MALTE, LA CRISE TOUCHE « L’ILE DE MIEL »

Malte a adhéré en 2004 à l’Union Européenne dans une tourmente politique intérieure particulièrement divisée. D’un côté le Parti Travailliste (Partit Laborista ) opposé à cette adhésion, et de l’autre le Parti Nationaliste (Partit Nazzjonalista) de Centre droit particulièrement pro européen. Aux élections de Mars 2008 le peuple de Malte a renouvelé le mandat du nationaliste Lawrence GONZI dans ses fonctions de Premier Ministre à une étroite majorité. Toutefois, l’Europe est en marche à Malte. En janvier 2008 elle est entrée dans la zone Euro et en avril dernier elle a intégré la zone Schengen. Cette intégration rapide a été le fait d’une amélioration sensible des finances publiques avec notamment une baisse des déficits publiques passés de 3,5% en 2005 à 1,8% en 2007. La situation du chômage s’est aussi améliorée pour passer de 8% à 6,2% entre les deux périodes. Toutefois, l’économie reste fragile et la crise pointe déjà.    

 

La crise économique très marquée en Angleterre, la baisse de l’activité du tourisme et du bâtiment, et le faible niveau de productivité risquent de sévèrement déteriorer l’emploi à Malte. Cette situation pourrait même compromettre très durablement le développement de l'île et faire naître un sentiment anti européen voire xénophobe.

Les Anglais (Malte fut une colonie Britannique jusqu’en 1964) sont les premiers visiteurs de Malte, et représentent aussi plus de 1,5% de la population résidente à Malte. La chute brutale de la livre sterling (-30% en deux ans) a très sérieusement entamé le pouvoir d’achat de cette population à majorité retraités et bénéficiant jusqu’ici de privilèges financiers à Malte. Cette nouvelle donne frappera à coup sûr l’économie Maltaise dans la mesure où les départs vont se multiplier. A l'inverse, les arrivées de nouveaux sujets de sa Majesté diminueront.

Les Anglais sont aussi très implantés dans le secteur de l’imprimerie, des services financiers et des jeux en ligne. A l’avenir Malte pourrait bien perdre de son attrait pour de nombreux cadres qui ne chercheraient plus à s’y expatrier. Enfin, les avantages des résidents britanniques ont peu à peu disparu depuis ces dernières années (couverture sociale, non-imposition). Dans le même temps les prix à Malte ont poursuivi leur hausse sous l’effet d’une TVA plus élevée (15% à 18% en 2004), et d’une augmentation du niveau de vie.

Malte compte environ 430.000 habitants et reçoit près de 1,3 millions de visiteurs par an. Les investissements réalisés ont été particulièrement importants ces dernières années. Les chiffres ont atteint un record en 2007 alors que des rumeurs pèsent sur le retrait de Tours Opérateurs. Malte, nouvelle venue de l’Union attire encore les curieux lassés de l’Afrique du Nord et de la Turquie. Cependant cette curiosité pourrait bien s’estomper avec le temps et la clientèle touristique revenir en ces temps de crise à la bonne vieille règle du qualité prix. En effet, le prix des séjours à Malte concurrence difficilement celui des îles Baléares, d’Afrique du Nord ou de la Turquie. A cela doit s’ajouter un professionnalisme discutable, des problèmes chroniques d’environnement (manque de propreté des plages et des villes, état des routes) et l’apparition de l’insécurité dans les zones urbaines. Sachant que l’activité touristique représente 17% des emplois, une baisse de quelques pourcents de la fréquentation mettrait à mal l’économie de l’île.

 Malte sale et mal entretenue

Le secteur du bâtiment suit la tendance du reste de l’Europe. Il représente 7% de l’emploi et peut aussi toucher gravement la vie économique de l’île. L’effet de domino s’applique ici implacablement. Les deux points soulevés précédemment amplifieront le mouvement. Les anglais absents du marché et une faible fréquentation de touristes potentiels acheteurs sont autant de menaces sur l’immobilier. Les prix ont doublé à Malte depuis 5 ans et le marché intérieur ne suffira pas à financer les programmes lancés à l’attention des étrangers. Citons le programme du Tigné Point , en face de la Valette dont la livraison tarde. Les prévisions de vente sont toutes revues à la baisse et il est à craindre que cela prenne de nombreuses années avant d'écouler le programme. D’un autre côté, les Maltais ne voient pas tous d’un bon œil la hausse des prix des logements et réclament aussi des constructions à prix modérés. Les étrangers sont bienvenus pour investir et consommer à Malte mais deviennent des intrus lorsqu’ils contribuent à augmenter le coût des habitations. Les promoteurs confrontés à une hausse des coûts de la construction pourraient licencier des travailleurs locaux pour leur préférer une main d’œuvre africaine moins chère et plus souple. Cette situation peut à terme créer un sentiment de rejet des étrangers très fort.

dscf0625.jpg Tigné Point en face d la Valette

Enfin, la hausse des salaires des Maltais depuis 2004 a considérablement ralenti sa compétitivité comparée à celui de la Pologne ou de la Roumanie. Il est plus que jamais urgent de mieux former les Maltais avant que de nombreuses hotlines ou la Société  STM Microelectronics ne se décident à se délocaliser. Le simple départ de cette dernière représenterait une hausse de 1,6% du taux de chômage à Malte! L’Europe a donné des ailes à Malte, de la confiance et peut être aussi un peu trop d’assurance. "L’île au Miel" pourrait bien rallier d’ici l’automne le cortège des petits pays en crise sévère. 

