Il y a de cela quelques semaines, les premiers rapports émanant du voilier Tara, dont la mission depuis le 21 août dernier est d'étudier la banquise arctique dans le cadre du programme européen Damoclès, se voulaient pour le moins alarmants : sous l'effet du réchauffement climatique, l'épaisseur de la banquise en mer arctique serait passée de 3 à 1.5 m seulement au cours de ces 30 dernières années.

Un constat critique, souligné aujourd'hui encore par l'agence Reuters, au sortir du colloque annuel de l'Union Géophysique Américaine, à San francisco : la fonte inexorable des glaces polaires, accentuée par la remontée des courants chauds de l'Atlantique et du Pacifique, semble aujourd'hui irréversible.

Les signes se multiplient et ne laissent planer aucun doute : pour la première fois, certains passages au nord du Canada, autrefois recouverts par la glace toute l'année, s'ouvrent peu à peu au traffic maritime commercial. En outre, les 2 années de mission "in situ" allouées au projet Damoclès ont été nettement revues à la baisse et écourtées de 10 mois, et ce pour une raison très simple : le voilier Tara se déplace à travers les glaces arctiques 3 fois plus rapidement que prévu, et pour cause !

Bon nombre d'éminents spécialistes s'accordent ainsi à penser que, d'ici un peu plus d'un demi siècle à peine, les glaces de l'océan Arctique auront en grande partie disparu au cours de l'été. Si la réaction en chaîne qui s'ensuivra au niveau climatique reste une énigme pour les scientifiques, on peut d'ores et déjà s'attendre à de profonds bouleversements. En effet, qui dit fonte de la banquise dit réchauffement des océans, augmentation de l'évaporation, accentuation de la couverture nuageuse, augmentation des précipitations et, au final, l'éventualité d'une hausse de plusieurs mètres du niveau de la mer peut-être raisonnablement envisagée, avec toutes les conséquences dramatiques que représenterait un tel cas de figure pour l'équilibre biologique de la planète tout entière.