Le comics Sonic a fait les beaux jours de l’éditeur Archie pendant de nombreuses années, puis a tiré sa révérence. Mais les aventures de la mascotte de SEGA ne sont pas terminées : après avoir trouvé un nouvel éditeur, la nouvelle BD du hérisson bleu est disponible depuis peu chez nous, en version française, grâce à Mana Books. Voyons ce que vaut le tome 1. Continuer la lecture de « Sonic : avis sur le nouveau comics »
Étiquette : critique
Quand le Manga réinvente les Grands Classique de la Peinture – Avis
Dans un monde de plus en plus connecté, il semble paradoxal de constater que l’art traditionnel occupe une place de plus en plus importante. Dans les publicités, dans les jeux vidéo et ailleurs, on voit régulièrement des œuvres d’art anciennes ou contemporaines. Je vais donc vous parler d’un livre qui veut revisiter de grands tableaux façon manga. Continuer la lecture de « Quand le Manga réinvente les Grands Classique de la Peinture – Avis »
Avis Fallout 4 Imaginer l’Apocalypse (Artbook)
Depuis le 4 janvier 2018, les fans français de Fallout 4 peuvent se procurer l’artbook officiel en français du jeu. Une bonne initiative qu’on doit une fois de plus au tout récent label Mana Books. Cet ouvrage est-il à la hauteur ? La réponse un peu plus bas. Continuer la lecture de « Avis Fallout 4 Imaginer l’Apocalypse (Artbook) »
Tirer les rois avec Pikachu !
Comme chaque année, les galettes des rois arrivent bien avant Noël pour des raisons assez obscures. Cette année, ce sont les Pokémon qui dégainent les premiers ! Continuer la lecture de « Tirer les rois avec Pikachu ! »
Avis : Silent Hill Rédemption – nouveau comics officiel
Le nouveau label Mana Books vient de sortir ses premiers livres sur les jeux vidéo. J’ai eu la chance de mettre la main sur le premier tome du nouveau comics Silent Hill Rédemption. Adapter le célèbre jeu d’horror survival de Konami en BD est-il chose aisée ? Venez vite le découvrir ! Continuer la lecture de « Avis : Silent Hill Rédemption – nouveau comics officiel »
Jeux Vidéo Magazine Junior et son Lego City exclusif
Le numéro d’avril-mai-juin de Jeux Vidéo Magazine Junior pourrait bien intéresser aussi bien les enfants que leurs parents. Venez vite découvrir pourquoi ! Continuer la lecture de « Jeux Vidéo Magazine Junior et son Lego City exclusif »
Five
Réalisateur : Igor Gotesman
Date de sortie : 30 mars 2016
Pays : France
Genre : Comédie
Durée : 102 minutes
Budget : 5,9 millions d’euros
Casting : Pierre Niney (Samuel), François Civil (Timothée), Igor Gotesman (Vadim), Margot Bacilhon (Julia), Idrissa Henrot (Nestor), Pascal Demolon (le milliardaire)
5 amis unis comme les cinq doigts de la main, une comparaison simpliste illustrant bien leur inséparabilité. Une fusion qui les pousse, depuis fort longtemps, à vouloir vivre en colocation. Heureusement Samuel a un plan, un bel appartement cossu, sol en parquet, haut de plafond, où chacun lui donnerait 500€ et il s’occuperait du reste avec l’argent que lui donne son père pour ses études de médecine. Une combine qui fonctionne du moment que le paternel croit à cette mascarade. Vient le jour où la vérité éclate, Samuel voit ses revenus coupés à la racine. Les problèmes commencent mais surtout comment l’annoncer à ses amis ?
Five est un film de jeunes, fait par des jeunes et pour les jeunes. Une vraie ode à l’amitié à laquelle on peut s’identifier si notre âge est compris entre 20 et 30 ans. Le considérer comme un film générationnel ne serait pas un abus, il a tous les critères pour le devenir. C’est frais, pétillant, potache par moment, vulgaire par d’autres, on rigole devant et derrière l’écran. Cette joyeuse bande se connaît et cela se sent. Une forme de syncrétisme se fait entre eux mais également avec les spectateurs. Une équipe qui roule mais pas que, c’est aussi une histoire de réussite. Five était à la base un court métrage d’Igor Gotesman avec François Civil, des belles rencontres plus tard ont fait grandir le bébé en un beau et long film. François Civil est le trait d’union entre le réalisateur polyvalent et Pierre Niney, l’atout marketing de la bande. Tous deux ont fait rire les adeptes de Canal + avec leurs castings loufoques, imaginatifs et parfois absurdes.
