans le monde entier. C’est un mouvement qui apporte un changement qui bouleverse l’ordre établi. Le peuple est poussé à défier l’établissement spirituel qui lui est imposé.

Le 11 février 2012

– Nath : Allo Khadi ?

– Khadi : Nath ? Désolée de ne pas t’avoir répondu hier, mais au moment de le faire : coupure de courant. Ça recommence et ça ne va pas arranger les choses avec les tensions que connait le pays. Je reste positive et espère que ça aille mieux ici. Le pays ne mérite pas de se noyer dans le sang.

– Nath : Ah bon ? Ça ne se calme pas ?

– Khadi : Il  y a eu des morts. Regarde sur ce site : http://www.seneweb.com

– Nath : Noooooon !

– Khadi : je te jure. Je prie pour que ça ne dégénère pas plus…

– Nath : Qu’est-ce qu’il s’est passé avec Mamadou Diop ?

– Khadi : c’est un jeune étudiant qui est mort écrasé par le camion de police. Alors les étudiants sont sortis partout dans les rues. Je l’ai échappé belle, car j’étais dans ma voiture quand ça a commencé. J’ai vite fait demi-tour et me suis enfermée au bureau.

– Nath : Et tu crois que la police a fait exprès ?

– Khadi : Oui. Je t’explique comment fonctionne le Sénégal. Le peuple et l’état sont influencés par les marabouts.

– Nath : Ça commence mal… S’ils jettent des sorts à tous ceux qui sont contre eux, glaglagla !

– Khadi : Tant que les marabouts n’ont pas décidé quelque chose, rien ne se passe et si les marabouts demandent au président de partir, il partira.

– Nath.: Et ils n’ont pas de sagesse ces marabouts ?

– Khadi : Même pas le choix de négocier. Même moi je ne comprends pas. Mais le chef des mourides a demandé le respect de la décision du conseil constitutionnel.

– Nath : Donc même le président et ses acolytes ont peur des marabouts à cause des "sorts" qu’ils pourraient leur jeter ? C’est ça en gros ?

– Khadi : Pas par rapport aux sorts, mais ils ont le pouvoir au pays, c’est une tradition ici. Un sénégalais musulman écoute plus son marabout que ses parents ou même son coran ou le prophète.

– Nath : Mourides c’est une tribu ?

– Khadi : Oui, il y a les mourides et les tidjanes et ils sont très puissants. Tous les deux sont musulmans, mais sont deux ethnies différentes. Chacun privilégie quelque chose. Ce sont des chefs religieux qui ont un grand poids et une très grande influence sur le peuple et le pouvoir également.

– Nath : Les premiers privilégient le prophète et les deuxièmes sont un peu comme les animistes ?

– Khadi : Tous les deux reconnaissent le prophète mais expliquent à leurs manières la religion, style sunnites et chiites

– Nath : Et donc pour en revenir au Sénégal, c’est à cause d’un problème de religion que la politique dérive…

– Khadi : Non. On attend justement le verdict des religieux pour se statuer. C’est le peuple qui est fatigué du pouvoir de Wade, le président, qui est âgé de 86 ans…

– Nath : Oh la vache, il devrait être à la retraite celui-là !

– Khadi : Eh bien oui. Mais il refuse d’autant plus qu’il n’a rien fait pour son peuple. Au contraire le pays va de plus en plus mal. Donc il est temps qu’il passe la main.

– Nath : Donc en clair le problème c’est quoi ? Il veut se représenter aux élections ?

– Khadi : Le vrai problème est qu’il a déjà fait deux mandants de 5 ans, donc il n’a pas le droit à un autre. Mais comme le texte de la constitution a changé il considère qu’il n’a fait qu’un seul mandat et donc veut se représenter.

 

Le 19 février 2012

– Khadi : Nath, la situation se dégrade chez nous.

– Nath : Oooh qu’est-ce qu’il se passe ?

– Khadi : Apparemment la police perd les moyens face aux manifestants.

– Nath : Qui a raison selon toi, la police ou les manifestants ?

– Khadi : Le peuple ma belle. Je viens de recevoir un sms, les militaires sont en état d’alerte.

– Nath : Nooooooooon !

– Khadi : Je te jure le pays est en état d’ingérence entière.

– Nath : Qu’est-ce qu’il va se passer selon toi ?

– Khadi : Deux choix : le président se retire ou ça va tourner comme en côte d’ivoire (CI)

– Nath : Si le président réfléchi 2 minutes, il va bien se douter que ça risque de mal se finir comme dans les autres pays. Il ne va quand même pas rester !

– Khadi : Tu parles, tu as vu ce que Gbagbo a fait de la CI ?

– Nath : Et bien le peuple doit voter pour quelqu’un d’autre !

