au public sur le site internet SHD.

 

Elle a bouleversa la société Française pendant douze ans, de 1894 à 1906, la divisant profondément et durablement en deux camps opposés, les «dreyfusards» partisans de l’innocence de Dreyfus, et les «antidreyfusards» partisans de sa culpabilité.

 

La dégradation du capitaine Alfred Dreyfus, le 5 janvier 1895. Dessin d’Henri Meyer en couverture du Petit Journal du 13 janvier 1895, légendé «Le traître», document Wikipédia.

 

Support Wikipedia L’affaire Dreyfus que j’ai présenté dans le dossier sur la Franc-maçonnerie, voir dans les catégories le dossier, 106 – Franc-maçonnerie dossier suite 7, montre l’aspect raciste et politique de sa condamnation pour trahison, sous l’acte d’accusation d’avoir livré des documents secrets à l’ennemi, par ce que Alfred Dreyfus était franc-maçon, protestant ainsi que d’origine juive alsacienne, et antipathique et prétentieux. Ce dossier donne également le témoignage d’ Émile Zola sur les bons sentiments de la Franc-maçonnerie, et dans le journal l’Aurore du 13 janvier 1898 sous forme d’une lettre ouverte au Président de la République Félix Faure.

 

Émile Zola y attaqua l’erreur judiciaire ayant entraîné le procès et la condamnation d’Alfred Dreyfus, en accréditant les «rapports mensongers et frauduleux» des experts en écritures. Il mit aussi en cause les bureaux de l’armée coupables d’une campagne de presse mensongère, ainsi que les deux conseils de guerre dont l’un condamna Dreyfus sur la foi d’une pièce restée secrète, tandis que le second le condamnant, en acquittant sciemment un coupable proclamant, implicitement, dès son début, l’innocence de Dreyfus.

 

Alfred Dreyfus fut finalement innocenté lors de son procès en réhabilitation six années plus tard dans un climat dépassionné. En 1906 le 13 juillet Dreyfus réintégra l’armée avec le grade de chef d’escadron par la loi du 13 juillet 1906.

 

L’arrêt de la Cour de cassation sous la présidence du premier président Ballot-Beaupré.

 

«Attendu, sans aucun doute, que, sinon devant le Conseil de guerre de Rennes, du moins autour de lui, dans la presse et dans le public, un bruit avait été répandu, d’après lequel la pièce, présentée comme étant le Bordereau saisi, ne serait que la copie sur papier pelure du Bordereau original portant de la main d’un souverain étranger une annotation accusatrice contre Dreyfus,

mais attendu que, dans leurs dépositions reçues sous la foi du serment en 1904, cette allégation (ainsi que celle d’une prétendue lettre du même souverain) a été absolument démentie par le Président Casimir-Perier, les généraux Mercier, Billot, Zurlinden, de Boisdeffre, Gonse, Roget, les lieutenants-colonels Picquart, du Paty de Clam, Rollin, et les autres officiers du service de renseignements, que le général Mercier a dit notamment, «C’est une légende complètement inexacte, rien, rien, rien n’a pu y donner lieu», que cette légende doit être mise à néant,

attendu, en dernière analyse, que de l’accusation portée contre Dreyfus, rien ne reste debout, et que l’annulation du jugement du Conseil de guerre ne laisse rien subsister qui puisse à sa charge être qualifié crime ou délit,

attendu, dès lors, que par application du paragraphe final de l’article 445 aucun renvoi ne doit être prononcé,

par ces motifs,

annule le jugement du Conseil de guerre de Rennes qui, le 9 septembre 1889, a condamné Dreyfus à dix ans de détention et à la dégradation militaire, par application des art; 76 et 463 C pén. et 1er de la loi du 8 juin 1850,

dit que c’est par erreur et à tort que cette condamnation a été prononcée,

donne acte à Dreyfus de ce qu’il déclare renoncer à demander l’indemnité pécuniaire que l’art. 446 C inst. crim. permettait de lui allouer,

ordonne qu’en conformité de cet article le présent arrêt sera affiché à Paris et à Rennes et sera inséré au Journal Officiel, ainsi que dans cinq journaux, au choix de Dreyfus,

autorise Dreyfus à le faire publier aux frais du Trésor et au taux des insertions légales dans cinquante journaux de Paris et de province, à son choix ;Ordonne que l’arrêt sera transcrit sur les registres du Conseil de guerre de Rennes et que mention en sera faite en marge de la décision annulée», tiré de la référence Assemblée nationale Dreyfus réhabilité.

