Selon un sondage BVA-Le Parisien, la crédibilité de Sarkozy en prend un sacré coup. Pour sa part, Mediapart, prenant peut-être ses désirs pour des réalités, considère que le non-candidat-président et futur candidat, devrait peut-être céder la place. À qui ? Fillon ou Juppé ? On peut – très vaguement y croire – mais le récent discours de Cayenne révèle un Sarkozy à la fois prêt à tout mais peut-être tenté intimement de lâcher l’affaire.
Jacques Juilliard le rappelait dans Marianne de cette quatrième semaine de janvier. Sarkozy lui aurait déclaré « je suis hostile au deuxième mandat (…) parce que ce qu’un président n’a pu faire en cinq ans, il ne le fera pas ensuite… ». C’était pour rajouter qu’en 2012, ce serait « un homme nouveau » qui se présenterait aux suffrages. Qui cela, le petit nouveau ? Mais lui, pardine ! Là, ce ne serait pas plutôt un homme vieillot quelque peu meurtri ?
En tout cas, il n’a pas dû apprécier, à son retour de Cayenne, le « sondage inquiétant pour l’Élysée » du Parisien-Aujourd’hui en France. C’est simple, sur tous les sujets, Sarkozy est inférieur en tout, à Hollande, principalement, à Bayrou (sauf sur le chômage et la croissance économique ou l’immigration), et même face à Marine Le Pen (insécurité, immigration). Sur la dette publique, Hollande et Bayrou le devancent (Marine Le Pen, avec 8 %, ferait bien de revoir son programme). Ce sondage est d’ailleurs inquiétant aussi pour le FN, jugé globalement peu crédible (de 6 à 12 % sur les divers sujets, sauf les deux mentionnés supra). Marine Le Pen conserve nonobstant un considérable avantage : on peut ne lui accorder que peu de confiance, ne pas croire à ses promesses, mais toujours voter pour elle (ou Mélenchon) en raison du « qu’ils s’en aillent tous ». Cela n’apparaît pas dans ce sondage…
Mais mon pifomètre en zinc (de comptoir de bar de la Gare) me trompe rarement. Quant à Sarkozy, il en est à 4 sur une échelle de détestation de 5.
Perdu d’avance ?
Du coup, Marine Turchi, de Mediapart, avec le conditionnel de circonstance, considère que pour Sarkozy, c’est foutu (la Marine est dans la rue, la Hollande fait son gouda gras). Un ministre, dans le Journal du dimanche, lui donne deux semaines pour remonter dans l’opinion, sinon… D’où d’ailleurs le titre du dernier livre de Charles Duchêne : 2012, on n’a plus besoin d’un plus petit que soi (avec couverture de l’ami Delambre, du Canard enchaîné). Dans Libération, Daniel Schneidermann, d’Arrêt sur images, évoque la « noyade de Sarkozy » (idem pour Villepin, selon lui). Personne, dans les médias, ne brave la peur du ridicule de donner Eva Joly largement battue. Mais pour Sarkozy, il n’y a plus personne ? Et bien, si, je moâ-même, avec Charly Duchêne, car mon petit doigt me l’a dit : sauf coup très bas sous la ceinture, concocté par des services ou une officine, Sarkozy n’a plus ses chances que par défaut… or il a déjà fait faillite. Il est peut-être encore noté BBB, mais guère davantage.
Et « si on est petit, on est condamné à l’être à vie, » relève Daniel S., arrêté sur l’image. Sarkozy avait rendu hommage à G. W. Bush lors de son investiture, ce dernier le lui rend bien. Plus personne, chez les républicains étasuniens, qui citent Reagan, ne mentionne Bush.
Mais que Sarkozy se rassure, on parlera encore longtemps, petitement, de lui.
L’UMP court à présent derrière Hollande pour répéter qu’il n’est absolument pas crédible. Pourtant, si, même si beaucoup de points seraient à clarifier. Moins compétent que Sarkozy ? Peu le croient. On le créditera en revanche d’être capable d’écouter ses ministres, des experts, et de ne pas tout faire à sa tête. Pendant que Sarko, Pécresse, Guéant… ramaient en pirogue, Hollande, sans télé perso pour relayer les images aux chaînes, faisait le plein, au moins des voix de son camp, peut-être aussi dans celui de Mélanchon ou d’autres, hormis Bayrou.
Villepin considère que Sarkozy risque fort de ne jamais remonter dans les sondages. Jacques Domergue (Humpy-Dumpyste de l’Hérault Sarko) considère que « la méfiance à son endroit perdure. ». Le mépris à son égard aussi. Et les lecteurs du Figaro (voir par ailleurs) sont d’accord avec Hollande pour doubler le plafond des dépôts du Livret A. Comme le Noyer (de Sarkozy) ne veut même pas que sa rémunération suive l’inflation, il va falloir que Sarkozy redresse le tir.
Quant au nombre d’adhésions à l’UMP sous Copé, c’est simple, plus personne n’y croit.
Guaino réaliste
Henri Guaino constate « l’hostilité générale ». Celle des médias. Ah bon ? Combien de papiers en préparation sur Carla Bruni ? Les chaînes publiques sont plus ou moins muselées, TF1 relaie la bonne parole. Les cellules de riposte ripostent. Les Morano montent au créneau. Mais Sarkozy n’a pas échoué que sur le chômage, et les mesures qu’il préconise à présent semblent biaisées, ou peu crédibles (il promet des fonds, alors qu’il n’en a plus dans les caisses qu’il a vidées en déplacements incessants, cadeaux à son clan). Voici donc Rachida Dati qui fait semblant de croire, dans L’Huffington, que Sarkozy a moralisé le capitalisme. On la croit sur parole et on attend qu’elle se coiffe à la punkette pour y croire davantage encore. Sur France Inter, voilà que Guaino jospinise. Non, l’État, et surtout celui-là, sur ce plan, ne peut pas tout.
