Le chômage augmente, mais la responsabilité est loin de n’être que celle de l’Etat

les entreprises en ont une grosse part.

 

Lorsque je travaillais, je visitais des entreprises dans lesquelles j’envisageais de donner du travail. Pour une commande, il faut s’assurer de l’état financier de l’entreprise, de ses capacités industrielles, du staff technique, et du climat social. De nombreuses fois je fus stupéfait de constater la vétusté de certaines d’entre-elles accusant un retard industriel important, tant sur les machines, que sur les locaux rappelant les années d’après guerre. Ces entreprises n’avaient pas investit, elles vivaient sur un potentiel obsolète, et leur patron, près de sa retraite, ne voulait plus s’investir. Il avait fait son temps. Bien que cela fasse plus de deux décennies, je crois que de nombreuses PME, PMI sont encore dans ce schéma, les technologies modernes coûtent cher.

Lorsque l’on écoute les émissions politiques on apprend que des patrons préfèrent le capital au potentiel productif, beaucoup boursicotent. Ils réagissent aussi comme la plupart des Français devant la conjoncture internationale, ils font des économies. On ne peut les blâmer, mais nombreux sont ceux qui, bien avant la crise, préféraient le capital aux moyens de production.

L’industrie française souffre donc d’un fort sous investissement industriel. La cause la plus souvent invoquée sont les faibles taux de marges, et les difficultés du crédit bancaire. Selon la Banque Européenne d’Investissement, BEI, la France et l’Irlande seraient les deux pays d’Europe qui auraient le moins consacré à leur outil industriel entre 1.995 et 2.002. Rapporté au PIB, il serait de 5 % contre plus de 8 % pour la Belgique et l’Italie. Selon Arnaud Montebourg, les marges écrabouillées se sont traduites par un vieillissement des installations et une perte de compétitivité. Les années Sarkozy furent un vrai désastre sur ce plan.

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Voir «Mon livre l’élection présidentielle», la vente à l’unité est permise à partir du 13 février.

L’article du Monde.fr qui cite ce fait, indique que la France comptait en 2013, 33. 000 robots industriels dans ses usines, contre 58. 600 en Italie et 165. 800 en Allemagne, le pays de la mécanique. Cet écart s’accroitrait par rapport à l’Allemagne puisque seulement 2.900 robots furent installés en France en 2.013 contre six fois plus en Allemagne.

La France ne présenterait aucun signe de redressement, les commandes de machines-outils et autres équipements de production seraient reparties à la baisse depuis la mi-2.012. Elles ont chuté de 25 % en 2.013, estime le Syndicat des entreprises de technologies de production, Symop, tandis que pour les industriels japonais les commandes sont, elles, à leur plus haut niveau depuis cinq ans.

Le graphique Symop ci-dessous montre une forte chute de l’investissement au moment de la crise 2.008-2.009, puis une remontée jusqu’en 2.012 pour une chute ensuite à l’arrivée socialiste. Elle produit les mêmes effets en 2.013 que ceux de l’année Mitterrand en 1.983. Les entreprises resserrent les cordons de leur bourse à l’arrivée des socialistes aux commandes.

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La baisse de l’investissement sur 2.013, attendue à -7 % selon l’enquête INSEE, se traduira par une nette régression de la demande domestique en équipements de production, -25 % sur un an. En chute depuis mai 2.012, elle semble se stabiliser sur les derniers mois comme en témoigne la tendance exprimée par la moyenne. Les commandes reprennent un peu d’ampleur, en hausse de 6 % par rapport au mois précédent. Tous les segments couverts par l’indicateur enregistrent une légère amélioration qui se confirme sur décembre.

On voit ainsi la peur du patronat à l’arrivée des socialistes d’autant plus que François Hollande, dans son discours du Bourget, déclara que la finance est son pire ennemi. Phrase qui l’a condamné avant même qu’il exerce son mandat, alors qu’il n’a fait que de déclarer son soutien aux entreprises. Ce fut donc une faute énorme de ne pas s’expliciter qu’il combattait la finance de la spéculation, mais pas celle de l’investissement. Ce flou nous a fait très mal.

