Ha…l’alerte : gyros, doner, kebab, shawarma au porc !

La plupart des Grecs d’Athènes ou de Thessalonique vous le diront : on ne trouve pratiquement plus un seul restaurateur proposant des gyros à préparer son plat lui-même dans toute la Grèce… Évidemment, il en est de même dans toute l’Europe, voire en Israël, mais au Royaume-Uni (voire ailleurs), on trouve même des kebabs au… porc ! Halal… erte ! 

Quelle que soit la dénomination (gyros, kebab ou döner, shawarma, &c.), les viandes grillées à la verticale sur des broches contiennent de moins en moins de mouton.
D’ailleurs, en France, chez l’un des fournisseurs de viande à kebabs surgelée, France-Kebab, il est bien précisé que « les viandes les plus communément utilisées sont le veau, la dinde et le poulet ».
Et rien d’autre, pas du tout de porc ?  En tout cas, nulle mention de viande de mouton…

Au Royaume-Uni, c’est pire.
Des fonctionnaires chargés de vérifier la bonne conformité aux Trading Standards, soit les équivalents de nos inspecteurs de la Concurrence et des prix, ont testé vingt kebabs, sans trouver de viande d’agneau en proportions dominante.
Mieux : des plats désignés curry d’agneau (lamb curries) étaient, à près de 75 %, totalement exempts de viande de mouton, quelque soit l’âge de la bête.

Pour les kebabs, « tous contenaient un mélange d’agneau et d’autre chose, soit de porc, de bœuf ou de poulet, » rapporte Chris Hanlon, du Daily Mail. Oui, de porc, de cochon, d’halouf et autres cochonneries comme des colorants artificiels, peut-être à base de gélatine de porc, allez savoir…

L’agneau, c’est cher…

L’agneau est supposée donner une viande grasse, mais il est cher, bien davantage que le poulet.

Mais avec quelques adjuvants de diverses provenances, tout peut s’arranger pour en imiter le goût.

70 % des kebabs testés étaient rehaussés de colorants artificiels divers et d’agents de saveur. Certains dépassaient la dose de 13 à 18 la limite autorisée.

Charitablement, le journaliste du Mail l’attribue à de possibles erreurs dans la préparation des marinades… Sur place ou à la source, chez le grossiste ?
Ce n’est pas précisé.

L’enquête à porté sur des villes moyennes (dont Stratford upon Avon, patrie du Barde, Nuneaton et Rugby…) et le poulet, au moins deux fois moins cher que l’agneau, prédominait.

Que l’on sache, aucun mahométan ou israélite ayant consommé un kebab au porc dans le Warwickshire, même en se fournissant régulièrement chez le même restaurateur, n’en a subi de fâcheuses conséquences. En revanche, toutes et tous, que la présence de porc leur importe ou non, peuvent avoir développé des allergies ou, pour les enfants, de l’hyperactivité, du fait de la présence massive de colorants.

Bah, les affaires sont les affaires, et comment donc des contrôleurs religieux, censés n’avoir jamais goûté au porc, pourraient-ils en détecter la présence dans la masse empilée des tranches de viandes diverses ?

Et en France ? Au lieu de polémiquer sur la conformité casher ou halal, il serait peut-être plus urgent de savoir ce qu’on nous fait au juste ingurgiter, non ? Mais là, de forts intérêts sont en jeu.

Confits d’apports douteux

Chaque semaine, dans sa rubrique « Confit de canard », le Canard enchaîné révèle l’incroyable chimie de la chaîne alimentaire (cette semaine, ce sont encore une fois les études financées par des grandes marques et menées par des experts stipendiés par les mêmes, qui reviennent sur le tapis).

Le kirhino gyros (kiryno gyros), ou gyros au porc, est généralement bien signalé sur les produits grecs ou encore bulgares. Mais ailleurs… Pour les souvlakis (petites brochettes ou sandwichs grecs), le porc est souvent remplacé par du poulet, moins cher encore.

Les Allemands, grands consommateurs de kebabs, ingurgitent environ trois millions de kebabs à emporter par an (soit 300 tonnes de viandes diverses). Le prix de revient à l’unité est inférérieur à un euro pour le restaurateur. En France, c’est plutôt vendu quatre euros pour emporter, plus cher servi ou à consommer sur place, dans une assiette. Avec la pizza surgelée, c’est l’une des préparations les plus rentables… surtout si le poulet d’élevage intensif prédomine.

Et c’est tellement meilleur avec un peu de saindoux mélangé ! Halal… bonne vôtre !

 

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

2 réflexions sur « Ha…l’alerte : gyros, doner, kebab, shawarma au porc ! »

  1. Je ne suis absolument pas surpris par le contenu de cet article très intéressant, ni par le fait que l’on nous fasse avaler n’importe quoi… Mais il n’y a pas que dans les Kebabs que l’on doit trouver des « bizarreries » de composition… Dans les fast-food et leurs « tranches » de viandes blanches reconstituées, ( j’en ai goûté un morceau dans le hamburger dont mon fils se délectait il y a peu), je me demande bien ce que l’on peut imaginer y trouver… Et dans les restaurants chinois ? Là encore mieux vaut manger les yeux fermés…
    Je pense effectivement qu’il va falloir un de ces jours mettre un coup de pied dans la fourmilière de l’alimentation, et là… Attention aux surprises !
    Merci en tout cas pour cette piqûre de rappel [b]Jef Tombeur[/b]

  2. Eh oui, Dyonisos, mais les lobbies sont puissants.
    D’ailleurs on ne sait trop si les autorités sanitaires européennes sont plus drastiques que les françaises ou le contraire. En tout cas, question médicaments, en France…

Les commentaires sont fermés.