 

Il ne put prétendre au grade d’officier général auquel il avait droit comme ancien officier d’artillerie de l’École polytechnique admis à l’École de guerre. Ne pouvant rien contre cette injustice il démissionna en juin 1907.

 

 

Dès sa création en octobre 1897, L’Aurore prit le parti de Dreyfus et devint le principal porte-parole du camp dreyfusard. Ainsi, un article de Clemenceau du 8 novembre 1897 exigea qu’Auguste Scheurer-Kestner, vice-président du Sénat, fasse connaître les accusations du lieutenant-colonel Esterhazy au sujet du faux dont il avait pris connaissance grâce à un intermédiaire.

 

Le titre J’Accuse fut trouvé par Clémenceau, il marqua le début de l’affaire. La lettre d’Émile Zola entraina une procédure pour diffamation devant la Cour d’assise. Le procès montra des droits de la défense constamment bafoués faisant apparaître une collusion entre le monde politique et l’armée. Elle exerça une pression pour que l’erreur judiciaire ne soit pas évoquée. Zola fut condamné à un an de prison et à 3 000 francs d’amende, la peine maximale, qu’Octave Mirbeau paya de sa poche le 8 août 1898. Dès l’annonce du verdict avant que celui-ci ne lui fut officiellement signifié et ne devienne exécutoire, Zola prit le train de 21 h via Calais, pour Londres sans aucun bagage. Zola y vit reclus, dans le secret, dans une solitude entrecoupée des visites de ses amis et de sa famille proche.

 

Le suicide en août 1898 du lieutenant-colonel Hubert-Joseph Henry, qui produisit les faux documents lui redonna l’espoir de rentrer en France. Du fait des lenteurs de la justice, la procédure connut de nombreux épisodes et s’étendit sur tout le premier semestre 1899. La décision, positive, fut rendue le 3 juin, et le lendemain, Émile Zola rentra à Paris, avec Fécondité, le tome premier des quatre évangiles achevés le 28 mai en 1906.

 

Le procès en révision d’Alfred Dreyfus s’ouvrit le 7 août 1899. Dreyfus fut condamné une seconde fois à une voix près, verdict ayant les apparences d’un aveu coupable des membres du Conseil de guerre, ne voulant pas se déjuger de la première condamnation. Alfred Dreyfus déposa un pourvoi en cassation, et Waldeck Rousseau président du Conseil aborda la grâce. Le décret fut signé par le président Émile Loubet le 19 septembre 1899, après de multiples tergiversations. Pour Dreyfus innocent, ce fut accepter sa culpabilité. À bout de force, éloigné des siens depuis trop longtemps, il accepta mais ne désarma pas de son combat puisqu’il fut réhabilité en 1906.

 

Philippe Pétain qui était capitaine et saint-cyrien confiera n’avoir pas cru en la culpabilité de Dreyfus qui lui, était polytechnicien, et quand on connait la rivalité entre ces deux écoles cet aveu prend toute son importance. Néanmoins, il accusa le capitaine Dreyfus de ne pas avoir su se défendre et considéra normal de le sacrifier à la réputation de l’armée. Il faut reconnaître qu’à cette époque, l’affaire Dreyfus était encore très présente dans les esprits. L’antisémitisme était dans tous les esprits, voir l’article, 192 – Philippe Pétain, Maréchal de France.

 

L’affaire Dreyfus est un exemple d’antisémitisme. Pétain n’a pas condamné Dreyfus pour les faits fallacieux qui l’ont accusés, bien que beaucoup l’ont fait, ce qui dans le contexte de persécution de l’époque n’était pas étonnant. Les juifs étaient considérés comme des parasites, mis à part de la société, voir, 230 – Philippe Pétain, Maréchal de France ses années noires de 1940 à 1944, suite 38. Ces articles sont tirés de la fresque sur Philippe Pétain, voir les catégories.

 

2«Dans le cadre de sa politique de valorisation culturelle et en étroite collaboration avec les auteurs du livre «Le dossier secret de l’affaire Dreyfus», éditeur Alma, le Service historique de la Défense (SHD) a entrepris la numérisation du corpus complet des pièces qui composent le dossier secret militaire de cette affaire».

Cette opération a pour but de livrer pour la première fois au public et aux chercheurs l’ensemble des pièces disponibles en accès libre et gratuit. Le dossier numérisé contient des pièces de nature très variée, notes et document officiels, témoignages divers, correspondance et notes volées dans les représentations diplomatiques étrangères à Paris et portant sur des faits d’espionnage, mais aussi sur des rapports de sociabilité voire sur des liaisons amoureuses entre certains acteurs de l’affaire.

