Présidentielles: le rôle du débat

Le débat d’entre deux tours de l’élection présidentielle Française aura lieu ce mercredi 2 mai 2012. Il opposera François Hollande à Nicolas Sarkozy, le président sortant. Ce dernier souhaitait trois débats entre le premier et le second tour, le premier n’en souhaitait qu’un seul. Mais quel sera donc le rôle de ce débat tant attendu? 

A l’orée du second tour, les scores du premier ne donnent qu’un léger avantage au candidat du Parti Socialiste (28,63%) face au président sortant (27,18%).

Si l’on reporte de manière schématique les voix des autres partis au premier tour, on peut peut penser que celles de Jacques Cheminade (0,25%), Nathalie Arthaud (0,56%), Philippe Poutou (1,15%), Eva Joly (2,31%), Nicolas Dupont Aignan (1,79%) et Jean Luc Mélenchon (11,10%) iront vers François Hollande, ce qui amènerait le vainqueur des primaires socialistes à hauteur de 45,79%. Pour Nicolas Sarkozy, il semble que l’intégralité des voix recueillies par Marine Le Pen n’ira pas vers lui. S’il devait en récupérer ne serait ce que la moitié, il parviendrait à un score de 36,15%. C’est le total (approximatif convenons en) auquel il est possible d’arriver aujourd’hui. Sans parler des voix recuellies par François Bayrou (9,13%).

Et c’est là que le débat de mercredi prend toute son importance. Car il reste des électeurs indécis à convaincre. Pas à gauche, certainement pas non. Mais à l’extrème droite et au centre, oui! Bon nombre de votants du Front National ont cette année été des déçus du Sarkozysme. Pas certain donc qu’il se tournent vers lui au second tour. Improbable également qu’ils se tournent vers la gauche. A moins que lors du débat de mercredi, Nicolas Sarkozy fasse preuvre de tout ses talents d’orateurs pour en convaincre une bonne partie par son discours sécuritaire, sujet sur lequel il sera en complète opposition face à François Hollande. On connait les capacités de conviction de Nicolas Sarkozy. Nul doute que certains électeurs indécis y seront sensibles mercredi. Peut être n’attendent-ils que cela.

François Bayrou n’a de son côté donné aucune consigne de vote pour le second tour. Pourtant, ses 9,13% vont peser lourd. Et même si ses collaborateurs ont déjà clamé haut et fort qu’ils voteraient pour le candidat socialiste, il n’est pas certain qu’ils soient suivis intégralement dans ce sens. La tendance est tout de même à ce qu’une grande majorité des votants centristes se tournent vers François Hollande, même si nombre d’entre eux risquent de s’abstenir ou de voter blanc (ce qui est valable également pour les électeurs du Front National). Là encore, les centristes indécis seront attentifs aux paroles de Sarlozy et de Hollande lors du débat de mercredi, même si pour le coup, ils attendront davantage d’élements de politique économique que sécuritaire.

Ce débat, enfin, opposera deux hommes. Et il est fort à parier que l’on ne parlera pas que "vraie" politique. On peut s’attendre à quelques coups bas et à quelques mots bien sentis et déstabilisants. De ce point de vue, Nicolas Sarkozy, mieux rompu à toutes ces joutes verbales, dispose d’un avantage certain, même si François Hollande constitue pour lui un tout autre adversaire que Ségolène Royal.

A ce jour, les études et les sondages donnent un score à minima de 53% pour le candidat socialiste au second tour. Les spécialistes s’accordent à dire qu’un débat télévisé peut faire gagner ou perdre 3 points. Je suis bien curieux de voir quels chiffres donneront les sondages jeudi matin…