La mascarade du triple A,

des agences de notations, et de Sarkozy.

Depuis le temps que l’on entend cette mise en condition, la France va perdre son triple A, elle sera même dégradée de deux crans, un de plus que l’Allemagne et des autres triple A. Leurs conclusions ne sont pas sans reproche, et leurs erreurs ou leurs favoritismes sont sujets à des critiques qui entament leur crédibilité, même si elles se tarent de toute impartialité. La dégradation de la note Américaine le 06 août 2011 par Standard & Poor’s fit apparaître à la suite du contrôle du trésor Américain une erreur de 2.000 milliards de dollars dans les prévisions budgétaires. La foudre s’abattit sur les marchés mondiaux, les États-Unis venaient de perdre leur triple A qu’ils avaient depuis 1941, le monde eu peur. Mais rien n’y fit l’erreur de 2.000 milliards de dollars de l’agence fut maintenue.

Il faut savoir qu’une agence de notation à pour but de prévoir à court terme l’évolution de la structure financière qu’elle est chargée d’étudier. Évolution qui tient compte d’un ensemble de paramètres comme la dette, les possibilités de croissance, le carnet de commandes, le potentiel industriel d’une société et les conditions sociales, un ensemble de paramètres qui classent la structure étudiée, c’est donc une extrapolation donnant une indication bonne ou mauvaise qui est délivrée au donneur d’ordre.

Une agence de notation fonctionne en fonction d’un contrat d’études qui lui est demandé par une société privée pour connaître la fiabilité financière d’un groupe privé avec lequel elle est sensée faire une affaire. Les agences financières telles que Fitch Ratings, Moody’s et Standard & Poor’s, opèrent, contre rémunération, elles sont donc liées au donneur d’ordres de sorte qu’elles ne peuvent être totalement impartiales, devenant juges et parties. Selon le barème 2009 de Standard & Poor’s pour les États-Unis par exemple, une entreprise doit verser au minimum 70.000 dollars au début du processus de notation, puis un abonnement de «surveillance» atteignant environ la moitié de cette somme initiale. Chaque fois qu’elle émet de la dette sur les marchés, elle s’acquitte alors en plus d’une commission de 0,045% de la transaction. 90% du chiffre d’affaires des agences de notation provient des entités notées. Ce modèle économique donne une haute rentabilité aux agences.

Dans le cas qui nous intéresse ce sont les banques privées qui prêtent aux États, et qui passent des contrats aux agences de notation, il faut en avoir conscience et être très prudent sur leurs conclusions. La société Enron une des plus grandes entreprise Américaine fit faillite en décembre 2001 en raison des pertes occasionnées par ses opérations spéculatives sur le marché de l’électricité, qui avaient été maquillées en bénéfices via des manipulations comptables. Cette faillite entraîna dans son sillage celle d’Arthur Andersen, qui auditait ses comptes. De plus, elles n’ont pas vu venir la faillite financière de Lehman Brothers qui est à l’origine de la crise des subprimes entrainant le crash financier de 2008-2009. Dernièrement le maquillage des comptes de la Grèce par des conseillés de Goldman Sachs, voir Démocratie ou agences de notation.

Le pire, c’est qu’elles agissent sans la moindre impunité et que les banques acceptent pour du pain bénit leur conclusion, qu’importe si les États courent à la faillite par les taux d’emprunts qu’elles imposent. Elles sont trois agissant en quasi monopole et dominant 90 % du marché. A l’origine leurs activités étaient vers les entreprises.

On se rappelle que Standard & Poor’s dégrada la France le 11 novembre. «Une incroyable bourde de cette agence de notation, annonçant par erreur en pleine crise de la dette que la France avait perdu son précieux triple A», a suscité la colère de Paris et l’ouverture d’une enquête des marchés, voir également Démocratie ou agences de notation. J’avais écrit que c’était pour nous préparer à une perte de notre triple A, ce qui reste valable eu égard à cette mise en condition.