 

 

 Laryck

7 réflexions sur « MALTE, LA CRISE TOUCHE « L’ILE DE MIEL » »

  1. Bonjour
    LARYCK,

    Très bon article. Je vous souhaite la Bienvenue sur le site et une très bonne continuation.

    Je pense que nous allons être nombreux à subir les problèmes, dû à cette crise et honnêtement, je crois que les mois à venir s’annoncent d’une couleur vraiment très sombre.

    Un vote Super.
    Amicalement.
    ANDREA.

  2. L’île au Miel !
    Bonsoir LARYCK Bel article très plaisent a lire ,la description que vous faite de
    Malte ressemble étanchement a celle de Chypre qui est également une ancienne
    colonie Britannique et qui a les même problèmes .Partout ou les colonisateurs ont
    passé il reste toujours un certain nombres de privilégiés qui dénote avec les autochtones .Je ne suis jamais allez a Malte mais j’ai des amis qui y vont assez
    régulièrement et qui confirme vos propos .J’aimais bien les iles de la méditerrané beaucoup moins maintenant ses dernières années les touristes surtout Anglais de disons 14à25 ans ne vont dans ses pays que pour boire et faire la fête toute la nuit avec un flegme très britannique et les autochtones ne les voie pas d’un bon œil mais il rapporte des devises !
    A Malte je ne sais pas mais a Chypre l’Europe a investie je ne sais le nombre de milliards dans l’infrastructure routière merci l’Europe.
    Voila LARYCK faite nous encore de beaux articles comme celui-ci Laury 😉

  3. MERCI
    Bonjour et merci pour ces commentaires sympathiques. Le rapprochement avec Chypre ne me surprend pas. Il reste que l’île présente de nombreux attraits. Pour ce qui est de la crise, paradoxalement je ne souscris pas à la version alarmiste. Quant plus rien ne va il reste l’espoir… 🙂

  4. Concrètement, quels seraient les avantages pour l’Île de Malte
    [b]dans cette adhésion à l’Union Européenne ?

    Cette Nation, ne risque-t-elle pas de perdre tous ses avantages économiques ?

    Par ailleurs, n’aurait-il pas été préférable qu’elle se contente de faire partie de l’Union Pour la Méditerranée ?

    Je me pose ces questions, [i]moi qui ai voté « NON » lors du Référendum du 29 mai 2005[/i], lorsque je constate que l’arrivée de nouveaux pays au sein l’Union Européenne, étendant celle-ci à 27 Etats Membres, est, quelque part de l’augmentation du chômage en France…, chômage lié aux délocalisations… Malte, ne pourrait-elle pas, dans l’avenir, confronté à ce même problème ?

    Au fait, est-ce que l’Île de Malte va adhérer à la Zone €uro ?

    Cordialement,

    Dominique Dutilloy[/b]

  5. Malte et l’Europe
    L’adhésion à l’UE a été ratifiée par les Maltais en 2003 et Malte a rejoint la zone Euro en janvier 2008. Pour l’Europe, il s’agissait essentiellement d’élargir le marché européen à un pays qui ne posait pas un réel problème d’intégration (population chrétienne, économie stable). En revanche pour Malte cela était un moyen d’ouvrir le pays à un marché du tourisme en forte croissance. En outre cela a permis aux exportateurs maltais de faciliter les échanges, sans compter la valorisation très forte du secteur foncier. Il faut rapporter cela à 430.000 habitants soit l’agglomération de St-Etienne. En revanche quand il s’agira d’obéir aux régles d’harmonisation, il faut prévoir un rejet violent de la population car les Maltais n’aiment pas se voir dicter des règles. Bref, le verre est à moitié plein ou vide, selon!

  6. LARYCK, concrètement je ne crois plus en l’Union Européenne,
    [b]qui a fait la preuve de ses incompétences, des directives stupides et liberticides de ses commissaires, de sa mauvaise politique face aux délocalisations, aux plans sociaux… concoctés par des entreprises « forcenées du Cac40″…

    Oui, j’ai voté « NON » à ce référendum du 29 mai 2005…

    Oui, j’ai été pour l’entrée de Malte, de la partie grecque de Chypre, de la Slovénie, de la Tchéquie, de la Slovaquie, de la Hongrie dans l’Union Européenne… Mais, cela aurait dû s’arrêter à ces états… Encore aurait-il fallu que l’Union Européenne soit unie aux plans fiscal, social, économique, ainsi qu’au niveau des salaires et des prestations sociales, ce, de manière à éviter les délocalisations à l’intérieur de l’UE…

    Cordialement,

    Dominique Dutilloy[/b]

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