Hier, je n’ai pas eu le loisir d’écrire et de poster un papier. Pour en finir une bonne fois avec une polémique que je trouve stupide, je tiens à préciser au farouche défenseur de Vichy, encore qu’il n’y soit pas né et qu’il n’y ait pas vécu depuis bien longtemps, que j’ai passé pas mal de temps, trop à mon sens, dans cette ville qui, soyons franche, n’est pas plus chiante qu’Enghien les Bains (où j’ai vécu plusieurs années), Forges les Eaux, Plombière (l’ex-mari de ma fille néo-zélandaise était, comme c’est drôle, directeur des casinos de Forges les Eaux et de Plombières), ou Ax les Thermes (à une portée de  fusil de chez moi quand je veux aller en Catalogne, côté Espagne, sans passer par Carcassonne  et les autoroutes plus ou moins à péage). 

 

J’ai été frappé d’ostracisme par l’éditeur de C4N. Un, il a bouffé mon texte de lundi. Deux, il m’a empêché d’accéder à mon compte jusqu’à ce jour. Trois, c’est ma faute, ma très grande faute : je sais depuis un moment que l’éditeur en question est plus ou moins buggé. Donc, j’écris mon texte avec Open Access et je l’importerai ensuite.

 

Le bulletin municipal de mon immense village (52 habitants, dont quelques mineurs et divers étranges étrangers dont certain ont même le droit de vote aux élections locales) nous invitait  voici peu, ma femme et moi, à venir déjeuner gratuitement aux frais de l’ACCA le dimanche 15 avril. Ignorant totalement ce qu’était l’ACCA et désireux d’autre part de tâter le pouls de la population à une semaine de la présidentielle, nous gagnâmes en auto le château (nom donné à la mairie, fort belle construction assortie d’une vue extraordinaire sur les montagnes et, en contrebas, sur la vallée de la Lèze) . Nous finîmes par trouver la salle des fêtes, immense bâtiment, tout parpaings creux, placoplâtre, grandes baies vitrées et toiture en tôle ondulée.

 

Une trentaine de personnes se trouvait là. J’en connaissais vaguement deux. Des dames. L’une femme-tronc à la caisse du Super U des Bordes sur Arize, où je m’avitaille de temps à autre. La seconde, voisine installée à quelques centaines de mètres de chez moi, spécialiste des chats, et partisan farouche du président actuel.

 

Le président de l’ACCA nous offrit l’apéro. Je pris un whisky, bon, du reste. Pas une imitation bretonne. J’en profitai pour lui demander ce que cachait le sigle de son association. Des chasseurs, appris-je, mais pas des viandards. Plutôt des régulateurs de la faune locale, laquelle pose parfois des problèmes. A moins de deux kilomètres de chez moi, sur le territoire de la célèbre commune d’Artigat, patrie du regretté Martin Guerre, d’immenses corbeaux (pas de simples freux, non de vrais gros oiseaux) ravagent les élevages d’ovins : ces volatiles décervèlent les tout petits agneaux, leur dévorent les yeux et autres gentillesses. La tentation est grande, notamment chez les éleveurs, de prendre le fusil et de flinguer les corbeaux. Voui. Mais. Ces corbeaux, fort peu nombreux, sont une espèce menacée de disparition et donc protégée. Leur tirer dessus entraînerait des sanctions épouvantables. Pour l’ACCA (dont nombre d’éleveurs sont membres), l’enjeu réel de la présidentielle est là : faut-il laisser prospérer et peu à peu pulluler ces dangereux oiseaux ?

 

Là où le bât blesse davantage encore, c’est que ces éleveurs refusent le système de la batterie. Leurs moutons, comme leurs cochons, ou leurs bovidés, vivent le plus possible dans la nature, et mènent dans l’ensemble une existence heureuse, leur seul mauvais jour étant le dernier de leur vie. Les vilains qui, eux, entassent dans des conditions innommables leurs bêtes ne craignent rien, eux, des grands corbeaux. Ce sont les mêmes d’ailleurs qui salopent nos routes à la peinture jaune pour déclarer « STOP AUX OURS ».

 

Tout en dégustant l’excellent repas offert par l’ACCA, je ne pouvais penser au caractère métaphorique de toute cette affaire, surtout à huit jours du premier tour de la présidentielle.

 

Par ailleurs, et à tant que faire, la Banque Postale continue à m’emmerder. J’ai reçu une lettre comminatoire d’un larbin de cette entreprise. Comme il m’agaçait énormément, je lui adressé, via la Poste, le courrier suivant :

 

 François Lourbet 18 avril 2012

Lieu dit Mangane

09130 LANOUX

 

Mon numéro figure au verso sur la photocopie de votre lettre. J’ai autre chose à faire que de recopier ces données.