Dans cette mascarade des agences, notre président est à l’aise, après avoir annoncé que si la France perdait son triple A, il serait mort. Bien que ce ne soit pas encore fait de façon explicite, il s’y résout, mais pas à mourir. D’ailleurs on ne voit pas pourquoi notre note n’est pas encore dégradée quand on se rapporte, non seulement à notre dette, mais à nos possibilités nulles de croissance, et si de plus on tient compte de notre déficit commercial extérieur dont on ne parle surtout pas. Le déficit cumulé pour les douze derniers mois de l »année donné par l’antenne le 9 novembre 2011 est de – 67,655 milliards d’euros. Il était de – 51,293 milliards pour l’année 2010. La France se dirige vers un déficit commercial annuel record. Pour l’Allemagne il est en hausse. Ses exportations ont grimpées à + 95 milliards d’euros, et ses importations ont reculées à – 77,6 milliards d’euros, mécaniquement son excédent commercial est de + 17,4 milliards d’euros. Il faut savoir que le commerce extérieur est pour presque la moitié affecté par l’achat d’énergie, les prix se sont envolés faisant la richesse des grandes sociétés pétrolières. Notre spread sur le commerce extérieur est de – 85 milliards par rapport à l’Allemagne.

En l’espace de quelques mois la perte de notre triple A n’est plus un problème pour Nicolas Sarkozy, qui déclare, «je n’ai pas été élu pour que la France connaisse un jour les problèmes de la Grèce, de l’Irlande ou du Portugal», il oublie l’Italie. «Avec les socialistes, on aurait perdu notre note 3 A». Au cours du temps notre cote fut soumise à des appréciations variables négatives par les agences mais glorifiés par la politique gouvernementale. Normal, reconnaître que la politique menée est catastrophique serait de suite reconnaître la réalité, tandis que dire que tout ce qui a été fait est bien fait, c’est la politique de la désinformation. De plus, accuser les socialistes s’ils étaient aux commandes que ça serait plus grave, c’est d’une part admettre que ça l’est, et c’est faire de la diffamation.

Exemple, le 19 août François Fillon exulte, «certains préconisent la création d’obligations européennes, les euro-bonds, qu’ils présentent comme une panacée». Mais ils oublient de dire que cela renchérirait le coût de la dette Française et pourrait même remettre en cause sa notation. Les euro-bons sont préconisés par François Hollande, ils reviennent à mutualiser les taux d’emprunts. Un pays qui aurait un taux d’emprunt très bas comme l’Allemagne par exemple verrait celui-ci s’élever au niveau du taux mutualisé, tandis que les autres verraient leur taux baisser. Seulement, dès lors que notre cote va être abaissée, ce n’est plus la même situation, notre taux d’emprunt sera plus élevé, les euro-bons seraient une bonne chose, le raisonnement d’hier de François Fillon n’est plus bon aujourd’hui. C’est une politique sans vue.

En fait le Merkozy a fait accepter à 23 pays au dernier sommet à 27 du 09 décembre une perte de souveraineté par le projet du traité intergouvernemental, voir L’Europe se rétrécie, mais refuse les euro-bons préférant que les pays très endettés soient écrasés par les spreads et contraints à des plans d’austérité draconiens, ce qui, dès le départ, mine le plan élaboré. Une politique à une jambe.

Le 17 octobre la charge contre François Hollande. Il «n’a pas la carrure», accuse le ministre de l’intérieur, Claude Guéant. «Avec Hollande, c’est le concours Lépine de la dépense, des impôts et des déficits», ironise-t-il. «Notre objectif, c’est la crédibilité, la responsabilité», assure la ministre du budget, Valérie Pécresse. Le 06 décembre, François Fillon, «les agences de notation, c’est très important, mais ce n’est pas le seul élément qui doit conduire le gouvernement dans ses choix». Le triple A, «c’est une façon de payer moins cher la dette, ce n’est pas un totem» explicite alors l’entourage du premier ministre. Rappelons que le 23 octobre selon le Canard enchaîné il y a encore six semaines, si la France perd son triple A, je suis mort ! Déclarait Sarkozy, il est maintenant ressuscité !

Nous sommes en récession c’est l’INSEE qui l’annonce ce qui coupe tout mensonge de gouvernement. Le dernier trimestre 2011 verra un recul de 0,2 % du PIB puis au premier de 2012 un recul de 0,1 % pour une quasi stabilisation de l’activité, il sera difficile d’atteindre les 1 % de croissance prévue pour 2012. Pour que la France atteigne péniblement ce demi-point de croissance l’an prochain, l’Insee calcule qu’il faudrait 0,6 % de croissance au troisième trimestre et au quatrième. De quoi renforcer la probabilité d’un troisième plan de rigueur dès le lendemain de la présidentielle. Sans doute plus dur que les précédents.

