"Quiconque prend la race, ou le peuple, ou l'État, ou la forme de l'État, ou les dépositaires du pouvoir, ou toute autre valeur fondamentale de la communauté humaine – toutes choses qui tiennent dans l'ordre terrestre une place nécessaire et honorable,- quiconque prend ces notions pour les retirer de cette échelle de valeurs, même religieuses, et les divinise par un culte idolâtrique, celui-là renverse et fausse l'ordre des choses créé et ordonné par Dieu : celui-là est loin de la vraie foi en Dieu et d'une conception de la vie répondant à cette foi."

(extrait de Mit brennender Sorge)

 

La victoire du candidat Barak Obama, démocrate (et noir), était largement annoncée (sans pour autant être un raz de marée). En Afrique, ce ne fut qu'un cri de joie qui retentit d'un bout à l'autre, à telle enseigne que le Keinya, dont son père est originaire, vient de décider d'un jour férié pour l'occasion,  tout en étant loin d'être le seul pays africain à s'en féliciter. De la même façon, en Europe également, les gouvernements, les gens du commun, mais aussi et surtout les journalistes, se félicitent de ce qu'une personne de couleur occupe un poste aussi élevé. Le mot qui revient toujours est : l'espoir.

 

Victoire de la démocratie?

 

De fait la couleur de peau du candidat a pris une place importante. C'est à cause d'elle que le monde entier se réjouit, à cause d'elle que l'Afrique exulte, à cause d'elle que l'on parle de "changement" et de renouveau, c'est pour elle que se félicitent les associations anti-racistes de France et de Navarre… Car c'est un fait : le président de la maison blanche, de l'Etat le plus puissant de la planète, a changé de couleur, il est donc noir… noir, comme les journaux n'ont cessé de nous le répéter ces derniers mois. L'on oublie souvent de préciser qu'il a aussi été élu par un électorat composé de nombreuses personnes blanches. Il est vrai également qu'après Georges Bush le monde entier attendait aussi une présidence différente. Est-ce une façon de se racheter pour les Etats-Unis de leurs guerres récentes et de leur image dans le monde?
 
Il n'y aurait pourtant pas de quoi fouetter un chat : ce n'est pas la couleur du candidat qui fera sa valeur en tant que président, pas plus aux Etats-Unis qu'en France, où des associations militent déjà pour un hypothétique président au teint plus basané que notre président national, dont on murmure, ici et là, qu'il descendrait pourtant d'un immigré juif-hongrois, ce qui, il faut bien l'admettre, ne le rend pas si foncé que d'aucuns voudraient bien le voir.

Mais est-ce la victoire de la démocratie? Peut-être les mauvaises langues, et l'on sait qu'il y en a toujours, iront dire qu'il s'agit surtout d'une victoire de la démagogie, autour du mot "changement", grande star de toutes les campagnes de la planète, mais aussi et surtout de l'argent,  dépensé à profusion pour l'alimenter, jusqu'au dernier moment. On regrettera peut-être aussi un jour de constater que le vote en occident s'ethnicise : les afro-américains ont en très grande majorité (à plus de 90%) voté pour le candidat qui leur ressemble. Les nouveaux inscrits se comptent certainement en grande partie parmi eux et peuvent avoir eu un impact décisif.

 
Si l'élection de Mc Cain aurait aussitôt jeté l'opprobre sur les électeurs américains, un doute plane désormais sur l'électorat européen et particulièrement français. La presse française, obsédée par le progrès et les notions d'égalité et de non-discriminations, c'est à dire obsédée par la race et l'ethnie, s'interroge sur la représentativité des minorités dites "visible" dans le circuit politique.
 
Rama Yade est en conséquence omniprésente dans la presse du jour. Elle qui avait sous-entendu que son pays est le Sénégal au cours d'un des ses déplacements en tant que secrétaire d'Etat français, se pose aussi la question, décrivant les partis comme terriblement conservateurs et empêchant l'émergence de candidats issus de l'immigration à la tête de l'Etat. Elle s'était déjà plainte à Colombes, lors des élections municipales, se voulant représentative des habitants de la commune, ou du moins de ceux issuent de l'immigration… On ne saurait que la plaindre à notre tour, tout en regrettant qu'elle ne soit que rarement présente à son poste communal!
 
Des personnes d'origine étrangère y sont interrogés également et des associations communautaires donnent leur avis : la France serait en retard et pas même apte à se donner un candidat de l'immigration à la tête de son gouvernement, ce qui semble être, à entendre tous ces intervenants, une très large tâche à la face du pays.
 
Il n'y aurait pas que la France d'ailleurs, le Vatican aussi serait très en retard, mais mûr, selon Mgr Grégory, noir lui-même, pour élire un pape noir. C'est à dire un pape qui ressemble aux fidèles africains en somme… L'évêque se sent-il discriminé lui-aussi? Estime-t-il qu'en fonction de la couleur de sa peau, il mérite d'être pape? S'imagine-t-il que le Vatican souhaite prendre exemple sur les Etats-Unis?

Tous ces journalistes philosophent donc sur le retard de la société en matière d'intégration, sans toutefois poser la question de leur représentavité en leur sein. Combien y a-t-il de journalistes de couleur dans nos grands journaux? La question n'est pas posée. A quand des directeurs de rédaction noir? On se souvient que Renaud Camus s'était interrogé sur la représentativité ethnique au sein d'une radio, et n'a plus depuis reparu dans la presse suite au scandale… Ce serait pourtant, peut-être, à méditer.
 

Le jeu que joue la grande presse est inquiétant. Il est compréhensible que les noirs américains se sentent concernés par la couleur de peau du président, leur  histoire nationale est lourde…  Mais cette démagogie qui  consiste à tout faire tourner autour du sexe d'un candidat ou de la couleur de sa peau fait oublier à tout un chacun l'essentiel : un président dirige un pays, prend des décisions sociales mais aussi militaires, intervient sur l'économie et n'est pas, loin s'en faut, une simple image médiatique. Il doit avoir du talent, au-delà de son apparence physique.

Il en va de même pour les papes, qui ne sont pas uniquement des porte-manteaux pour tiare… Un catholique suit le pape, qu'il soit noir , blanc, ou encore asiatique : il est représentatif dans la foi, pas pour sa couleur de peau et sa dimension est plus spirituelle qu'un papier, même le mieux ficelé, de nos plus grands journaux quotidien…

A tout prendre, un pape chinois, indien ou arabe serait plus grandement symbolique qu'un pape noir et africain, parce que plus en rapport avec les souffrances de certains chrétiens pour leur foi. A tout prendre un "latinos" ou un amérindien serait plus symboliquement représentatif qu'un "noir " à la tête des Etats-Unis.

Mais ce n'est pas ce qui compte pour la presse. Puisqu'on vous dit que le président des Etats-Unis est noir…