Avec l'élection pressentie de Barack Obama couplée à la crise financière, les médias français ont senti le bon filon à même de leur permettre de parvenir aux mêmes fins que leurs homologues américains : la rupture de stock.

Pari en bonne partie gagné avec une conséquence éloquente de ce 5° pouvoir, l'adhésion écrasante du bon peuple de France à la cause d'Obama : 69% pour, 5% en faveur de Mc Cain. Un écart qui ne peut s'expliquer que par des raccourcis bien marqués et un parti pris de tous les instants du gentil contre le méchant, du bon contre le mauvais.

Voilà qui en dit peut être long sur l'incapacité de nos médias à présenter équitablement et objectivement un fait politique plutôt que de s'en tenir à l'image et au paraître. Question d'entraînement sans doute… Ne nous y trompons pas, la victoire d'Obama me semble réjouissante et je m'incline devant la capacité du peuple américain à s'adapter sans cesse à son environnement jusqu'à contrecarrer ses propres tendances bien plus rapidement qu'ailleurs.

En 1968, Tommie Smith et John Carlos levaient bien haut leurs poings gantés de noir du côté de Mexico. 40 ans plus tard, Barack Obama peut lui lever fièrement une main libre et conquérante qui le conduit à la Maison Blanche. Sacré parcours quand on sait que la France a pu connaître la collaboration active en 1942, et un leader d'extrême droite au deuxième tour de la Présidentielle 60 ans plus tard.
Au-delà, l'enthousiasme et les attentes générées sont à la hauteur des enjeux et des difficultés qui l'attendent. En même temps qu'ils témoignent d'une foi et d'une détermination à croire en des lendemains meilleurs bien réjouissantes. Un "Yes we can" volontaire et universel, faut reconnaître que cela a une autre allure que le "Ensemble tout devient possible" plus policé de certain. Reste qu'il doit y avoir tout de même un part de Pavlov dans ces jugements bon enfant virant à l'adoration quand on sait que juste pour les primaires, plus d'un milliard de dollars étaient déjà dépensés par les candidats. Preuve s'il en est que les idées comme les bons sentiments ne suffisent pas, loin de là, à réveiller la conscience politique.

Des heures de publicité et d'opérations promotionnelles, oui, bienvenu en Amérique. On comprend mieux le soin d'Obama a ne pas recourir aux fonds publics, histoire de ne pas être plafonné. Son dernier film, un clip publicitaire de 30 minutes aurait à lui seul flirté avec les 4 millions. Un décalage rare avec la situation financière mondiale et le quotidien économique made in US qu'il lui faudra vite gommer.

Les chantiers ne manquent donc pas principalement au sein même du pays. Les engagements du vainqueur sont forts tant en matière de réduction d'impôts que d'extension de la couverture de l'assurance maladie ou d'accés à l'éducation. Mais Wall Street est mis en cause et l'activité se ralentit quand le chomage croît. A cela, il faut ajouter les positions américaines en matière de politique étrangère prises par son prédécesseur. Elles ont menè à l'enlisement et à la radicalisation tant en Irak qu'en Afghanistan.

Dès janvier et sa prise de fonction, il faudra passer de la parole aux actes et certainement faire des choix qui deviendront vite douloureux. Pour autant il n'y a pas lieu de trop se réjouir des difficultés du grand frère américain. Pragmatique et nationaliste, il saura s'il est bien guidé, se relever bien vite. ce pays s'adapte, il n'évolue pas forcément il choisit la mailleure solution au meilleur moment. La précipitation et la ferveur de nos politiques, toutes tendances politiques envers le vainqueur peut inquiéter. Pas étonner, notamment à droite, où les élections US sont toujours une victoire qu'elle soit républicaine ou démocrate…
Mais Obama semble en mesure de redonner à ce pays le sens de la conquête et se doit de lui inculquer de l'ambition. N'a t'il pas réussit l'impossible, lui le métis d'origine modeste ? n'a t'il pas brisé les tabous, enjambé les barrières, réalisé son rêve ?

Mais pour lutter contre les difficultés et mobiliser les énergies, il n'aura que faire des lointaines et petites contrées comme les nôtres qui risquent de ne pas être invitées au festin. Face à l'islam menaçante et à la Chine puissante, les Etats-Unis tâcheront sûrement de s'imposer, ou de composer. Dans les deux cas, nous risquons de ne pas quitter de sitôt notre fauteuil de spectateur. Une bonne nouvelle pour les journaux finalement qui n'ont pas fini de vendre choux gras et rêve américain à l'envie.