Il y a des romans dont on imagine difficilement une adaptation cinématographique tant cette dernière paraît impossible à faire. Le roman de Patrick Susking fait précisément partie de ceux-là. Son livre Le parfum semblait particulièrement ardu à retranscrire sans en trahir le fond et il faut bien avouer que le film qui en a découlé a réussi cette performance.
Le parfum : Histoire d’un meurtrier, est sorti en 2006. D’ores et déjà, on pouvait s’attendre à un résultat satisfaisant dans la mesure où le réalisateur n’est autre que Tom Tykwer, le talentueux réalisateur du très réussi Cours Lola, cours. Enrichi d’une distribution tout à fait exceptionnelle, allant de Dustin Hoffman à Allan Rickman en vampirisé par l’interprétation aussi inquiétante que magistrale du méconnu Ben Whishaw dans le rôle principal, le film se donne clairement les outils pour arriver à ses fins.
Le parfum se déroule au 16ème siècle et suit l’histoire terrifiante de Jean-Baptiste Grenouille, étrange jeune homme dont la particularité est de disposer d’un odorat surdéveloppé. Passionné par son don, il va dès lors tout apprendre des senteurs auprès de maîtres parfumeurs afin d’en découvrir tous les secrets. Jean-Batiste Grenouille est animé par une obsession, celle de créer la senteur parfaite, celle dont la puissance peut envouter absolument n’importe qui.
Pour ce faire, il va alors se lancer dans une série de meurtres de jeunes femmes à qui il va tout faire pour leur voler leur odeur et constituer, pas à pas, le parfum parfait.
Le pitch du roman était d’une terrible originalité et pour l’avoir lu, je me demandais comment le cinéma pourrait retranscrire le talent de l’écrivain à décrire toutes ces odeurs, toutes ces sensations que l’on éprouve au gré de la lecture.
Le pari est amplement gagné. Porté par une musique envoutante et doté d’images absolument somptueuses, le parfum : histoire d’un meurtrier est un film magnifique, envoutant et qui laisse, après sa vision, un étrange sentiment en soi.
Nous sommes tour à tour horrifiés et fascinés par ce personnage si complexe et si extraordinaire qu’est Jean-Baptiste Grenouille. Comment ne pas suivre son périple meurtrier et sa quête de perfection avec passion et intérêt ?
Le final de ce film est à l’image du reste : sublime. Je ne dévoilerai rien de la scène finale qui survient dans la dernière partie du film (celle se déroulant sur la place publique, au milieu de milliers de personnes), mais je la trouve tout simplement marquante et résumé à elle-seule toute la magie de ce film à voir absolument.
Au terme du visionnage du film, on en vient à avoir pour ce personnage si inquiétant une empathie déstabilisante et l’on suite sa quête du parfum idéal avec une concentration énorme.
Loin de la bouillie filmique que l’on nous sert trop souvent ces derniers temps, le parfum : histoire d’un meurtrier saura séduire, je pense, celles et ceux affectionnant les histoires fortes et qui prennent le risque d’emprunter des chemins méconnus.
Bien entendu, je ne saurai vous conseiller, avant de visionner ce que je considère comme un chef-d’œuvre, de lire le roman qui mérite, lui aussi, le statut d’œuvres littéraires d’exception.
En vous souhaitant une bonne lecture et une bonne séance de cinéma….