Le canevas de Five est de montrer jusqu’où on peut aller par amitié, un pitch de base ouvert et propice à de nombreuses fanfaronnades. Toutefois, le film est inégal dans le traitement de ces personnages. Cela aurait du s’intituler : « Samuel et ses amis » car c’est vraiment lui qui porte l’histoire sur ces épaules et fait avancer le schmilblick. Toutes les situations cocasses, les embrouilles, les emmerdes sont issues de ses maladresses et de ses mensonges. Samuel aime plaire, voir ses amis lui sourire, voir le regard de ses interlocuteurs pétiller, faire preuve d’optimisme pour feindre une réalité moins agréable à grands coups de "yeppa"! Un traitement déséquilibré donc, car à côté du brillant Pierre Niney, aussi bon dans le drame que dans la comédie, le seul qui s’illustre réellement c’est François Civil. C’est le bout en train de la bande, celui qui est toujours là pour sortir des choses salaces, très cash, direct et sans tabou, celui qui fume des joints à longueur de journée le rendant aussi déconnecté et mou que son cerveau. Il est aussi le coupable de nombreux fous rires et d’une scène aux allures scatophiles assumées. Hormis ces deux amis, les trois autres peinent à briller à côté de ces deux astres rayonnants. Si Igor Gotesman et Margot Bancilhon parviennent un peu a irradier malgré tout, le pauvre Idrissa Hanrot disparaît complètement pendant une bonne partie du film et la majorité de ses apparitions montre une libido débordante qui ferait pâlir un DSK en rut. Five accueille des guests : une Fanny Hardant hilare sous drogue et un Pascal Demolon en milliardaire mégalomane vivant dans son monde et collectionnant les dessous de ses conquêtes féminines et masculines dans des cadres accrochés dans le salon.
Quant au scénario, s’il ne brille pas, ça reste malgré tout simple et efficace. Tant que le charme perdure du début à la fin sans signe de décrochage, c’est qu’il est réussi. Il y a du Cohen dans Five, pas Léonard mais Joel et Ethan, dans la façon où un monsieur tout le monde se retrouve plonger dans une histoire kafkaïenne, marchant sur des œufs où chaque pas engendre une situation encore plus défavorable mais tellement plus jouissive pour le spectateur. Five est ce que le cinéma comique français attendait depuis un moment, une nouvelle bande de copains sympathiques à suivre. La fin offre tous les éléments pour qu’il y ait une suite. Au public de suivre … ou non.
Les visiteurs 3 – La révolution
Réalisateur : Jean-Marie Poiré
Date de sortie : 6 avril 2016
Pays : France
Genre : Comédie
Durée : 110 minutes
Budget : 25 millions de dollars
Casting : Jean Reno (Godefroy de Montmirail), Christian Clavier (Jacquouille/Jacquouillet), Franck Dubosc (Gonzague de Montmirail), Karin Viard (Adelaîde de Montmirail), Sylvie Testud (Charlotte Robespierre), Marie-Anne Chazel (Prune), Ary Abittan (Lorenzo Baldini), Alex Lutz (Robert de Montmirail)
Godefroy de Montmirail et cette fidèle fripouille de Jacquouille sont bloqués en 1793 alors que la Terreur gronde. Les nobles perdent leur tête perruquée et poudrée, le sang coule et la une purge par le haut de l’Etat terrifie le reste de l’Europe. Parallèlement, en 1124, époque d’origine des deux compères, l’heure est grave pour Godefroy. Cela fait des semaines qu’il a disparu, tout le monde dit qu’il est malade pour cacher la réalité, s’adonner à des actes de sorcellerie est mal vue en ces temps reculés. Le roi Louis VI Le gros exaspéré, lui pose un ultimatum. S’il ne se présente pas à la convocation de l’ost, le fier chevalier perdra noblesse, terres et château. De plus, chaque semaine passée dans les couloirs du temps fait vieillir leur corps anormalement.
Cet article ne suivra pas le mouvement quasi unanime qui condamne au bûcher ce troisième opus. Les critiques sont destructrices, elles agissent comme des révolutionnaires barbares qui jettent à l’échafaud ce qu’elles ont aimé des années plus tôt. Pensaient-elles réellement voir un chef d’œuvre ? Si tel est le cas, la déception est probante et leur jugement se comprend. Toutefois si on en attend rien, aucune exigence, le film est un bon divertissement. Car cela fait plaisir de retrouver ces 2 compères après 18 ans d’absence à l’endroit même où on les avait laissé en 1998. Pas exactement pareil car ce saut dans le temps a bien sur eu un effet sur le physique des acteurs, le ventre de Jacquouille s’est bien arrondi tandis que les traits du visage de Godefroy sont plus fatigués. Autre époque, autre génération d’acteurs, exit Muriel Robin, Claire Nadeau ou Christian Bujeau, l’équipe du film s’est vue rajeunir. Même si on retrouve Marie Anne Chazel toujours de la partie aux côtés du pilier Clavier-Reno.
