Il y a bien un autre monde, et être plongé dedans, même par petite touche, est éreintant moralement…

On pourrait dire que c’est un monde obscur, laid, repoussant, qui fait peur et inquiète. Mais ce monde fait partie du nôtre, quoi qu’on en pense.  On y trouve de la richesse, souvent humaine, et ça aussi il faut le savoir, le crier même !

Dans ce monde, on perd nos repères, car plus rien ne tient. La précarité y est telle qu’on frise parfois l’impossible, l’intolérable pour nous, alors que c’est le quotidien pour eux.

Le temps ne se déroule pas de la même façon, les occupations ne sont pas les mêmes, les préoccupations encore moins.

J’ai parfois la sombre impression que l’essentiel a disparu, et cela est encore plus criant lorsqu’il s’agit d’enfants. Ces enfants obligatoirement oubliés dans les chaos de ces survies.

On tombe parfois si bas, que les négligences deviennent dangereuses et le vital est en danger. Difficile d’y croire. Des parents maltraitants car les soins vitaux ne sont pas donnés. Ce n’est pas volontaire. Mais c’est une des conséquences des nombreuses conséquences de la décadence de la vie.

On attend l’étincelle qui fera rejaillir l’espoir en une vie meilleure. On l’espère. On tente des petites choses.. des bouts de rien… Parfois, ça marche, et tout un travail peut enfin se mettre en place pour des jours meilleurs.

Parfois c’est simplement être là, régulièrement. Garder ce lien, indispensable avec cet autre monde, qui se dit, qui se voudrait meilleur. Parfois, c’est faire réagir, tel un électrochoc. On en est moins fier, mais s’il n’y a que ça qui marche, le jeu en vaut la chandelle.

On est des travailleurs de bouts de ficelle, pour raccrocher un monde à un autre, pour éviter que l’écart ne se creuse, encore plus.