On n’en sortira pas comme cela

sans que chômage décroisse.

 

Que ce soit sur les retraites, sur les allocations familiales, sur le coût du travail, sur notre endettement, toutes les réformes envisagées ne sont que des pansements pour résister à la dégradation économique de notre société. La croissance du chômage fait des ravages dans tous les domaines de notre économie, les rentrées fiscales se réduisent, et la dette augmente. Les charges sociales de financement de la sécurité sociale, ainsi que celles des caisses des retraites des travailleurs salariés du privé et des complémentaires passent au rouge. La consommation décroît et la récession s’installe.

Quand j’entends dire que ce qui fut fait sur les retraites par les précédents gouvernements n’était pas suffisant, c’est exact, mais à chacune des réformes il y avait pas les mêmes conditions économiques, moins de chômeurs que maintenant, et le déficit envisagé était moins important.

L’historique des dernières réformes nous réapprend qu’il y eut la première loi du 22 juillet 1993 sous le gouvernement Balladur qui porta déjà sur le régime général des salariés, et les trois régimes alignés, salariés agricoles, artisans, industriels et commerçants. Elle porta sur la durée de cotisation à taux plein qui passa progressivement de 37,5 années à 40 années, et la référence qui passa sur les 25 meilleures années et non plus les 10 meilleures années pour le privé.

Puis en 1999 fut créé le Fonds de réserve pour les retraites. Ce fonds devait placer des actifs sur les marchés financiers afin de constituer une réserve financière de 150 milliards d’euros à l’horizon 2020.

Vînt ensuite la réforme Fillon de 2003 qui porta sur l’ensemble des régimes de retraite à l’exception des régimes spéciaux. Entre 2004 et 2008, l’alignement progressif de la durée de cotisation des fonctionnaires sur celle des salariés du privé, de 37,5 ans à 40 ans, à partir de 2009, allongement progressif de la durée de cotisation pour tous afin d’atteindre 41 ans en 2012. La création d’un dispositif de départ anticipé pour les carrières longues permettant à ceux qui commencèrent à travailler entre 14 et 16 ans et cotisé la durée requise de prendre leur retraite avant 60 ans.

Puis, la réforme sur les régimes spéciaux en juillet 2008. Elle concerna deux types de régimes, les régimes des établissements publics à caractère industriel et commercial gérant un service public EDF, GDF, SNCF, RATP, Banque de France, Opéra national de Paris, Comédie française. Les professions à statut clercs et employés de notaires. Trois principes directeurs conduisirent la réforme, passage progressif de la durée de cotisation de 37,5 ans à 40 ans.

En novembre 2010 la réforme Woerth, le relèvement progressif de l’âge légal de départ à la retraite pour atteindre 62 ans en 2018. L’âge à partir duquel un assuré peut bénéficier d’une retraite à taux plein, passa progressivement de 65 à 67 ans. Le dispositif des carrières longues fut modifié, les salariés ayant commencé avant 18 ans pouvaient partir à la retraite plus tôt, sous réserve d’avoir la durée de cotisation requise pour leur génération, plus 2 ans.pour les salariés qui, du fait d’une situation d’usure professionnelle, ont une incapacité physique supérieure ou égale à 20%, l’âge légal de départ à la retraite resta fixé à 60 ans sans décote. Les jeunes en chômage non indemnisé pourront valider jusqu’à 6 trimestres au lieu de 4. Pour les femmes, l’indemnité journalière perçue pendant le congé maternité entra dans le salaire de référence sur lequel sera calculée la pension de retraite. De nouvelles recettes financières furent instaurées, hausse de la tranche la plus élevée de l’impôt sur le revenu, 41% au lieu de 40%, et l’objectif assigné au fonds de réserve des retraites fut modifié. Ses réserves 36,2 milliards en 2010 seront, à partir de 2011, ponctionnées annuellement, 2,1 milliards au profit de la Caisse d’amortissement de la dette sociale, Cades.

En 2012 la loi du 21 décembre 2011, article 88, prévoyait l’accélération de la réforme des retraites de 2010, l’âge légal de départ à la retraite et l’âge d’obtention automatique de la retraite à taux plein passèrent respectivement à 62 et 67 ans dès 2017, au lieu de 2018. Un décret du 2 juillet 2012 assouplissait le dispositif des carrières longues. Les personnes qui commencèrent à travailler avant 20 ans, 18 ans auparavant, et qui ont la durée de cotisation requise pouvaient prendre leur retraite plus tôt, la condition de 2 années de cotisation supplémentaires fut supprimée. S’ajoutent 2 trimestres de périodes de chômage indemnisé et 2 trimestres supplémentaires liés à la maternité.