– Khadi : Mais bella, il y a des manigances dans les votes. Il y a Obasanjo qui est arrivé pour faire la médiation.

– Nath : C’est qui celui-là ? Le sage du pays ?

– Khadi : Non l’ex président de Nigéria. C’est le même qui a fait la médiation en CI.

– Nath : Ah c’est donc quelqu’un de bien. Et il a réussi en CI ? C’est lui qui a fait que ça s’est calmé ?

– Khadi : Non. Mais c’est le devoir de la CEDEAO (Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest ) de réagir en cas de crise et d’envoyer un médiateur avant que les forces extérieures ne réagissent.

– Nath : Ben oui sinon la France et les États-Unis vont encore s’en mêler et ça va être le bordel !

– Khadi : Moi je ne sais pas ce que le France attend. Il y a 300 militaires, ils devraient sortir et interdire le gars de se présenter. Car le résultat sera celui- là au cas où ça ne se calme pas. Non bella, eux seuls sont capables de ramener le calme.

– Nath : La France n’a pas bonne réputation. Tu as vu avec la Lybie ? Les français vont finir par se faire haïr de tous les africains.

– Khadi : en CI, ça leur a pris une semaine pour tout finir.

– Nath : Oui mais combien de mort pour "sauver un peuple" ?

– Khadi : Je ne pense pas, ce sont les cons qui penseront ainsi. Je ne sais pas précisément, mais en outre des morts, c’est l’économie qui est complétement handicapée. On ne sait pas quand bosser, on passe le temps à fermer et ouvrir. Comment faire pour payer les échéances et crédits ?

– Nath : Pourtant le Sénégal était un pays tranquille.

– Khadi : La France a des intérêts ici, économiquement et même politiquement. Il y a beaucoup de boites françaises ici qui rapportent beaucoup d’argents à l’Afrique comme les impôts à la France. Et puis la situation stratégique du Sénégal, par rapport à d’autres pays de l’Afrique, comme la position géographique qui permet les échanges économiques. Il y a des sociétés d’assurances, de sucres, de médicaments, des banques, comme la Société Générale, le Crédit Lyonnais, Axa, etc.

– Nath : Ok, je vais écrire un article pour parler de tout ça.

– Khadi : Parle aussi de la modification de la constitution et du fait que le président Wade a intégré le vote des militaires, chose qui n’existe nulle part ailleurs dans le monde.

– Nath : Ca fait quoi que les militaires aient le droit de voter ? Ils font partis du peuple aussi.

– Khadi : Oui, mais normalement les militaires ne votent pas.

– Nath : Je ne savais pas. Parce qu’automatiquement ils risquent de voter pour ceux qui les payent…

– Khadi : Car ils travaillent pour le gouvernement et peuvent être obligés de voter pour quelqu’un… Précise aussi l’étonnement du retard et leur réaction.

– Nath : Ah oui ? C’est-à-dire ?

– Khadi : Pourquoi ils ne réagissent pas encore ? Il y a eu des meurtres et des blessés, qu’attendent-ils pour intervenir ? Sachant bien que le sénégalais est musulman pratiquant et paisible. Ce n’est pas normal. Exemple, hier le ministre de l’intérieur était dans la ville des tidjanes, le porte-parole du khalif (le grand chef religieux) a demandé au peuple de se calmer, les gars ne voulaient rien entendre, il a fallu envoyer un hélico pour le sortir.

 

La réhabilitation de la dignité du sénégalais et de l’africain en général devient plus que nécessaire.

L’africain veut se redécouvrir, le peuple du monde entier veut se redécouvrir et aller en quête du savoir essentiel et non pas  suivre sans réfléchir une dictature dont les gouvernements les abreuvent à longueur de journée dans une inégalité qui va grandissante.

Pourquoi devrait-on attendre qu’il y ait des centaines voire des milliers de morts pour agir et aider la population réprimé par un pouvoir aussi abusif ?

Selon Me Ousmane Ngom, ministre de l’intérieur du Sénégal, une bavure regrettable a été commise, la religion a été mélangé avec la politique et là fut l’erreur commise. Il regrette que cet incident puisse être exploité à des fins politiques. Il dit qu’il ne faut pas confondre ces deux axes qui s’exercent différemment. Quel que soit les bords sur lequel on se trouve, les chefs religieux doivent prêcher des valeurs positives afin d’avoir un peuple imbu de valeurs positives.

Sources :

–                http://www.seneweb.com/

–   http://www.dakaractu.com/Nouvelle-video-des-policiers-tirant-a-bout-portant-sur-les-partisans-d-Ibrahima-Fall_a13936.html

–                Et bien sûr, mon amie Khadi, sans qui cet article n’aurait pas vu le jour.