La guerre froide entre la Commission européenne et François Hollande

fit qu’il remit le diktat de Bruxelles à son juste niveau.

 

L’entente cordiale ! Les Echos.fr.

 

Support Wikipedia Il ne faut pas trop chatouiller notre président, s’il admit que des réformes sont nécessaires, et s’il admit le Traité de stabilité et de Coordination et de Gouvernance, le TSCG, avec les 3 % de déficit pour 2013, reportés à fin 2015 par la Commission, il ne faut pas lui en demander de trop. C’est bien plus qu’une guerre froide qui s’est instaurée entre Bruxelles et Paris c’est un bras de fer qui devra plier un jour. Les prétentions de la Commission deviennent insupportables, ce n’est pas parce qu’elle fut validée depuis vingt ans par les chefs d’État et de gouvernement qui réclamèrent un gouvernement économique qu’elle doit se permettre de donner des conseils de droite à un gouvernement socialiste qui récolte une gestion catastrophique. Ce n’est pas non plus par ce qu’elle représente 27 États membres et que ces recommandations sont approuvées au Conseil européen de juin qu’il faille exécuter ses demandes à la lettre. D’ailleurs, eu égard aux succès de ses conseils dans les autres pays du Sud de l’Europe elle ferait bien d’y regarder à deux fois avant de parler. Le Figaro tire à boulets rouges sur le gouvernement quand il écrit que la Commission de Bruxelles adresse 6 cartons rouges à la France. Vous pensez que du Figaro il n’y a rien à attendre, mais, si François Hollande acceptait d’emblée ces 6 recommandations, il crierait au scandale que François Hollande serait un mou aux ordres de Bruxelles. La politique politicienne n’en est que plus néfaste pour le pays.

La Commission de Bruxelles recommande à Paris de simplifier son système fiscal, d’abaisser le coût du travail et de réformer ses retraites. Rien de bien nouveau puisque c’est ce que la droite ne fit pas. Elle demande une réduction du déficit à 3,6% dès 2014.

Moins d’austérité, plus de réformes, mais c’est antagonique, les réformes sont de l’austérité. Il n’y a pas de réflexion. Abaisser le coût du travail, c’est réduire les charges sociales, c’est à dire, à terme, plus d’austérité puisque ce sont elles qui pallient aux difficultés des salariés de bas niveau. Quand aura-t-on à faire à des dirigeants qui se rendront compte que le social est également utile à l’équilibre entre les citoyens ? Quant au 3,6 % de déficit en 2014 impossible, voire De restrictions en pauvretés, comment réduire les dépenses de l’État pour les 3 %.

Ce que demande la Commission n’est autre que la contre patrie de ce qu’elle accorda en donnant deux années de plus à la France pour atteindre les 3 % fin 2015.

Le commissaire finlandais Olli Rehn du parti du centre, veut aller beaucoup plus vite et plus loin que Pierre Moscovici, en abordant la question du salaire minimum, l’un des plus élevés d’Europe, et des règles de licenciement, parmi les plus contraignantes. À-t-on déjà entendu qu’un salaire minimum soit trop élevé ? Voudrait-il que les salariés soient payés comme en Allemagne un euro de l’heure ? La question serait de lui demander quel est son salaire ? Quant à modifier les règles de licenciement, il oublie que l’accord sur la flexibilité et la sécurisation de l’emploi apportent déjà une réponse. Décidément, il n’y a rien de compatible avec des commissaires de droite et notre conception sociale.

Bien sûr nous avons des incohérences avec les retraites des régimes spéciaux EDF, GDF, SNCF, RATP, mais c’est oublier que ces agents sont sous statut et que leur retraite fut revue en 2008 et 2010. Les agents de conduite de la SNCF peuvent encore partir dès 50 ans, même si une importante décote s’applique alors à leur pension en général. D’autres catégories peuvent partir à 55 ans. Le relèvement des bornes d’âge de deux ans s’applique à eux comme pour le reste de la population, mais à un horizon plus lointain, à partir de 2017.

Pour les fonctionnaires, les règles de calcul restent beaucoup plus avantageuses que dans le privé pour certaines catégories de salariés. Le calcul de leur pension est basé sur les 6 derniers mois d’activité, alors que pour le privé c’est sur les 20 dernières années, ce qui constitue une injustice intolérable, c’est 20 % de plus sur leur pension d’autant qu’ils sont augmentés à la fin de leur carrière.

