Hostilité contre le pape

On n'a pas encore entendu Michèle Alliot Marie pourtant ministre des cultes sur le propos du Pape,  la classe politique française et apparemment uniquement française s'en est pourtant donné à coeur joie dans la surenchère des réprobations et MAM  est toujours aux abonnés absents…

 

Les propos du pape Benoît XVI sur le préservatif face à l’épidémie de Sida en Afrique a poussé certaines personnalités que l’on pensait les plus prudes à des réflexions inattendues. Le ministre du Logement, Christine Boutin, est en effet montée au créneau pour défendre sa sainteté avec des arguments plus hédonistes que théologiques en soulignant : « Ce n’est pas drôle de mettre un préservatif quand on fait l’amour » ! CQFD !

Les réactions contre les déclarations du pape ont été unanimement hostiles. Si le message de Benoît XVI indiquant qu’on « ne peut résoudre ce fléau [du Sida] en distribuant des préservatifs » et surtout que cette méthode « risque au contraire d’augmenter le problème » ne fut finalement guère étonnant, compte tenu de sa personnalité et de ses convictions, l’avalanche de réactions qu’il a provoquée apparaît plus spectaculaire. Les commentaires ont en effet été si vifs hier, que l’on ne peut manquer de s’interroger sur la naïveté de nos dirigeants qui semblaient en effet vivre dans l’illusion qu’un changement de discours papal sur ce thème soit possible ou plus simplement qu’il prendrait acte de son rôle pour nuancer ses déclarations si peu pragmatiques !    

Alain Juppé, ancien ministre des Affaires étrangères a estimé hier sur l’antenne de France Culture que le pape vit en situation « d’autisme total » faisant mine, malgré sa légendaire finesse d’analyse, de ne pas vouloir comprendre ce que Benoît XVI voulait signifier en soulignant que le préservatif pouvait « augmenter le problème » du Sida.

 Rama Yade, fut aussi marquante, à se déclarer « ahurie » par les propos « régressifs du pape ». La grande nouvelle de ces dernières quarante-huit heures ne fut en effet pas que Benoît XVI reste réfractaire au préservatif, mais plus certainement qu’officiellement, le ministère des Affaires étrangères d’un pays laïc accorde tellement d’importance aux propos d’un dignitaire religieux qu’il en publie un communiqué officiel exprimant ses plus « vives inquiétudes ».

Ces dernières, si elles peuvent apparaître légitimes, sont-elles cependant justifiées ? Médecins du Monde a assuré hier que les paroles du locataire du Vatican sont « gravissimes quand on voit l’impact que ce type de message peut avoir en Afrique. Ce sont des années de travail qui sont remises en cause, et surtout ce sont des millions de gens qui vont être contaminés à cause de ces déclarations ». Encore faudrait-il que ces dernières soient entendues. Hier dans les rues de Yaoundé, les journalistes qui suivent le voyage du pape en Afrique, ont pu constater que rares étaient les fidèles venus accueillir le saint père qui avaient eu vent de la polémique entourant ses propos sur les préservatifs. Sans doute n’avaient-ils pas non plus prêté attention aux réactions de certains évêques africains, ayant tenu à afficher publiquement leur soutien à Benoît XVI. Il faut dire que si la visite papale est appréciée en Afrique, les prises de position du Vatican et plus encore d’une église africaine, décriée pour sa corruption et son embourgeoisement sont souvent sujettes à caution. « Que le pape le veuille ou non, sur 100 catholiques, 99 utilisent aujourd’hui le préservatif ». La formule est sans doute destinée à frapper les esprits pour démontrer la faible influence des directives papales sur les mœurs des Africains, mais ne reflète certainement pas parfaitement la réalité statistique, sur un continent où la première entrave à l’accès au préservatif n’est désormais plus la morale catholique ni les préjugés culturels mais plus simplement la pauvreté !

Espérons qu’en ce week-end de Sidaction  les indignations seront aussi fortes pour dénoncer que en dehors des voyages papaux, la détresse des patients africains est souvent oubliée…