Les nouveaux venus sont assez convaincants pour être crédibles. Ary Abittan est sympathique en nobliau qui en fait des pataquès à chaque fois qu’il se présente, Karin Viard est pertinente en comtesse odieuse et ambitieuse, pas sa meilleure interprétation mais l’ensemble est correct, tout comme Alex Lutz en héritier précieux à la voix nasillarde quelque peu énervante, Franck Dubosc le charmeur, homme à femmes, noble mal dans sa peau, opportuniste, pathétique car il néglige le prestige de sa famille pour s’accorder les faveurs des députés qu’il n’obtient pas, puis il y a Sylvie Testud, pas très expressive en sœur de Robespierre mais avec un frère pareil, elle n’a pas été gâtée. Une distribution nombreuse donc, mais mal gérée, certains personnages disparaissent complètement et font leur réapparition d’un seul coup pour mieux s’évaporer ensuite.
LesVisiteurs 3 font rire mais rien de révolutionnaire. Les blagues sont assez semblables à celles des deux premiers films. Elles ont pour sujet l’haleine, les pieds qui puent, des objets mal utilisés (le bol rempli de poudre pour le visage et le peigne), les quiproquo parfois déroutants pour présenter ces deux invités défiant l’entendement, les malentendus sur le nom de Jacquouille et Jacquouillet, la fascination de le « couille » et la répétition beuglée de mots nouveaux. Les « okay » et « dingue » font place à "Hourra"et à "citoyens", "citoyennes ». Tout comme le "certes" de Montmirail, qui lui permet de sortir de situations cocasses. Là il y a une touche de Kaamelott où Perceval répétait son "c’est pas faux", une arme pour paraître moins bête. De l’illustre série d’Alexandre Astier, il y a aussi sa mère et l’interprète du paysan Ghéthenoc, fragments arthuriens perdus dans cette aventure. Le film use d’effets visuels pour souligner son aspect comique, ce n’est pas une nouveauté, ici c’est le pus du nez de Jacquouille ou la perruque de voyage de Karine Viard.
Les visiteurs ce n’est pas seulement de la comédie, c’est également de l’aventure. Une course contre la montre face à des ennemis extrémistes passionnés par leurs idéaux cruels. Car le fond du film est dramatique, l’une des pires périodes de notre histoire où des charrettes remplies de condamnés passaient dans la rue pour se faire guillotiner. Un massacre cautionné, accepté, par la peur de suivre la même voie en cas de désapprobation avec le tout puissant Robespierre. Le scénario ne valorise ni les nobles ni les révolutionnaires, tous sont humains et coupables de petites avarices et de vanité.
Scénaristiquement, l’architecture est plus ou moins calqué sur celui de ses mémorables aînés, on retrouve les grandes lignes. Le rythme reste nerveux, les scènes s’enchaînent vite, parfois en quelques secondes on passe d’un dialogue à un autre, d’un lieu au suivant tout en restant dans le même continuité. Musicalement, c’est toujours une réussite. Peu de chance de s’y perdre car les musiques sont connues, réarrangées mais les notes restent. Les visiteurs 3 ont un amer goût de déjà vu, mais après tout une révolution n’est elle pas une rotation sur soi-même pour revenir au même endroit ?
Deadpool
Réalisateur : Tim Miller
Date de sortie : 10 février 2016
Pays : USA
Genre : Superhéros, action, comédie
Durée : 108 minutes
Budget : 55 millions de dollars
Casting : Ryan Reynold (Deadpool/Wade Wilson), Morena Baccarin (Vanessa Carlysle), Ed Skrein (Ajax)
Qu’elle fut difficile la genèse de ce film, un vrai chemin de croix. Une conception passant par de nombreux refus, des années de gestation et de mise au frigo, laissant place à une autre franchise plus lucrative, celle des X-men. On n’est pas fou à la Century Fox. Heureusement que Ryan Reynold, persuadé de la réussite de son bébé a tenu tête car au final, nous voici avec un nouveau film de super héros fidèle à l’oeuvre originale signée Rob Liefeld et Fabian Nicieza.