Quant à la retraite à 6o ans elle devrait être portée à 62 ans et plus par un allongement de la durée de cotisation, sauf pour les salariés ayant commencé très jeunes. Quand aux professions fermées médecins, pharmaciens, notaires, taxis, il certain qu’elles mériteraient d’être revues, mais en fait, elles sont en dehors du régime général de la sécurité sociale. Revoir ces pensions spécifiques conduirait à des difficultés qu’il est préférable d’éviter puisque ne présentant pas un intérêt majeur. S’attaquer de front à ces corporations qui font marcher l’économie serait suicidaire quand on sait que c’est du privé que l’État tire ses recettes. Il reste les pensions des parlementaires qui sont encore très choyés.

Plus d’équité dans nos retraites s’impose, si l’on veut un meilleur climat entre nous.

Il fut évident que devant de telles exigences François Hollande répliqua que la Commission n’a pas à se mêler du contenu des réformes, que sa mission est de faire le point sur les déficits, ni plus ni moins. C’est une vraie divergence politique puisqu’elle reviendrait à une ingérence intolérable. Prenons une image, «quand vous allez chez le garagiste, vous pouvez lui demander simplement de réparer votre voiture en panne en lui faisant totalement confiance, ou vous pouvez lui donner des instructions pour réparer ce qui ne marche plus, c’est donc le contraindre …», mais dans ce cas il ne peut être responsable, ce qui ne serait pas le cas, si François Hollande exécuterait les recommandations de la commission.

Pour Bernard Guetta sur France inter, c’est une impardonnable faute de la commission

«Mais de quoi se mêlent-ils, de quel droit, au nom de quel mandat et de quoi, délivrent-ils cette ordonnance», se disait-on en entendant les commissaires expliquer doctement qu’il fallait faire ceci et pas cela sur les retraites, ouvrir les professions fermées, «rendre plus attirant le retour au travail des chômeurs», autrement dit baisser leurs indemnités, et l’on ne sait plus quoi d’autre encore. On se le disait à juste titre car ces commissaires désignés par les gouvernements, et non pas élus, par qui que ce soit ont pour fonction de veiller au respect des traités et de proposer, simplement proposer, des politiques aux pays membres et certainement pas d’enjoindre leurs gouvernements d’appliquer celles qui semblent bonnes à la Commission», lire la suite ici.

François Hollande en visite officielle à Rodez, Aveyron, nous, nous avons à respecter les engagements européens par rapport à la réduction des déficits. En ce qui concerne les réformes structurelles, c’est à nous, et à nous seuls, de dire quel sera le bon chemin pour atteindre l’objectif. «Ce qu’il ne veux pas, c’est que l’on puisse dire que nous faisons la réforme des retraites parce que la Commission nous le demande», expliqua son entourage, soucieux que le président n’apparaisse aux ordres de Bruxelles bisant ainsi la souveraineté française. Et ce, alors que doit se tenir, les 20 et 21 juin, une conférence sociale, avec les partenaires sociaux, en vue de présenter un projet de loi en septembre.

 

En visite à Rodez le mercredi 29 avril/ Jean-Claude Coutausse/french-politics pour le Monde.fr.

 

François Hollande sait très bien qu’il a à faire cette réforme, mais il fut agacé par la façon dont la Commission s’est exprimée, comme si c’est elle qui aurait le pouvoir d’agir sur la France. L’équilibre des retraites est à faire pour un équilibre en 2020, il n’y a donc aucune précipitation seulement à comment poursuivre ce qui ne fut fait par le gouvernement précédent. Pour le gouvernement les recommandations ne sont pas des injonctions. «La France va respecter ses engagements, ce qui implique un certain nombre de réformes que nous ferons à notre manière».

Pour l’opposition, «c’est une mise sous tutelle, et c’est une humiliation». Quant à Marielle de Sarnez du Modem, elle déplora cette intrusion de la Commission sur les compétences nationales. «Les réformes doivent être faites car nous en avons besoin pour nous-mêmes, pas parce que Bruxelles le demande, a-t-elle réagit. C’est à nous de décider des modalités à mettre en œuvre, la Commission n’a pas à donner le détail». Pour l’autre opposition de gauche, la potion délivrée par la Commission doit être impérativement rejetée. Jean-Luc Mélenchon y voit «une déclaration de guerre sociale contre le peuple français. La France doit refuser d’appliquer ces recommandations et désobéir» a-t-il ajouté.

Il n’en fallait pas tant pour déclencher une guerre sociale et compliquer un peu plus les réformes à engager.