Le travail du dimanche le miroir aux alouettes

des grandes enseignes.

 

La manifestation des salariés du bricolage d’Île de France devant les fenêtres du premier ministre le mercredi 02 octobre. Document free.fr.

 

Support Wikipedia C’est le sujet de société qui fait éclater la sphère politique avec une surenchère de l’UMP qui clame à tout va qu’il faut laisser la liberté de gagner de l’argent à ceux qui le souhaite, laissant entendre dans leurs propos que les socialistes y seraient opposés ? Mais, enfin, quelle hypocrisie, c’est la loi concoctée par l’UMP, et la justice n’a fait qu’appliquer cette loi Maillé du 12 août 2009 qui élargit les dérogations dans les zones touristiques et thermales, et créa des Périmètres d’Usage de Consommation Exceptionnel, PUCE, dans des unités urbaines de plus d’un million d’habitants. Elle visa les commerces ou services de détail alimentaires restaurants, cafés, hôtels. Des dérogations peuvent être accordées par le préfet. Les salariés doivent être volontaires et avoir une majoration de rémunération d’au moins 50%. De plus, des dérogations sont possibles avec l’accord du maire, donc tout pour la liberté du travail le dimanche. Le jardinage et l’ameublement bénéficient de dérogations permanentes, mais pas le bricolage.

 

Ce foutoir, c’est l’UMP qui l’a fait et non les socialistes !

 

On se demande bien pourquoi les grandes surfaces de bricolage qui font aussi du jardinage en sont exclues ? D’où, ce paradoxe, une grande enseigne comme Bricorama contrainte d’appliquer la loi alors que d’autres ouvrent leurs portes sans qu’elles soient inquiétées ? L’action de Bricorama de porter en justice, cette injustice, est logique et salutaire. Pourquoi perdrait-il de l’argent alors que d’autres ont la possibilité d’en gagner ? La décision de justice, à la suite de la plainte de Bricorama de contraindre les grandes enseignes Leroy-Merlin et Castorama de fermer le dimanche, n’est que justice. On ne voit donc pas pourquoi les socialistes seraient responsables du non application d’une loi de 2009 ? Mais il faut savoir que ce fut François Fillon qui fut l’instigateur de cette loi, et que ce fut, encore lui, qui fut le plus virulent contre le gouvernement !

Alors, chacun y va de son commentaire, les médias transmettent les critiques des salariés les plus favorables au travail le dimanche, oubliant la grande majorité de ceux qui ne sont pas d’accord diffusant ainsi une information biaisée, et rendant plus difficile une solution qui ne peut être satisfaisante à tous, à moins de laisser faire, ce que veulent les grandes enseignes de bricolage. À-t-on vu un tel capharnaüm dans d’autres pays voisins ? En Allemagne et en Autriche tout est fermé à partir du samedi 13 heures, en Italie c’est ouvert dans les grandes agglomérations après que tout fut fermé, et en Grande-Bretagne tout est ouvert.

Le gouvernement pris à la gorge comme accusé d’empêcher de travailler, fut contraint, à une réunion interministérielle le 30 septembre sous l’égide du premier ministre par le non respect de l’interdiction, sous astreinte de 120.000 € par magasin et par jour, par Leroy-Merlin et de Castorama, en Île de France, qui ouvrirent le dimanche 29 septembre. Le but, apaiser les polémiques et confier une mission sur le problème à l’ancien président de la poste Jean-Claude Bailly.

Sa mission, «examiner les faiblesses du dispositif actuel, éclairer les enjeux de l’ouverture de certains commerces le dimanche et faire des propositions au gouvernement à partir d’un dialogue approfondi avec l’ensemble des parties prenantes, partenaires sociaux, élus, représentants de la société civile, associations de consommateurs et de professionnels».

Le communiqué à la suite de cette réunion précisa «que le repos dominical est un principe essentiel en termes à la fois de protection des salariés et de cohésion sociale». Les syndicats défendent le repos dominical pour des raisons sociales et familiales dans la plus pure tradition du mouvement syndical !

