Sept personnes comparaissent depuis hier devant les assises de Paris. CRS au moment des faits, ils sont accusés de viols aggravés sur plusieurs prostituées. Ils ont reconnu l’essentiel des faits et encourent vingt ans de réclusion criminelle. Le verdict est attendu le 14 septembre. L’affaire date du printemps 2003. Une association d’aide aux prostituées recueille les témoignages de deux femmes embarquées dans un véhicule sérigraphié sur un boulevard parisien puis abusées par plusieurs policiers. Des informations aussitôt transmises à l’Inspection générale des services (IGS, la police des polices). Un numéro d’immatriculation relevé par les victimes permet alors de remonter jusqu’aux policiers de la CRS 7. L’IGS diligente une enquête administrative qui conclut à l’authenticité des accusations. Les premiers suspects sont interpellés.
Parmi les policiers qui comparaissent depuis vendredi devant la cour d’assises de Paris, trois sont accusés de "viols aggravés en réunion par une personne abusant de l’autorité conférée par ses fonctions". Ils ont été révoqués de la police nationale en 2004. Les quatre autres ont été renvoyés devant les assises pour complicité, l’un d’entre eux étant poursuivi également pour non assistance à personne en danger. Ils ont fait l’objet de mesures d’exclusion temporaire.
Selon le mode opératoire, tel que reconstitué par l’accusation, les policiers exerçaient une forme de chantage en contrôlant l’identité des prostituées, des étrangères parfois en situation irrégulière. Ils promettaient de ne pas les inquiéter en échange de relations sexuelles non rémunérées. Devant la gravité des faits, le juge chargé du dossier – une instruction portant sur un total de 11 viols – a fait rechercher l’une des victimes, entre temps expulsée de France vers son pays d’origine, l’Albanie. Cette victime, aujourd’hui âgée de 28 ans, est la seule partie civile dans le dossier. Les autres victimes, au moins quatre autres prostituées, ont disparu après les faits par peur des policiers et n’ont pas pu être retrouvées.
Au cours de l’instruction, plusieurs policiers ont mis en avant "l’effet de groupe" ainsi que leurs conditions de travail "stressantes" pour expliquer leurs dérapages. Le procès doit durer jusqu’au 14 septembre.