Le stade de France est-il un stade en territoire étranger? C'est en tous cas ce que la déclaration du secrétaire d'Etat, Bernard La Porte, laisse supposer, en proposant de "délocaliser ces matches qui sentent un peu la poudre", pour ajouter qu' "il faut les jouer chez eux ou alors en province". Le ministre a rectifié ensuite, ne voulant pas "stigmatiser" une partie de la population.
Mais il est trop tard… Le secrétaire d'Etat a ouvert le boite de Pandore. Si tant de précautions ont été prises pour le match amical, si les organisateurs ont fait preuve de tant de démagogie, c'est que l'emplacement même du stade de France faisait craindre les sifflements qui ont eu court, mardi soir dernier.

Ce n'est pas la première fois que Bernard La Porte met les pieds dans le plat. Il n'est pas politicien, et n'a pas l'habitude de pratiquer la langue de bois. Il avait déjà légèrement offusqué Rachida Dati en déclarant n'être pas le père de l'enfant qu'elle porte, sur le ton de la plaisanterie.
Mais ce n'est pas tant la banlieue elle-même qui est à critiquer dans ce cas de figure.
 L'on a eu l'occasion, à travers l'aventure de Luc Besson à Montfermeil, de découvrir que les productions de film, pour tourner en banlieue, prennent des gardiens de sécurité du coin, pour s'assurer que la population sera calme… cela ne marche pas toujours, en témoigne l'incendie des dix voitures prévues pour le film.
Selon un article du figaro, les sifflements étaient prévus depuis quelques semaines. Il s'agissait de ne pas faire moins bien que les supporters "marocains" ou "algériens". L'on aura beau dire que les "siffleurs" sont tous français, le problème reste le même : ils ne se reconnaissent pas en tant que français, mais plutôt d'une nation idéalisée comme la leur et dans laquelle ils n'iraient pas vivre de leur plein gré.
Comment le pourraient-ils d'ailleurs? Résidents du 9-3, dont Brice Hortefeux déclarait devant des étudiants africains "(qu') un tiers de la population est de nationalité étrangère (…) Un autre tiers est composé de Français d'origine étrangère et le troisième tiers de Français “de souche”, même s'il faut utiliser cette expression avec précaution", avant d'ajouter pour finir "C'est évident que cette situation pose des problèmes.", il leur est difficile de se reconnaitre comme part entière de la société.
Ce n'est peut-être pas tant la concentration de personnes d'origine étrangère qui pose question. Les gouvernements de droite comme de gauche n'ont pas réellement mesuré la problématique, en laissant les banlieues se devenir des "zones de non droit", dans lesquelles les petits traffics de cité ont cours, mais où les services de police ou encore les pompiers ne se rendent plus sans renforts, pour raison de sécurité.
D'autant qu'à ce problème s'en rajoutent d'autres, qui en découlent, d'ordre social : difficile de trouver du travail avec une adresse un peu trop marqué, difficile de réussir un parcours scolaire dans un univers qui ne s'y prète pas.
Faut-il punir les huées envers la Marseillaise? Assurément! L'Etat doit se faire respecter, dans les cités comme ailleurs, s'il ne le fait pas sur ses symboles, autant laisser tomber pour la suite. Partir en province jouer les matchs de foot, ne fera que contourner une situation, l'aggravera peut-être.
L'intervention de Bernard La Porte peut faire polémique, elle n'en pose pas moins les bonnes questions…