Deadpool est certainement le meilleur film de super héros de l’écurie Marvel qui puisse exister, dépassant même Antman, jusqu’ici le plus fun de tous les stand alone. Drôle, bourré d’humour, de dérision et surtout d’autodérision, ça fourmille de références. Deadpool n’est pas là pour beurrer les sandwiches. Là où les Avengers sont gentillets, lui n’hésite pas à faire parler la poudre et le tranchant de son sabre japonais. Il devient difficile parfois de suivre le personnage dans ses élucubrations, dans ses délires quand il casse le 4ème mur pour discuter avec le spectateur comme s’il était son pote. Deadpool c’est le film d’un fan pour les fans. Même s’il est préférable de connaître un minimum de choses sur les super héros et l’univers qui gravite autour, si vous n’y connaissez rien cela n’est pas grave, ce n’est pas un frein. Les novices aussi passeront un très bon moment. Parmi les clins d’oeil, il y a : de nombreux tacles à Wolverine, la carte d’identité de Green Lantern sortant d’un portefeuille rappelant de mauvais souvenirs à l’acteur si raillé pour son interprétation calamiteuse, Hello Kitty dont Deadpool est fan, c’est d’ailleurs la seul page qu’il suit sur Twitter ou encore une publicité peu flatteuse pour les meubles Ikea. Un vrai produit de pop culture moderne et dynamique.
Un film sincère, il ne cherche pas à cacher les points faibles issus d’une réalisation difficile. Elles en deviennent des sujets de drôleries et une véritable force. Deadpool se demandant même jusqu’au Ryan Reynold a-t-il pu aller pour parvenir à faire ce film ? Le manque de moyen et une filiation rejetée engendre des pirouettes scénaristiques ingénieuses, par exemple quand Deadpool attend à l’extérieur du manoir des X-men pour ne pas devoir louer une énorme bâtisse juste pour deux personnages et une scène de quelques secondes. L’utilisation des effets spéciaux coûteux a elle aussi été rabotée. Certes il y en a mais pas autant que dans les Avengers, Thor ouIron Man. Les affrontements gagnent alors en fureur et en puissance, les coups de pied retournés, les pirouettes et les fusillades en deviennent des danses macabres esthétiquement chorégraphiées. Des ralentis appréciables juste afin les impacts dans la figure ou toute autre partie du corps servent à la compréhension visuelle. Dans le genre, la première scène est tout simplement géniale ! Tout est en suspend, la caméra se faufile entre les protagonistes en plein accident de voiture sur une musique pop laissant apparaître des détails croustillants. Nous avons droit à un générique honnête qui s’amuse des clichés : le méchant charismatique, le super héros, le caméo que tout le monde attend, la bombasse, etc. Les choix musicaux sont à contre courant et on aime ça. Là où il y aurait eu des musiques épiques faites par Hans Zimmer et un orchestre philharmonique, ici rien de tout cela. Les violons, les contrebasses et les tambours font place à George Michael, Juice Newton, Neil Sedaka et The Black Keyes.
Du point de vue du scénario, c’est simple et assez efficace pour susciter l’intérêt, maintenir en haleine et ne pas s’ennuyer une seule seconde. Il est construit en 2 phases, celle du présent narrant la vengeance de Deadpool et celle du passé expliquant comment il est devenu ainsi, les 2 finissant par se rejoindre. La fin prévisible et très schématique laisse un petit goût amer, on se croirait dans Mario allant sauver Peach prisonnière de Bowser dans son donjon. Le film n’est pas seulement drôle, il garde un fond dramatique. Le cancer de Wade fait éclater sa vie en mille morceaux au moment même où il acquiert une certaine stabilité dans sa vie sentimentale. La maladie engendre une peur de la mort combinée à une profonde dépression mais également un attachement à la vie pour ne pas laisser sa bien aimée. Deadpool est un personnage paradoxal, il fait le pitre, se comporte comme un grand enfant mais c’est semble-t-il pour mieux cacher ses tourments intérieurs et son mal être, il ne s’aime pas et refuse d’être vu comme un héros. L’archétype même de l’antihéros qui se dissimule derrière un costume de cuir rouge, l’exutoire de Wade Wilson.
Ryan Reynold s’est réellement investi dans ce film et cela porte ses fruits, pas seulement sur le plan physique, l’acteur a désormais une tablette de chocolat en guise de ventre et des bras aussi gros que des cuisses, mais dans la qualité de l’oeuvre. Reynold est en symbiose avec Deadpool gardant le costume dans ses valises en quittant le plateau. Il saura marquer les esprits et influencer les prochains films du genre par son côté décomplexé et fun.
