C'est confirmé depuis aujourd'hui: il y'aura des "ministres de gauche au gouvernement", d'après Claude Guéant, probable futur Secrétaire général de l'Elysée. Durant toute la campagne, les transferts et retournements de veste de personnalités de gauche vers le candidat UMP n'ont pas manqué.
De quoi donner un aperçu de la composition de ce fameux "pôle de gauche", et d'y voir les possibles ministrables.
Au cours des dernières années, on avait pu voir un certain nombre de socialistes passer de chez Michel Rocard à l'UDF, comme Christian Blanc (dont le nom est désormais cité pour animer le pôle centriste de la majorité présidentielle). Cet hiver, on avait pu voir, avec Eric Besson, un cas d'école dans l'art de retourner sa veste. Voilà un homme qui continuait à offrir ses services à Ségolène Royal, tout en écrivant le premier chapitre de son livre à charge – et désormais best seller – sur la candidate déchue. Après le 22 avril, l'idée d'un "pôle de gauche" dans la majorité présidentielle a émergé de la rue d'Enghien, sans véritablement susciter plus d'attention que celà.
Eric Besson, un cas d'école?
Il semble en réalité que le cas d'Eric Besson ne soit pas isolé. Entre les deux tours, on a pu voir un certain nombre de signes montrant que des responsables socialistes pourraient participer à la majorité du nouveau président élu. On savait depuis longtemps déjà que des célébrités autrefois de gauche (Roger Hanin, Enrico Macias…) avaient rallié le nouveau chef de l'Etat. Désormais on parle de personnalités de gauche en responsabilité ou ayant eu des responsabilités. Pour ce faire, à chacun sa méthode.
Les "en loucedé"
Claude Allègre est un homme dont on sait l'hostilité envers Ségolène Royal, dont il a été le ministre de tutelle au sein du gouvernement Jospin, lorsqu'il avait le portefeuille de l'Education nationale de 1997 à 2000. Lors des primaires, il avait tout fait pour remettre en selle Lionel Jospin. Peine perdue. Depuis, ses interventions dans les médias visaient à critiquer la candidate socialiste: "je ne voterai jamais pour elle" déclare-t-il sur RTL, le 13 mars dernier. Deux jours avant le second tour, l'ancien ministre de Jospin a été aperçu en train de sortir du QG du candidat UMP par une porte dérobée. Visiblement mal à l'aise, il se justifie tant bien que mal devant la caméra de France 2: "je suis venu voir François Fillon (…)" "On devait faire une interview ensemble, mais il pouvait pas me voir ailleurs qu'ici". Claude Allègre dans le futur "pôle de gauche"? Possible. Surtout qu'au lendemain du duel télévisé Royal-Sarkozy, il s'était bien empressé de faire mentir son ancienne collègue sur le plan "Handiscol". Dans le même genre on peut aussi penser à Michel Charasse, sénateur socialiste du Puy de Dôme et maire du Puy Guillaume, qui a avait reçu Nicolas Sarkozy pendant plus d'une heure dans sa mairie auvergnate, avant de poser pour les photographes tout sourire. Une visite de "courtoisie républicaine" entre deux amis "républicains"?
Les assumés.
Il y'a aussi ceux qui se sont ralliés et affichés: le communiquant Jacques Séguéla, l'inimitable Bernard Tapie, l'historien Max Gallo (ancien député socialiste) qui se sont affichés au près du candidat Sarkozy ou déclaré publiquement leur soutien au candidat UMP. Souvent par rejet de Ségolène Royal, comme l'affirme Tapie, ou plus directement par attirance pour l'homme et ses idées.
Les réformateurs pour une "équipe de France".
Dans le rôle de l'interface idéologique, Jean-Marie Bockel, maire PS de Mulhouse, a récemment déclaré dans Le Figaro qu'il se refusait "à diaboliser Nicolas Sarkozy". Minoritaire au Parti Socialiste, son courant "social-libéral" (qui avait fait 1% lors du dernier congrès du Mans, en novembre 2005) pourrait bien trouver sa place dans la majorité présidentielle de Nicolas Sarkozy: "je garderai la liberté de dialoguer avec ma famille politique, mais également avec François Bayrou et avec Nicolas Sarkozy.
Ce que j'ai fait hier, je le ferai demain" a-t-il déclaré. On apprend également par Le Figaro qu'il s'était exprimé devant le Club Diagonale, les "sarkozystes de gauche". Reste ceux qui tentent, au PS, de construire un programme commun avec le centre, comme Bernard Kouchner, qui l'a encore souhaité au soir du second tour. Il avait également parlé d'un gouvernement qui soit "une équipe de France", ouvert à tous les réformateurs de gauche, de droite et du centre. Le French Doctor, pourrait bien à son tour être contacté par l'équipe du nouveau Président élu.