qui y-a-t-il d’anormal on vit plus vieux ?

 

J’aurais bien aimé que la Cour des comptes regarde le problème de nos dépenses de santé par le bon bout. Comme beaucoup d’organismes, elle s’attache à analyser un morceau du problème par ce qu’elle ne s’implique pas dans la cause démographique qui conditionne l’état de notre société. Elle se polarise sur la nécessité d’accélérer le rythme de nos économies pour réduire le déficit sur la branche maladie. On ne peut lui donner tord, pour une gestion saine, et nos dépenses de soins. Mais, notre population s’accroît d’années en années, et le chômage reste élevé. On constate que chaque année depuis 1982, un solde annuel positif de 250.000 Français selon l’INSEE. Quant à l’espérance de vie, elle est pour les hommes à partir de 60 ans de 22,6 années et pour les femmes de 27,2 années. Mais, on remarque que, pour les hommes, elle s’est accrue entre 1994 et 2012 de trois années, tandis que pour les femmes l’accroissement n’est que de 2,2 années. Donc, en moyenne, les hommes rattrapent les femmes et vont vivre plus âgés 82, 6 ans, tandis que pour elles c’est jusqu’à 87,2 années. C’est accroissement démographique dû, aussi à une meilleure médecine, pèse sur nos dépenses de soins, comme il pèse sur nos retraites, je n’ai rien inventé. Si l’on y ajoute nos difficultés économiques, moins de rentrées fiscales, le déficit de la sécurité sociale en est la résultante. Elle est enserrée dans un étau. Ce n’est pas que chaque Français dépense trop, c’est simplement qu’il atteint une condition de vie, encore enviable, même si elle est inégale. Ce qu’il faut donc, abaisser notre richesse de vie, et nos avantages sociaux par ce que cela coûte trop cher !

Nous sommes à 50 % des remboursements sécu, nous avons des génériques qui n’ont pas la qualité des originaux ce qu’il est reconnu. Ils posent des problèmes aux personnes âgées. À force de réduire le niveau de remboursement des soins, le nombre de personnes qui ne se soignent plus ne cesse de croitre ! Une évolution divergente.

Comme dans tout organisme de prestations à caractère humain, il y a des abus qu’il faut combattre. Dans le domaine de la santé outre la gestion de hôpitaux, il y a la fraude au nombre de lits et à la majoration des actes effectués et prescrits dans les cliniques. Dans le cas du médecin généraliste, il y a la fraude aux actes payés plus chers, que ce qui est déclaré, et la surconsommation de visites. À cela, s’ajoute la dépense de médicaments par le surdosage qui est néfaste pour la santé.

La fraude à la sécurité sociale détectée en 2011 atteindrait 479 millions d’euros. Elle recense les fraudes aux cotisations sociales, aux prestations familiales, aux prestations maladies, aux prestations de retraite, et aux mutualités sociales agricoles et du régime des indépendants, voir, ici.

Ce ne sont pas les patients «ordinaires» qui en sont responsables, mais ce sont eux qui en subissent les conséquences. Les grands trusts médicamenteux ne souffrent pas directement du déficit de la branche maladie, ils mettent à la disposition des médecins une foultitude de médicaments plus ou moins efficaces. Ceux-ci, sous l’influence des représentants médicaux sont tentés de les prescrires puisqu’ils sont présentés plus actifs. Cette logistique fait en sorte que l’on se trouve avec un package important de médicaments, accessibles à la vente sous ordonnance. De plus, la demande des patients auprès de leur médecin fait que la France est championne de la consommation de psychotropes. Les génériques ne peuvent suffire, seuls, à juguler la dépense.

Face à un déficit de la sécurité sociale qui peine à se réduire, il devrait atteindre 14,3 milliards d’euros en 2013. La Cour des comptes dans son rapport du 17 septembre 2013, demande d’enrayer la spirale de la dette sociale par un effort nettement accru de maîtrise des dépenses. Sont notamment visés, le système hospitalier, les analyses médicales et l’optique, les régimes de retraites agricole et des professions libérales, et les mutuelles des fonctionnaires et étudiantes.

Comme on pouvait s’y attendre, c’est l’hôpital qui représente le gros des dépenses. À lui seul il est de 44 % de l’ONDAM, Office National des Dépenses d’Assurance Maladie. Il note, que malgré les efforts de retour à l’équilibre en 2012 des hôpitaux publics, il y a un retard considérable au niveau de la chirurgie ambulatoire. Quatre interventions sur dix sont pratiquées en ambulatoire, alors que l’on en compte huit sur dix dans d’autres pays. Le rapport note que la pleine capacité de la chirurgie ambulatoire permettrait de l’ordre de 5 milliards d’économie. La part de l’hospitalisation à domicile reste inférieure à celle des autres pays comparables. En fait, le rapport préconise une refonte du système hospitalier, puisqu’il y inclut les établissements privés à buts non lucratifs.

Quant à la dépense de soins, elle aboutit à une explosion. Elle a triplé en dix ans pour atteindre près de 700 M€, sans avoir réussi à désengorger les urgences hospitalières ni éviter que 40 % des patients continuent d’appeler directement leur médecin. La concurrence entre les centres du 15, et les associations de médecins libéraux d’urgence apparaît source de dépenses supplémentaires. Rien d’étonnant, l’appel d’un médecin en urgence coûte très cher, comme tout ce qui touche à l’urgence.

La grosse dépense de soins est sur les dépenses de laboratoires de 6 milliards pour l’assurance maladie dont 2,9 milliards d’euros pour le régime général au titre des seules analyses effectuées en laboratoires de ville. L’optique représente 5 milliards d’euros ainsi que les audioprothèses à 200 millions d’euros. Sur ces deux postes le désengagement de la sécu conduit a une exagération du coût de l’optique et des prothèses auditives Ce sont les mutuelles qui supportent les coûts injustifiés de ces deux produits.

On n’a jamais vu autant de marchands de lunettes. Deux prothèses auditives coûtent de l’ordre de 4.000 €, et elles ne sont remboursées par la sécu que de l’ordre de 234 €. Quant à l’optique le remboursement est de 1,7 € par lunette ! Ce désengagement eut pour conséquence une dépense de 3,7 milliards d’euros pour les mutuelles en 2011 ! Cette situation fit en sorte une inégalité aux soins, une personne âgée sans lunettes et prothèses auditives perd rapidement le contact avec la société. Le désengagement de la sécu est donc un échec.

La Cour des comptes épingle aussi les mutuelles des fonctionnaires et étudiantes. Pour les 7,7 millions de fonctionnaires et leur famille, le service de leurs mutuelles demeure inégal. Elles sont rémunérées au titre de l’assurance maladie obligatoire à hauteur de 365 millions d’euros en 2011. La Cour des comptes considère que ce mode de gestion est à bout de souffle. Quant aux onze mutuelles étudiantes, qui couvrent 1,7 millions d’affiliés, elles ont remboursé 800 M€ de dépenses de soins et perçu à ce titre 93 millions d’euros de gestion. La Cour juge également pour certaines d’entre-elles une qualité de service très insuffisante.