On ne peut pas dire que rien ne fut fait, même si ce ne fut forcément insuffisant. Il est bien évident que chacune de ces réformes correspondait à un état social du pays, mais comme celui-ci ne cesse d’évoluer, on ne peut qu’ adapter pour faire face à un déficit qui se creuse puisqu’il atteindrait plus de 20 à 25 milliards d’euros en 2020, voir Et voila que resurgit l’indemnisation des retraites comme.

C’est donc un dossier brûlant auquel va s’attacher le gouvernement, et déjà l’on entend les syndicats qui sont hostiles. Il n’y avait qu’à entendre les cris de Gérard Filoche socialiste et ancien syndicaliste et membre de la LCR à Canal+ le vendredi 14 juin. Si l’on pouvait récupérer l’argent évadé dans les paradis fiscaux le problème du financement des retraites serait résolu comme le clama Gérard Filoche mais il ne donna pas la solution.

Ce que fait le gouvernement depuis qu’il est aux affaires, outre les légers avantages sur la retraite qui viennent d’être rappelés, et l’augmentation de la rentrée scolaire de 20 %, il ne cesse de colmater les brèches.

Les déficits ne cessent de se creuser, les impôts rentrent mal ou pas assez. 20 milliards d’euros de hausses engagées par le gouvernement Ayrault, après 28 milliards d’euros engagés par le gouvernement Fillon. La boite à outils fonctionne mal. Les contrats d’avenir et les contrats jeunes ne donnent pas ce qui est espéré. Le crédit d’impôt CICE pour les entreprises fonctionne mal. La BPI a du mal à démarrer, et quand elle est interrogée, elle ne répond pas. Les recettes de la TVA en baisses, l’activité est au point mort et les Français ne consomment plus. L’équation des finances se complique un peu plus chaque jour.

Le ministère du Budget annonça le 07 juin que le déficit de l’État s’établissait fin avril à 66,8 milliards, contre 59,9 milliards, soit – 6,9 milliards fin avril 2012. Ce qui est repris par tous les médias comme le résultat d’une mauvaise gestion budgétaire. Cet écart a des explications techniques, que Bercy prend bien soin de rappeler. Il tient d’abord à la perception début 2012 de 2,6 milliards d’euros de recettes liées à l’attribution des licences de téléphonie mobile 4G, perception qui, par définition, ne se reproduira pas en 2014, à l’augmentation de capital de la Banque européenne d’investissement, BEI pour un montant de 1,6 milliard, ensuite à la dotation de 3,3 milliards au Mécanisme européen de stabilité MES. Cela fait 7,5 milliards dont 1,6 milliards pour les entreprises au travers de la BPI.

Ces éléments ne justifient pas à eux seuls la faible rentrée fiscale soulignent les services du budget. Sur les quatre premiers mois de l’année, elles sont quasiment stables par rapport à la même période de 2012, 90,8 milliards, contre 91 milliards en 2012. Dans le détail, les rentrées d’impôt sur le revenu sont les seules à progresser sur un an, +11%. À l’inverse celles de TVA, qui représentent la moitié des recettes de l’État, reculent de 2,3%, en lien avec le net ralentissement de la consommation des ménages, celles de l’impôt sur les sociétés de 5,8% et la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques, de 6,1%.

«L’évolution globale des recettes fiscales nettes présente un aléa baissier par rapport aux prévisions présentées dans le programme de stabilité, débattu au Parlement mi-avril», admet le ministère du Budget.

 

7 réflexions sur « On n’en sortira pas comme cela »

  1. Le passage à l’euro nous a bien enfoncer… C’était pour notre bien à tous, soit disant en 10 ans tout aurait dû presque parfait… résultats des courses, tout le monde le constate. 2€ la salade, 1€ la baguette de pain. On a beau être taxé de tous les côtés, le pays continue à s’enfoncer. Ca fait longtemps que le trou de la sécu pourrait être bouché, mais on a l’impression que c’est ce que l’état veut, enfoncer le pays. Comme ça un jour, ils nous diront qu’on a pas d’autres solutions que de créer les états-unis d’Europe pour tous s’entraider et que pour se faire, il nous faudra faire encore plus d’effort, etc.
    De plus en plus de retraités font la manche ou se suicident parce qu’ils n’arrivent plus à joindre les deux bouts… C’est peut-être provoqué tout ça parce que peut-être que l’on est en surpopulation ? Je ne sais pas. Ca manque de sagesse au sein du gouvernement…

  2. Les gens se prennent la tête pour une histoire de sexe et manifestent par milliers pour le mariage gay ou contre le mariage gay, mais personne ne manifeste contre l’augmentation du pain et de la salade. Les gens n’ont pas encore assez faim…

  3. [b]Nathalie M[/b].bonjour,

    Je ne sais quoi vous répondre, c’est vrai que l’Europe telle qu’elle est n’apporte rien d’autre que de la misère. La politique menée est exclusivement à droite par la majorité des pays de la zone euro. On voit bien les difficultés que rencontre François Hollande pour influer cette politique dans un programme de relance. Les causes sont multiples vous les connaissez, 10 années de complicité entre la droite française et la CDU conservatrice, et si vous ajoutez à cela la défaillance de notre industrie vous avez la situation actuelle.