 

 

Monsieur,

 

je reçois avec une surprise mêlée d’indignation votre courrier daté du 16 avril. Je pourrais constater que j’ai un solde débiteur si je pouvais consulter mon compte par Internet, ce qui n’est pas le cas. Mon identifiant n’est pas bon, ou je n’ai pas le bon mot de passe, ou le diable sait quoi d’autre, et votre pavé numérique est une assez incroyable saloperie. Comme votre sœur ennemie, j’ai nommé cette cochonnerie d’Orange, me prélève chaque mois des sommes parfaitement indues (ces gens l’ont reconnu par téléphone à diverses reprises) sur le compte qui me sert à provisionner mon compte chez vous, je suis parfois débité sans savoir pourquoi ni comment. Avec nos maigres retraites et notre santé pitoyable (ma femme souffre des séquelles d’un cancer, et, pour ma part, j’ai été opéré trois fois au cours des neuf derniers mois, dont deux au CHU Rangueil de Toulouse), nous avons l’impression, très vraisemblablement justifiée, que votre « banque » est un drôle d’établissement, même si c’est la plus grosse banque de France (ce qui ne durera pas, si vos chefs continuent à fermer des bureaux et à licencier du monde. Mais dans les prochaines semaines, je l’espère, le responsable de tout cela risque de devoir s’adresser au Pôle Emploi, si ça sert à quelque chose dans une ergastule… Faudra penser à lui envoyer des oranges, comme on dit).

 

J’ai ouvert ce compte en avril 2008 avec une somme relativement importante (plus de 100,000 €) . Je n’ai jamais eu d’impayés ni d’incidents. Et c’est vous, vous, ou l’un de vos collègues, qui, d’un trait de plume, nous a supprimé 90% de notre découvert autorisé (toujours comblé à la fin de chaque mois), ce qui nous a mis, passez l’expression, dans une merde épouvantable. Savez-vous ce qu’est que de vivre à deux avec moins de 800 € par mois ? J’imagine que non. C’est une expérience intéressante… Je vous conseille de l’essayer.

 

Au fait, votre banque m’a égaré, voici plusieurs années, un virement de plusieurs milliers d’euro vers un compte que nous avions alors chez Dexia, au Luxembourg. Je l’ai signalé. On m’a dit « oui-oui » et puis plus rien. La somme a été débitée sur mon compte mais n’est jamais arrivée au Grand Duché. Je sais que cette évaporation ne peut être imputable qu’à un bug informatique quelconque. Je sais également que nous ne reverrons jamais cet argent. Mais les erreurs font partie du quotidien. Et ni vous ni moi n’y pouvons rien. Sauf que ça me fait mal de me voir réclamer 195,16 € alors que l’incroyable (et parfois mortelle, pour ses employés) impéritie de votre entreprise m’en a fait perdre plusieurs milliers que je ne reverrai jamais, sauf en cas d’audit minutieux, mais j’ai passé l’âge de rêver…

 

Le lendemain du premier tour de la présidentielle, soit le 23 avril(je ne pourrai pas avant), j’irai verser au bureau de Poste du Fossat les 195,16 € que je dois à la BP (c’est marrant : les mêmes initiales que British Petroleum, ce qui se passe de commentaires). Et même un peu plus, pour être dans le vert. J’espère que vos grands patrons, si peu et si mal rémunérés (quelques millions d’euro par an, une broutille), sauront en faire bon usage.

 

J’ai déjà publié les ennuis que vous me faîtes sur divers réseaux sociaux. Mon intervention évitait de citer votre nom et vos coordonnées, que je connais. Je ne sais pas si j’aurai la force de garder le silence plus longtemps. Toutefois, comme j’ai fait appel, pour l’instant sans réponse, au Modérateur de la Banque Postale, j’espère un peu plus de compréhension, c’est à dire le retour à mon statut précédent, au moins jusqu’au mois d’octobre. A ce moment, j’aurai vendu mon nouveau livre, et j’aurai la paix financière durant quelques années.

 

Je n’ai aucune envie de vous téléphoner. Je sais trop bien qu’il est pratiquement impossible de vous joindre. Je me demande d’ailleurs pourquoi, avec un 05 61 etc , votre adresse postale est à Bordeaux. Sublimes mystères des machins démantibulés par la privatisation…

 

Comme je suis un garçon bien élevé, je vous retourne vos salutations mais je ne crois pas, pour l’instant, être en mesure de dire que les miennes sont sincères : ce serait travestir la vérité, ce dont j’ai horreur.

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Je n’ai pas nommé ce type. Il le mériterait cependant, vu sa méchanceté et, surtout, sa totale incompétence.

 

Si je n’étais déjà convaincu, le comportement de ce genre d’individu me convaincrait de voter Hollande dès dimanche 22. Pas par enthousiasme, je l’ai dit et répété, mais parce que ce vote me semble la seule manière de nous débarrasser du responsable de tous nos malheurs.

 

François Lourbet