Il est évident que si, l’ouverture des grandes enseignes ne serait plus règlementée laissant la totale liberté à l’anarchie, elle conduirait à terme les salariés à la dépendance de ces grandes enseignes sur la contrainte du travail dominical lors d’embauches, «je vous embauche si vous acceptez de travailler le dimanche !». Ensuite, pourquoi permettre à une grande enseigne et pas à une autre ? La grande faute fut de permettre et de ne pas permettre créant ainsi une injustice. Lorsque l’on met le doigt dans un tel engrenage, c’est ensuite la main, puis le bras, et plus rien ne résiste. Le travail dominical est directement lié au revenu, et aux difficultés de vie, de ce fait, il s’oppose au fait que le dimanche est depuis toujours un jour de repos.

La question est, le sacrifice du repos dominical est-il valable eu égard à la qualité de vie familiale ? On peut très bien faire ses achats de bricolage en dehors du dimanche d’autres y arrivent. Cette dérive sociétale ne peut être que néfaste à terme. Et Michel Sapin de déclarer, «la loi est là pour éviter que chacun applique sa propre loi, une très grande majorité de Français qui aimerait faire certaines de ses courses le dimanche, et une immense majorité de Français qui ne voudrait surtout pas travailler le dimanche».

Il est aisé à comprendre, si plus de salariés sont favorables au travail dominical plus les grandes enseignes auront le choix d’imposer ce qu’elles voudront. Tout simplement par ce que, ce sont elles à qui le travail du dimanche profite le plus. Leroy-Merlin y réalise 15 à 20 % de son chiffre d’affaire, avec 3.500 salariés sur 20.000 acceptant une fois par mois ce travail le dimanche.

L’ouverture le dimanche fait de l’ombre aux ouvertures de la semaine, les allées de ces hypers sont clairsemées. Bien que ce soit en semaine que l’on peut faire le meilleur achat dans une ambiance plus propice, alors que le dimanche c’est le monde qui vient avec ses enfants ! Chez Castorama 70 % des 12.500 salariées travaillent au moins une fois le dimanche. Bien sûr, ils y voient le moyen d’arrondir les fins de mois de 100 à 150 € et ça, c’est l’argument massue surtout en période de crise et de blocage des salaires. Mais ce que l’on ne dit pas c’est le surcoût de la masse salariale dominicale qui est répercutée sur les prix de vente, même pour ceux qui achètent en semaine. Leroy-Merlin est même plus cher que Casto ! Le travail du dimanche se paye très cher.

 

Et c’est le consommateur de la semaine qui le paie !

 

Comme les salaires ne sont pas ou peu augmentés, on offre cette possibilité d’autant plus que l’enseigne y voit son bénéfice. En d’autres termes, elles ont privé de jour de repos du dimanche une catégorie de Français, qui de toute façon ne savaient que faire.

 

C’est une agression consentie, sous la couverture du gain, contre la société au même titre que la violation d’une liberté.

 

À l’UMP les désaccords se font sentir, une majorité pense qu’il convient de rester dans les termes de la loi de 2009 selon Christian Jacob, tandis que Jean-François Copé estima qu’il fallait moderniser la loi pour y introduire plus de liberté. Valérie Pécresse estima que la méthode préconisée par le gouvernement d’une mission préalable est la bonne. Christian Estrosi, préconisa que ce soient les maires qui délivrent les autorisations. On voit que c’est le capharnaüm dans l’opposition. Par contre on n’entend plus François Fillon !

Dans ce contexte, les syndicats CGT, CFDT, FO, CFTC, SUD et CGC multiplient les procédures, ils sont à l’origine d’une vingtaine de procès par an. Il est donc impératif que cette loi soit revue et qu’elle soit appliquée une fois pour toute. Pour la gauche ne pas revoir la loi et la faire appliquer serait une grave erreur.