Un projet de règlement européen portant sur une éventuelle destruction des données personnelles sous toutes leurs formes inquiète vivement l’ensemble des archivistes qui passent leur temps à se nourrir de vieux papiers pour réactiver notre mémoire collective.
L’objectif principal de ce projet qui va être discuté en mai prochain à Strasbourg, est de défendre le droit à l’oubli, c’est-à-dire la possibilité de faire disparaître des informations personnelles concernant un individu après un certain temps. Ainsi tous les organismes publics et privés devront détruire les données personnelles de chacun, une fois que le traitement sera terminé ou au bout d’un certain délai qui reste encore à définir.
Si ce règlement est adopté, il s’appliquera immédiatement et s’imposera aux différentes législations nationales européennes existantes.
Cela veut dire que dans plusieurs décennies, il ne sera plus possible de prouver ou de retrouver des informations historiques, sociétales ou statisticiennes qui peuvent dans certaines circonstances être essentielles dans la mesure où elles constituent notre mémoire collective depuis des siècles. L’entré en vigueur de ce texte européen entraînera inexorablement une amnésie collective.
Il faut savoir que les données personnelles de chacun peuvent être essentielles pour faire valoir des droits ou pour retrouver nos traces dans l’histoire. Que deviendrait le travail des généalogistes qui utilisent les registres d’état civil pour retrouver dans le passé les informations personnelles concernant les ancêtres ?
Il convient peut être de faire la part des choses entre les informations personnelles qui n’ont pas de réelle valeur par rapport à celles qui servent de fil d’Ariane pour l’ensemble des civilisations. Mais, ce tri n’est pas toujours d’une grande évidence car il faudrait définir des critères exhaustifs imparables.
Il faudra aussi envisager d’autoriser la conservation de données nécessaires à des fins statistiques, historiques, scientifiques ou d’intérêt général.
Pour éviter que ce projet européen voit le jour, l’association des archivistes français (AAF), a mis en place une pétition qui à ce jour, a déjà recueilli 40 000 signatures, ce qui prouve que c’est un sujet important qui mérite une attention toute particulière.