« Han ! T’as vu ce qui s’est passé à Machinville ?
– Euh non… Quoi ?
– Attends, tu blagues ? On ne parle que de ça à la télé…
– J’ai pas la télé.
– Ah ouais ? Tu viens de déménager et t’as pas encore de contrat ?
– Non non… J’aime pas la télé.
– Ah, carrément… Mais bon, ça fait le tour sur Facebook, t’as bien dû lire un truc là-dessus ?
– Je ne suis pas sur Facebook.
– T’es un peu ouf, toi… Et Twitter ? Google+ ?
– Non plus.
– Bon, file-moi ton numéro de portable, je t’enverrai des liens par SMS.
– J’ai pas de téléphone.
– Attends là… En plus, t’as pas de portable ?
– Pas de téléphone. Pas de fixe non plus.
– Carrément…»
Il fut un temps lointain où l’inadapté social avait le profil du gars hirsute, un peu crade, qui déambulait dans les rues tête baissée en grommelant quelques mots dont lui seul connaissait la signification. On le toisait avec méfiance, on le craignait même parfois. Il n’était pas du même monde, on n’avait rien à lui dire. Il détonnait tant dans le paysage social conventionnel que s’il lui était poussé des antennes vertes sur le crâne dans la nuit, personne n’en aurait été surpris.
En 2012, les inadaptés sociaux se signalisent extérieurement par une posture bien différente. Se tenant debout, seuls et silencieusement, dans les wagons des transports en commun, ou hantant discrètement la terrasse d’un café, on les différencie de l’homme moderne traditionnel par l’absence de portable dans la main droite et le non-besoin compulsif de guetter chaque minute l’arrivée d’un nouveau message. Ce qu’ils vivent, ce qu’ils pensent, ils ne le partagent que très parcimonieusement en tête à tête avec les rares personnes en lesquelles ils ont réellement confiance, ou gardent songes et sentiments précieusement en eux. L’idée même de les étaler sur les réseaux sociaux leur semble vaine et dérisoire, voire ne les effleure pas. En cette ère virtuelle où l’information massive, la désinformation et la manipulation médiatique sont notre pain quotidien, les inadaptés sociaux n’en mangent pas, préférant grignoter de quoi satisfaire leur appétit culturel et intellectuel auprès de quelques sources obscures, mais fiables, faiblement référencées par Google. Alors, lors des repas dominicaux en famille, ils ne se mêlent pas aux discussions dont ils ignorent les fondements. Ils se taisent, écoutent, regardent, où s’évadent mentalement dans une indifférence générale qui, finalement, leur convient très bien. Car s’ils sont inadaptés sociaux, ce n’est, pour la plupart, pas par déficience de leur fibre de sociabilité, mais par un réel choix, par conviction. Ils sont ce qu’ils sont et ne chercheront jamais à travestir leur âme pour se fondre dans le décor. C’est alors aux adaptés sociaux de les accepter ainsi ou de choisir de les fuir. Je suis une inadaptée sociale, ni fière ni honteuse de l’être.
[b]Clap, clap, clap ! Betty Boop ?[/b]
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Elle-même 😉
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En 2012, les inadaptés sociaux se signalisent extérieurement par une posture bien différente.[/quote]
[quote]L'[b]idée même de les étaler sur les réseaux sociaux leur semble vaine et dérisoire, voire ne les effleure pas. En cette ère virtuelle où l’information massive, la désinformation et la manipulation médiatique sont notre pain quotidien, les inadaptés sociaux n’en mangent pas,[/b] préférant grignoter de quoi satisfaire leur appétit culturel et intellectuel auprès de quelques sources obscures, mais fiables, faiblement référencées par Google.[/quote]
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non,je n’appelle pas cela des « inadapté »,c’est plutôt des gens qui ont une personnalité ,une intelligence et qui s’en serve,l’homme de la rue avec son portable dans ses bras,dans sa bouche,est un véritable esclave de cette civilisation!!!
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Bonjour Mozarine,
Le terme d’inadapté se voulait quelque peu ironique. C’est toutefois l’image que l’on donne souvent sans le vouloir. D’autres diront « peu sociables », ce qui peut être perçu pour certains comme une forme de handicap mais ne l’est toutefois aucunement. On vit très très bien sans téléphone, sans télé ni Facebook en 2012 😉
oui Betty,j’avais bien compris ce terme mais je voulais un peu expliquer ce phénomène…