Al-Qaïda au Maghreb revendique les attentats de samedi et jeudi

Un attentat suicide à la voiture piégée contre une caserne a fait 30 morts et 47 blessés samedi à Dellys, un petit port de Kabylie situé à 70 kilomètres à l'est d'Alger, selon un bilan du ministère de l'Intérieur. Il s'agit de l'un des attentats les plus meurtriers survenus en Algérie ces derniers mois.

La chaîne qatari Al-Jazira a affirmé dans la nuit de samedi à dimanche que la Branche d'Al-Qaïda au Maghreb (ex-GSPC algérien) a revendiqué, dans un communiqué diffusé sur internet, cet attentat ainsi que celui perpétré jeudi à Batna (est) qui avait fait 22 morts et plus de 100 blessés.Selon des experts algériens de l'antiterrorisme, ce groupe affilié à la nébuleuse d'Oussama ben Laden aurait constitué une brigade de kamikazes parmi les jeunes recrues du maquis, dont le fils d'Ali Belhadj, ancien numéro deux du Front islamique du salut (FIS, dissous), Abdel Qahar Belhadj, âgé de 20 ans.

"L'attentat perpétré samedi matin à Dellys (département de Boumerdes) au niveau d'une caserne militaire a fait 30 morts, dont trois civils, et 47 blessés", a indiqué le ministère de l'Intérieur. Trois civils figurent parmi les blessés, a précisé le ministère, qui a fait état pour la première fois de l'implication de "deux terroristes", "auteurs de l'attentat" qui "ont péri sur les lieux".

Les premiers témoignages recueillis par l'AFP faisaient état d'un seul kamikaze conduisant une fourgonnette bourrée d'explosifs, qui a défoncé une porte à l'arrière de la caserne des garde-côtes de la marine algérienne et pénétré à une vingtaine de mètres à l'intérieur, selon des témoins. La fourgonnette, immatriculée dans le département d'Alger, servait à l'approvisionnement de la caserne. Elle a explosé à l'intérieur de la caserne, composée de chalets en préfabriqué, dont la plupart ont été éventrés par la puissance de la déflagration.

Des débris de bois, de ferraille et de béton jonchaient le port sur plusieurs centaines de mètres. Des vêtements et des valises ont été projetés sur des poteaux électriques et des barrières du port. La région de Dellys avait été le théâtre de plusieurs attaques islamistes ces dernières années. Adossée à la montagne de Sidi Ali Bounab, elle est considérée comme un fief des islamistes depuis le début des violences en 1990 en Algérie.

Cette attaque à la voiture piégée est intervenue au surlendemain d'un autre attentat suicide visant le cortège du président Abdelaziz Bouteflika à Batna (est de l'Algérie), qui avait fait 22 morts et plus de 100 blessés, et à quelques jour du début du ramadan propice au jihad, selon les islamistes.

L'Union européenne a fermement condamné samedi l'attentat perpétré à Dellys, déclarant que le "terrorisme dans toutes ses formes constitue une des plus sérieuses menaces à la paix dans le monde". Aux Nations unies, le Conseil de sécurité a de nouveau condamné "tous les actes terroristes" et "dans les termes les plus fermes" ce "nouvel attentat odieux".

Paris a adressé "ses plus sincères condoléances aux familles des victimes et à leurs proches ainsi qu'aux autorités et au peuple algériens, endeuillés par cette nouvelle manifestation de terrorisme". Le gouvernement espagnol a également condamné "avec la plus grande fermeté" l'attentat, réitérant "son engagement de soutenir (l'Algérie) dans la lutte contre le terrorisme".

Plusieurs attentats ont eu lieu depuis le 11 avril en Algérie. Deux attaques simultanées à la voiture piégée avaient visé le palais du gouvernement (centre d'Alger) et un commissariat, faisant au moins 30 morts et plus de 200 blessés.

A Lakhdaria (70 km à l'est d'Alger), une caserne de l'armée avait été le 11 juillet la cible d'un kamikaze à bord d'un véhicule frigorifique piégé. L'attaque avait fait 10 morts et 35 blessés parmi les militaires.

Les attentats d'Alger et de Lakhdaria avaient déjà été revendiqués par la Branche d'Al-Qaïda au Maghreb, dirigée par Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossab Abdelouadoud