Sur l’investissement, les plans public-privé sont une véritable bombe à retardement (qui explique d’ailleurs la proposition de Hollande de relever le plafond du Livret A, au bénéfice apparent du seul électorat UMP aisé, attiré comme une nuée de mouches par toute défiscalisation, voir notre autre article de ce jour). Certes, Sarkozy a construit. Des résidences étudiantes en pleine campagne, via la défiscalisation, alors que des municipalités socialistes comme celle d’Angers font de même, mais en ville, et font le plein. Le dispositif Scellier, qui se poursuit, fait des logements vides, et des investisseurs particuliers dans la mouise. Tous payent moins d’impôts, combien engrangent des loyers ?
Voyez les électeurs passés ou présents du FN qui avaient voté direct Sarkozy et disent vouloir s’abstenir si Marine Le Pen n’est pas présente au second tour. Si Sarkozy bloque les signatures de notables pour la candidate, ils risquent de voter Hollande. Sans rire ! Tout sauf Sarko !
Et croit-on qu’un Sarko réélu de justesse ne serait pas condamné à une cohabitation ? L’UMP est quasiment en loques. Avec seuls quelques alliés de façade, des « Nouveau » Centre, qui ne voudraient surtout pas du sigle UMP sur leurs affiches pour les législatives. Or, ils risquent fort de se retrouver avec des autocollants LOL aux couleurs de l’UMP, sur leur matériel électoral.
Roger Karoutchi, Yves Jégo, Alain Joyandet, Christian Estrosi, Patrick Devedjian, Brice Hortefeux, ont été remerciés et la relève est peu appréciée, voire carrément contestée, comme à Tours. Dati tend la sébile, Rama Yade rejoint Bayrou, Borloo attend de voir comment se recaser. Chatel va sans doute observer une cure de silence. Valérie Pécresse poser devant des pandas, et puis quoi… Fillon au volant d’une voiturette électrique ?
Sarkozy a moins de trois mois devant lui, et peut-être des casseroles judiciaires aux basques de ses fidèles à retentir en rebond.
Coup de pied de l’âne, Atlantico titre : « La France est-elle le plus gros risque de la zone euro ? ».
Le site relève aussi que les places financières asiatiques se frottent les mains, l’effet d’annonce sur la taxe Tobin les avantage.
Il lui faut faire donner Guillaume Peltier, faux chef d’entreprise, stipendié de l’UMP, pour tenter d’écorner la crédibilité du sondage BVA. C’est lui le candidat contesté à Tours, et ce sondage reflète, aussi, son propre échec.
Atlantico en est réduit à remettre sur le tapis Stéphane Hessel, « prétendu résistant ». « Le prétendu résistant est un imposteur (…) partial et creux ». Cela, d’une part.
De l’autre, il s’agit de diaboliser le FN en s’appuyant sur… les plus les plus critiques de Marine Le Pen, dans la presse d’extrême-droite radicale. Seul voix discordante, celle d’Anita Hausser, qui se demande si François Hollande est déjà sur une orbite gagnante. Elle ne se mouille pas trop (la radio et les télés vous apprennent à jouer l’équilibriste), mais on sent bien qu’elle considère que l’UMP patine. Reste Bayrou, qui pourrait, lui, mettre à mal Hollande. Certes. À condition de le jouer perfide, mais point trop, pour ne pas apparaître comme le candidat à un ministère de Sarkozy II…
La question doit aussi se poser à l’UMP. A-t-on encore besoin d’un plus petit que soi pour se faire élire ou faire progresser sa carrière ? Sarkozy, comme Chirac, le sait bien : on n’est jamais mieux trahi que par les siens.
Voyez aussi, sur Marianne, le papier de Régis Soubrouillard :
« Le style Hollande séduit aussi la presse européenne ».
[url]http://www.marianne2.fr/Le-style-Hollande-seduit-aussi-la-presse-europeenne_a214846.html[/url]
Petit bémol négligé par Soubrouillard, dans [i]The Independent[/i],
un papier sur Ségolène :
« (Queen) Royal not amused at being written out of campagne tale ».
(J’ai rajouté le [i]queen[/i] : la fameuse phrase « [i]not amused[/i] » étant comprise des Britanniques sans la précision).
C’est de John Lichfield, qui considère que Royal s’est sentie « zappée » au Bourget.
Eh oui, Valérie Tierweiler a été mieux traitée que Ségolène. Qui tirait une tronche (photo à l’appui). Lichfield remarque aussi que la presse française a bien accueilli la prestation de François Hollande.
Ma propre revue de presse confirme l’impression du confrère de Marianne.
[i]Il Corriere della sera[/i] voit Sarkozy sur la défensive.
[i]La Reppublica[/i] n’en fait pas trop mais elle avait eu un entretien assez long avec Hollande.
[url]http://www.repubblica.it/esteri/2011/12/16/news/hollande_il_rigore_non_basta_sbagliato_il_patto_merkel-sarkozy-26695805/index.html?ref=search[/url]
[i]Sol[/i] (Portugal) préfère titrer sur « Sarkozy admet de terminer sa carrière politique ».