Selon l’Observatoire de l’investissement réalisé par la Société Trendéo le tissu industriel français reste en effet soumis à rude épreuve. Après une forte accélération en 2.012, + 42 %, le rythme des fermetures d’usines a légèrement ralenti à 263 en 2.013 contre 267 l’année précédente. En revanche, le solde annuel s’est sensiblement dégradé pour tomber à – 139, en raison d’une baisse de 28 % des créations de sites depuis janvier 2.013, à 124 unités. Pour 20 usines qui ferment, il y en a 9 qui s’ouvrent. «La France a enregistré l’an dernier le plus faible nombre de créations d’usines depuis janvier 2.009», selon les Échos.

La raison de cette chute serait des carnets de commande insuffisamment remplis confrontés à des surcapacités de production en Europe, les industriels Français freinent sur leurs investissements pour renforcer leurs marges. Selon l’INSEE, ils anticiperaient encore un recul de leurs dépenses d’investissement en 2.014 qui devrait être de 2 % après une baisse de 7 % l’an dernier.

Pour la première fois depuis 2.009, le nombre de postes de R&D supprimés en France pourrait excéder le nombre d’emplois créés par cette activité, selon le rapport exclusif de Trendeo pour Industrie & Technologies. Le solde net d’emplois en 2.012 était de 2.557 en R&D, de 1.025 en 2.011, de 5.497 en 2.010 et de 2.625 en 2.009, il est négatif de 91 emplois en 2.013 !

De 2.009 à 2.013, les activités de R&D ont créé 25. 444 emplois, soit 3,3% du total des emplois créés recensés. Sur la période 2.009-2.013, 80% de ces emplois furent créés par le secteur privé, et 20% par le public. Dans les créations du secteur privé, l’industrie manufacturière et l’énergie ont représenté près de 62% des créations d’emplois. Dans le même temps, 137 fermetures de sites ou réductions d’effectifs dans des centres de R&D ont supprimé 13. 830 emplois.

Malgré cela, une étude de l’INSEE du département de la conjoncture sur l’investissement repartira-t-il en 2.014 ?, nous indique que la reprise semble s’amorcer dans la zone euro, mais qu’en France cela dépendra notamment de l’évolution de l’investissement des entreprises, sic. En France, il a toutefois diminué en 2.013 pour la deuxième année consécutive, -1,8 %, après -1,9 % en 2.012. Cela tiendrait à la baisse du taux de marge des entreprises depuis 2.008, et du resserrement du crédit bancaire, elles n’auraient plus les moyens d’investir. Mais l’étude dit que les entreprises seraient quand même en mesure de satisfaire la demande avec les capacités installées, qui sont peu sollicitées !

L’étude fait ressortir que depuis 2.008 l’investissement suit les seules évolutions de la demande malgré la baisse du taux de marge, resserrement des conditions de crédit, incertitude sur les perspectives d’activité à moyen terme, elles avaient été compensés par des facteurs favorables tels que la faiblesse des coûts de financement et, à un moindre degré, les mesures de soutien à l’investissement prises depuis 2.008, suppression de la taxe professionnelle, extension du crédit d’impôt recherche, soutien de la trésorerie des entreprises au pic de la crise, médiation du crédit.

L’étude fait ressortir, aussi, que les entreprises en France connurent depuis le début des années 2.000 une évolution favorable comparée à celle des autres économies européennes. En Allemagne, au Royaume-Uni, en Italie, en Espagne, le taux d’investissement, rapporté à la valeur ajoutée, est aujourd’hui entre 2 et 7,5 points inférieur à son niveau de 2.000, alors qu’il est au même niveau en France. La conclusion du rapport pour 2.014 indique que le scénario le plus probable semble être que l’investissement des entreprises françaises repartira mais à un rythme voisin de celui du PIB.

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