Après avoir éjecté Bockel, la Françafrique fera ce qui lui plaît en mai

« En avril, ne te découvre pas d’un fil », veut le dicton. Mais en Françafrique, un coup de froid est vite passé. Bockel aura fait les frais du ménage de printemps et après un an de tergiversations sarkoziennes entre rupture timide et continuité inavouée, la Françafrique reprend définitivement ses droits autour de son pilier : le pétrole du Golfe de Guinée.

Deux visites de haut rang prévues en mai dans les pétrodictatures d’Afrique Centrale, avec comme teaser, à en croire la Lettre du Continent [1], une visite groupée des Dalton de la Françafrique (« Jo » Bourgi, « Jack » Guéant, « William » Joubert et tel Averell, le bleu Joyandet promu à la Coopération) auprès de Ma’ Bongo. Mais qu’est-ce qui fait courrir la France officielle aux côtés de sa face la plus obscure ?

Comme nous l’avions malheureusement prévu dès janvier, la détermination de Bockel concernant les régimes pétroliers d’Afrique accusés de gaspiller leurs ressources s’est définitivement dissoute dans l’or noir.

Comme signe de reprise en main par les réseaux très souvent enterrés mais toujours bien efficaces, l’ambassadeur de France au Congo vient d’annoncer une rallonge de 80 millions d’euros au plan d’aide de 180 octroyés en décembre par Nicolas Sarkozy, contre l’avis des différents services ministériels qui n’en prévoyaient que 113 maximum. Sassou Nguesso ne s’est pas contenté d’obtenir, avec son gendre gabonais, l’entremise de Bourgi et l’oreille de Guéant, la tête de l’Alsacien déchu aux Anciens combattants, il a aussi obtenu un bonus alors que les caisses sont censées être vides au Trésor français et qu’il semblait que l’ensemble de l’enveloppe était conditionnée à l’accession du Congo au point d’achèvement de l’initiative PPTE de réduction de sa dette publique, ce qui n’est pas prêt d’arriver vus les efforts contraints et faiblards des autorités congolaises pour mettre fin à la corruption et la gabegie budgétaires dans son pays…

Le Club de Paris, qui regroupe les principaux pays prêteurs, serait même très inquiet de l’utilisation des fonds récupérés des annulations de dettes : les indisciplinés disciples de Sassou oseraient rembourser les fonds vautours et constituer des cautions élevées aux prêts qu’ils obtiennent de la Chine [2]… Mais cela semble ne pas peser lourd quand il s’agit de satisfaire un obligé…

Et pour fêter ce satisfecit à la mauvaise gestion, la France devrait envoyer son néophyte Secrétaire d’Etat à la coopération, Alain Joyandet, au mois de mai puisqu’il irait aussi inaugurer la nouvelle exploitation pétrolière de Moho-Bilondo qui permettra à Total de redevenir le gros mastodonte du pétrole congolais.

Mais finalement tout cela n’est qu’un prélude avant le grand sacre du parrain de Luanda, Dos Santos, le 23 mai, par Nicolas Sarkozy himself, pour célébrer la pôle-position de Total en Angola en cette année 2008.

Combien pèsent les militants angolais et congolais des droits de l’Homme face aux 25 milliards d’euros de bénéfice cumulé de Total en 2006 et 2007 ? Auront-ils droit, au moins, à une petite sortie de Rama Yade, elle qui en a été si avare en ce qui concerne l’Afrique [3] ? La démocratie semble, hélas, être une valeur qui pour la France se perd dans le désert du Sahara.

 

Gregoire Eyadema- 8 avril 2008 – cellulefrancafrique.org

« En avril, ne te découvre pas d’un fil », veut le dicton. Mais en Françafrique, un coup de froid est vite passé. Bockel aura fait les frais du ménage de printemps et après un an de tergiversations sarkoziennes entre rupture timide et continuité inavouée, la Françafrique reprend définitivement ses droits autour de son pilier : le pétrole du Golfe de Guinée.

Deux visites de haut rang prévues en mai dans les pétrodictatures d’Afrique Centrale, avec comme teaser, à en croire la Lettre du Continent [1], une visite groupée des Dalton de la Françafrique (« Jo » Bourgi, « Jack » Guéant, « William » Joubert et tel Averell, le bleu Joyandet promu à la Coopération) auprès de Ma’ Bongo. Mais qu’est-ce qui fait courrir la France officielle aux côtés de sa face la plus obscure ?

Comme nous l’avions malheureusement prévu dès janvier, la détermination de Bockel concernant les régimes pétroliers d’Afrique accusés de gaspiller leurs ressources s’est définitivement dissoute dans l’or noir.

Comme signe de reprise en main par les réseaux très souvent enterrés mais toujours bien efficaces, l’ambassadeur de France au Congo vient d’annoncer une rallonge de 80 millions d’euros au plan d’aide de 180 octroyés en décembre par Nicolas Sarkozy, contre l’avis des différents services ministériels qui n’en prévoyaient que 113 maximum. Sassou Nguesso ne s’est pas contenté d’obtenir, avec son gendre gabonais, l’entremise de Bourgi et l’oreille de Guéant, la tête de l’Alsacien déchu aux Anciens combattants, il a aussi obtenu un bonus alors que les caisses sont censées être vides au Trésor français et qu’il semblait que l’ensemble de l’enveloppe était conditionnée à l’accession du Congo au point d’achèvement de l’initiative PPTE de réduction de sa dette publique, ce qui n’est pas prêt d’arriver vus les efforts contraints et faiblards des autorités congolaises pour mettre fin à la corruption et la gabegie budgétaires dans son pays…

Le Club de Paris, qui regroupe les principaux pays prêteurs, serait même très inquiet de l’utilisation des fonds récupérés des annulations de dettes : les indisciplinés disciples de Sassou oseraient rembourser les fonds vautours et constituer des cautions élevées aux prêts qu’ils obtiennent de la Chine [2]… Mais cela semble ne pas peser lourd quand il s’agit de satisfaire un obligé…

Et pour fêter ce satisfecit à la mauvaise gestion, la France devrait envoyer son néophyte Secrétaire d’Etat à la coopération, Alain Joyandet, au mois de mai puisqu’il irait aussi inaugurer la nouvelle exploitation pétrolière de Moho-Bilondo qui permettra à Total de redevenir le gros mastodonte du pétrole congolais.

Mais finalement tout cela n’est qu’un prélude avant le grand sacre du parrain de Luanda, Dos Santos, le 23 mai, par Nicolas Sarkozy himself, pour célébrer la pôle-position de Total en Angola en cette année 2008.

Combien pèsent les militants angolais et congolais des droits de l’Homme face aux 25 milliards d’euros de bénéfice cumulé de Total en 2006 et 2007 ? Auront-ils droit, au moins, à une petite sortie de Rama Yade, elle qui en a été si avare en ce qui concerne l’Afrique [3] ? La démocratie semble, hélas, être une valeur qui pour la France se perd dans le désert du Sahara.

 

Gregoire Eyadema- 8 avril 2008 – cellulefrancafrique.org

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