Marguerite
Réalisateur : Xavier Giannoli
Date de sortie : 16 septembre 2015
Pays : France, Tchèque,Belge
Genre : Drame, Comédie
Durée : 129 minutes
Budget : 7,5 millions d’euros
Casting : Catherine Frot (Margueritte Dumont), André Marcon (Georges Dumont), Michel Fau (Atos Pezzini), Christa Théret (Hazel),
Le nouveau film de Xavier Giannoli, inspiré d’une histoire vraie, celle de Florence Foster Jenkins qui dans les années 1940 se prenait pour une mélomane accomplie puis connut une fin funeste, est un pure folie.n Pourtant pas évident de s’en apercevoir au premier regard. Les beaux costumes des Années Folles, la musique classique, les acteurs prestigieux, bref des ingrédients se prêtant plus à un marivaudage bourgeois. Cependant, le scénario révèle toute la substance de cette oeuvre loufoque.
Paris est la capitale la plus vivante du monde dans les années 1920, un centre culturel bouillonant. Le lieu où naissent et prospèrent les artistes. Marguerite Dumont, une aristocrate férue d’opéras chantent régulièrement chez elles devant un cercle restreint de convives. Son rêve est de se produire, faire carrière et devenir une grande cantatrice admirée de tous. Un fantasme irréalisable, madame chante terriblement faux. Une barrière naturelle que tout le monde feint pour ne pas la froisser mais ce vaste mensonge ne peut durer éternellement.
Autant le dire tout de suite, Marguerite est une vraie réussite. Il prête une véritable réflexion sur la folie en montrant que l’on est toujours le fou de quelqu’un d’autre. Dans ce film, les vrais fous ne sont-ils pas ceux qui entourent Marguerite, l’entretenant dans son délire ou bien est-ce elle qui ne voit pas la réalité ? Celle que l’on croit la plus folle est peut être la plus sincère de tous. Une sincérité attirante rendant le personnage sympathique et émouvant. On finit par comprendre pourquoi ses proches font minent de rien afin de ne pas la blesser. Un cercle vicieux en somme. Pire, il faut se méfier des personnes pleines de bonnes attentions, parfois ce sont les plus cruels. Il est beau de voir par quel déterminisme Marguerite souhaite accomplir son rêve, elle est prête à tout même au plus burlesque des entraînements. Ne voyant qu’il ne peut rien faire pour elle et étant l’objet d’un chantage malsain, Atos Pezzini prévoit des exercices aussi ridicule que stériles : se rouler par terre, se toucher les seins ou bien encore être face à un énorme tableau noir. Qu’on ne se leurre pas, tout cela ne suffit pas à faire d’elle une cantatrice.
Les acteurs sont parfaits, Catherine Frot incarne merveilleusement cette femme de la haute société. Elle a tout l’argent du monde pour vivre heureuse mais son sourire et ses yeux trahissent une profonde solitude. Michel Fau, son professeur est magistral ! Il incarne cette star déchue de la musique classique avec toute la subtilité nécessaire. Malheureusement peu connu du grand public, il mériterait plus de reconnaissance car son jeu est d’une extrême justesse. Il est fantasque, tantôt drôle, tantôt triste et derrière ce physique de précieuse ridicule se cache un être bien plus sombre. Marguerite est un film où les personnages ont tous une réelle importance même si au final, on ne sait pas grand chose d’eux. Ils passent, partent et reviennent, leur situation change mais sans trop savoir comment ni pourquoi, à l’image de cette jeune chanteuse dont la carrière commence au début du film et qui finit par devenir ce que Marguerite aimerait être. Puis il y a ces jeunes anarchistes interprétés par Sylvain Dieuaide et Aubert Leroy , adeptes d’un art surréaliste, cupides et voulant profiter de la crédulité de la baronne pour s’enrichir, deux clowns dont la douceur de Marguerite va changer. Xavier Giannoli est un habitué du genre, il aime narrer l’existence de personne un peu perdue, mal dans leur peau, rêvant d’un projet inaccessible et parvenant à embarquer toute une équipe dans leur voyage.
Sur la forme c’est un régal ! Les musiques classiques sont enchanteresses, les airs d’opéra nous saisissent même quand ils sont interprétés par la baronne. Les costumes sont beaux et crédibles, on se croirait dans les années 1920. Finalement cette histoire abracadabrantesque est juste une histoire d’amour tragi-comique. Un amour mal compris aussi bien par l’un que par l’autre, entre Marguerite et son mari. Elle chantant tel un rossignol pour attirer l’attention de son époux, lui devenant de plus en plus exaspérer par l’aliénation de sa femme. Nous on rit, beaucoup, on s’attriste, pas mal, mais on garde la satisfaction d’avoir vu un bon film.