Le procès du Colonel Steven Jordan, le seul officier américain poursuivi après le scandale des sévices infligés à des prisonniers à la prison d'Abou Ghraïb en Irak, s'est ouvert lundi devant une cour martiale à Fort Meade (Maryland, Est).
Plus de trois ans après la publication des photos montrant des prisonniers irakiens humiliés par leurs gardiens américains, seule une poignée de soldats ont été jugés, et aucun des hauts responsables civils et militaires de la défense n'a été poursuivi.
Sur les photos qui ont fait le tour du monde, on voit des détenus nus empilés sur le carrelage de la prison, attachés à des fils électriques, sous la menace de chiens d'attaque, la têtecouverte de sous-vêtements féminins ou contraints de parader nus devant des gardiennes américaines.
Le ministre de la défense d'alors, le controversé Donald Rumsfeld, a assuré avoir présenté sa démission à deux reprises au plus fort du scandale, tout en maintenant que les sévices n'étaient le fait que de "quelques pommes pourries" au sein d'une armée de centaines de milliers de soldats.
Au total, onze soldats ont été condamnés à des peines allant de quelques heures de travaux d'intérêt général à 10ans de prison. La plupart ont assuré avoir simplement obéi aux ordres.
Officiellement responsable du centre des interrogatoires, le colonel Jordan, 51ans, il s'est consacré uniquement à l'amélioration des conditions de vie des soldats affectés à la prison, où régnait un sentiment d'abandon accentué par les attaques au mortier, fréquentes et parfois meurtrières.
Cet officier de réserve spécialisé dans l'analyse du renseignement, et non pas dans sa collecte, n'a pas cherché à superviser les interrogatoires, livrant à eux-même des soldats en sous-effectifs, mal formés, et soumis à une forte pression de la hiérarchie pour obtenir des résultats.