    Le gouvernement ne peut agir, tenu par les agences de notation à cause de notre dette, nous empruntons pour payer nos charges, et si nous ne sommes pas rigoureux, les taux montrons, la situation sera beaucoup plus pire.

    C’est donc la rigueur qui réduit notre pouvoir d’achat, la consommation s’écroule et nous nous appauvrissons.

    Nous avons trop dépensé par rapport aux autres et dans cette mondialisation, l’équilibre de la richesse se fait par une réduction de nos avantages sociaux.

    Les évadés fiscaux, les abus des puissants, la corruption, sont des facteurs de nos difficultés, ce qu’il prennent c’est en moins pour nous.

    Si nous pouvions combattre efficacement contre ces fléaux, nous récupérerions des centaines de milliards d’euros.

    Il n’y a pas que l’Europe voyez vous.

    Bien à vous,

    Anido

  4. Bonjour Anido,
    Le problème c’est que quoi que l’on fasse, on a l’impression que c’est insurmontable ! Malgré les années qui passent, jamais ça ne s’améliore, au contraire on s’enfonce de plus en plus ! On a voulu, « ils » ont voulu, faire une monnaie unique mais avec combien de dettes publiques différentes ? 17 ! Et combien de politiques fiscales ? 27 ! Et qu’est-ce qu’ils font avec tout ça ? C’est à celui qui siphonnera le plus son voisin.
    Ils ont unifier la monnaie mais pas la dette ni la politique ! C’est toute l’architecture de l’Europe qui se casse la figure. On revient aux temps des romains là. Quand je parle avec les papis ils me disent qu’on est dans la même situation qu’ils étaient juste avant la guerre d’Algérie.
    Le coeur du problème c’est les chefs d’états. Je ne demande pas une révolution, mais qui représente les citoyens au parlement européens ? Qui ? Un président par pays, ce n’est pas assez… sage ! Il faut un conseil de sage d’au moins 30 à 50 personnes pour représenter un pays, pour organiser une bonne démocratie, parce que là on va vers une dictature même si on est loin des dictateurs des pays d’Afrique. Je sais qu’on a pas trop à se plaindre par rapport aux avantages fiscaux que l’on a, mais l’aveuglement n’a qu’un oeil, le peuple voit bien que son pays va à la dérive. Comment voulez-vous qu’un seul homme se lève le matin et dise « moi j’ai sauvé la France ! », non ce n’est pas possible, aucun n’y arrivera s’ils ne prennent pas les dispositions suffisantes. Je serais d’avis d’organiser un référendum. C’est quoi le système fédéral que l’on veut ?
    Nous avons en Europe un fonctionnement incompréhensible pour la majorité d’entre nous.

  5. Vous dites [i] »Nous avons trop dépensé par rapport aux autres et dans cette mondialisation, l’équilibre de la richesse se fait par une réduction de nos avantages sociaux. »[/i]
    Mais on a trop dépensé comment ? Quoi ? Qui ? Moi à part le fric mis dans l’armée pour aller détruire un pays afin de récupérer son pétrôle, je me demande en quoi la France a trop dépensé dans son propre pays ? La France a trop dépensé à l’extérieur mais à l’intérieur ?

  6. On en sortira avec la methode coué… du renard du désert :
    ah, ça ira, ça ira, ça ira,….!
    Rira bien qui rira le dernier !

  7. Déjà, pour commencer, ce n’est pas au chômage qu’il faut s’attaquer (c’est regarder les problèmes par le petit bout de la lorgnette), mais ce sont des emplois qu’il faut créer ! Et par n’importe quels emplois, pas les trop fameux « emplois aidés », qui ne font qu’accroitre les dépenses (en plus de nos impôts) et qui ne sont fait uniquement que pour donner l’illusion d’une baisse du chômage. Non, ce sont de vrais emplois créés par des entreprises privées dont nous avons besoin. Pour cela il faut créer des conditions favorables (ce n’est pas en discriminant les chefs d’entreprises ou en les taxant à 75 % de leur bénéfice), il faut faire venir des entreprises étrangères (n’ayez pas peur, ils ne nous mangeront pas), il faut aussi taper dans le haut de gamme dans tous les métiers, et pour cela il faut former le personnel aux nouvelles technologies. Voilà un vrai programme ambitieux et qui aurait les faveurs de la classe ouvrière, que le gouvernement ignore superbement ! Mais au lieu de cela, on clive les Français sur des cas sociétaux, on distribue ce que l’on n’a pas. Bref, on met la charrue avant les bœufs !

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