 

Lorsque le dossier Dreyfus fut rouvert à partir de 1897, le Dossier secret d’origine fut considérablement augmenté, au moment de sa communication à la Cour de cassation en 1899, il contenait 473 pièces réparties sous 374 cotes, sans compter 84 chemises et enveloppes, dont beaucoup comportent des annotations, et le répertoire détaillé établi en 1898. C’est ce dossier dans son état final, tel qu’il a été archivé après 1906 et la réhabilitation de Dreyfus, que le SHD rend public aujourd’hui.

 

Plus d’un siècle s’est écoulé entre cette affaire qui défraya la chronique divisant la France en deux pour trouver finalement une fin en 1906 qui lava Alfred Dreyfus de l’accusation de collusion avec les Allemands nos ennemis de l’époque dont le déclenchement fut la première Grande Guerre Mondiale de 14-18.

 

Le Service Historique de la Défense a décidé de donner un accès libre et gratuit à ce dossier sur le site internet du SHD.

 

Ce dossier n’a jamais été publié dans son intégralité. La mise en ligne sur ce site est donc une première. Véritable fil rouge de ce feuilleton militaro-judiciaire, cet ensemble documentaire a pourtant été le principal objet accusatoire utilisé à l’encontre d’Alfred Dreyfus, dans le cadre des procès militaires et civils, publics ou à huis clos. C’est donc un document historique de première importance que nous rendons accessible au public et aux chercheurs. La composition du dossier secret de 1894 reste mal connue, en dépit du rôle-clé qu’il joua dans le déclenchement de l’Affaire.

 

La raison principale en est qu’il ne demeura pas longtemps dans son état originel. Après sa redécouverte par le lieutenant-colonel Picquart personnage central du dénouement de l’affaire, chef de la Section de statistique en 1896, les militaires, décidés à dissimuler leur crime, limogèrent Picquart et nommèrent à sa place le commandant Henry. Celui-ci, avec la complicité du sous-chef d’Etat-major Arthur Gonse et d’autres hauts gradés, adjoignit au dossier une série de faux, dont l’un, le «Faux Henry», citait Dreyfus en toutes lettres.

 

A partir du début de la publication de l’Histoire de l’affaire Dreyfus par Joseph Reinach en 1901, les historiens privilégièrent une version, rapidement tenue pour indiscutable, du contenu du dossier de 1894, un brouillon de Schwartzkoppen daté du 29 octobre, le «memento», une lettre de l’attaché militaire italien Alessandro Panizzardi à ce dernier, dite «Lettre Davignon», voir l’homophobie du dossier secret, la pièce «Canaille de D. », et deux rapports d’un agent de la Section de statistiques, François Guénée, le tout accompagné d’un commentaire de Du Paty de Clam, l’enquêteur mandaté par le ministre de la Guerre Mercier en 1894. Cette description, tirée d’un des premiers témoignages publics du lieutenant-colonel Picquart, fut adoptée lors du procès en révision qui réhabilita Dreyfus entre 1904 et 1906, et ne fut pas remise en cause depuis. La priorité des historiens et des juristes de l’époque avait d’abord été d’établir l’innocence du capitaine, et ils n’accordèrent donc, dans leur enquête, qu’un rôle secondaire au contenu exact de l’accusation de 1894.

 

Après sa réhabilitation, Alfred Dreyfus servit pendant la première guerre mondiale comme colonel, et termina la guerre avec la décoration d’officier de la légion d’honneur. En hommages a Alfred Dreyfus, une statue d’Alfred Dreyfus par Tim, installée en 1988 au jardin des Tuileries a été transférée au square Pierre Lafue où elle fut inaugurée le 16 octobre 1994.

 

La promotion 1995 de l’École nationale de la magistrature française prit le nom «Alfred Dreyfus» comme nom de baptême de promotion.

 

En 1997, dans une chanson, Yves Duteil rendit hommage à son grand-oncle.

 

Le transfert de ses cendres au Panthéon fut envisagé, mais Jacques Chirac indiqua le 5 juillet 2006 y avoir renoncé. Malgré de nombreux soutiens, il a été estimé que Dreyfus était d’abord une victime et que si héros il devait y avoir dans l’Affaire, c’était Zola, déjà au Panthéon. Robert Badinter, le CRIF, la Ligue des droits de l’homme furent également de cet avis.