Quant au chômage c’est mal parti les salariés sont jetés comme des chaussettes usées par les entreprises qui broient du noir. Les 10% de chômeurs sont prévus d’ici à 2012.

Quand au feuilleton du triple A il semble qu’il se termine bientôt. Pour l’Élysée, mais pas dans les 24 heures, avant Noël ? Selon deux conseillers de l’Élysée cités par Nathalie Schuck, journaliste au service politique du Parisien, «L’Élysée ne s’attend pas à une dégradation du triple A dans les 24 heures, mais pense que ce sera fait avant Noël» selon le Parisien libéré.fr du 14/12/11.


 

8 réflexions sur « La mascarade du triple A, »

  1. des analystes s’interrogent sur la stratégie de communication
    de CHARLOZY, à quatre mois de l’élection présidentielle !

    [b]Notation pour CHARLOZY, TENDANCE C
    (En défaut, avec peu d’espoir de recouvrement)
    c’est bonnard !!!!!!!!![/b]

  2. Même MUM -la tunisienne- le dit !!!!!:
    La dramatisation du triple A,
    « erreur de communication » pour MAM !
    [b]Les conseillers diplomés bac+18 [b]nous[/b]
    coûtent excessivement cher !
    il va falloir décréter l’austérité !!!!!!!![/b]
    LE MIEUX ETANT QUE CHARLOZY QUITTE SON GITE !

  3. [b]Veritas[/b] bonjour,

    Oui j’ai vu, MAM l’a dit.

    Ce n’est pas une référence à moins qu’elle ait copié sur moi.

    Mis cet article met aussi en avant les euro-bons sujet qui a été évoqué par Cohn-Bendit sur la 2 hier soir.
    Non pas que je considère ce qu’il déclare comme une référence, mais, il rejoint mon avis.

    Bien à toi,

    Anido

  4. Ne devrait-on pas interdire la publication des notes attribuées par les agences de notation ?
    Puis, je pense que, face à ces agences de notation, les États, [i]qu’ils fassent partie de la Zone € ou qu’ils n’en fassent pas partie, devraient se se[/i]rvir de leurs banques nationales ou de la Banque Centrale Européenne, [i]pour les membre de la Zone €[/i], pour emprunter leur argent !

  5. [b]Dominique[/b] bonsoir,

    Tout à fait Dominique, c’est l’article 123 du traité de Lisbonne qui oblige d’avoir accès aux banques privées pour financer les États.
    J’ai plusieurs fois évoqué cet article dans les miens, tu peux en prendre connaissance à l’adresse : [url]http://anidom.blog.lemonde.fr/2011/11/21/democratie-ou-agences-de-notation/[/url]
    L’article s’intitule Démocratie ou agences de notation ?

    Bien à toi,

    Anido

  6. Anidom Nidolga,
    Cet article 123 ne fait qu’entériner la loi Giscard-Pompidou de 74, que Miterrand et les socialistes au pouvoir n’ont jamais cherché à abolir, me semble-t-il…

  7. [b]poissonrouge[/b] bonsoir,

    Tout à fait de votre avis.

    Seulement à l’époque cela pouvait se concevoir, éviter de battre monnaie pour contrer l’inflation, mais aujourd’hui, l’état de nos finances exigerait que notre dette soit soutenue par notre banque nationale qui possède plus de 5000 tonnes d’or !

    Quoi sert une banque richissime si le pays dans lequel elle est, court à la faillite ?

    Bien à vous,

    Anido

  8. Anidom Nidolga,
    L’indépendance -fictive- de la banque centrale n’a jamais permis de contrer l’inflation. Simplement de remplir les poches des banquiers devenus intermédiaires.
    A l’époque, la BC était sous la botte de l’état, maintenant, elle est à la botte des banques privées. Génial.

    [quote]Quoi sert une banque richissime si le pays dans lequel elle est, court à la faillite ?[/quote]
    A celui qui la possède pardi !
    Pour une banque privée, c’est évident, pour une banque centrale, ça sert à recaver les banques privées.

    Signalons que cette idée d’indépendance a démontré sa faillite dès 82. L’inflation qui nous pendait au nez est arrivée comme si de rien n’était. La crise n’a en rien été ralentie.

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