Le collectif "We are not #dindons" vient de lancer une pétition pour protester contre le projet de loi sur une hausse massive des charges et impôts sur les SAP (services d’aides aux particuliers).
Le principe de cette mesure est de refiscaliser les prestations de services à domicile, comme les gardes d’enfants, les aides aux personnes âgées, les accompagnants de personnes handicapées, ou plus simplement les femmes de ménage ou les jardiniers.
Pour les opposants à cette mesure, ce projet de loi serait doublement nocif, au niveau social et économique. Ils estiment que la hausse des charges sur les SAP "va entraîner la destruction de dizaines de milliers d’emplois et va compliquer la vie de millions de familles, sans aucun bénéfice social ou fiscal."
La défiscalisation de ce secteur avait permis à de nombreuses femmes de s’émanciper et de se lancer dans le monde du travail. Pour "We are not #dindons", la future mesure signe un retour en arrière de la situation de ces femmes dans notre société, en les limitant à leur simple fonction maternelle, si elles n’ont pas les moyens de payer une nourrice pour garder leurs enfants.
De la même manière, les signataires de la pétition estiment que de nombreuses personnes âgées seront contraintes d’être admises dans des maisons de retraites, faute de pouvoir financer les aides à domicile dont elles ont besoin pour finir leurs vies chez elles. "Les emplois à domicile ne sont pas une niche fiscale, mais un trésor social !", s’exclament-ils dans leur pétition.
Au niveau économique, les effets bénéfiques attendus de ce plan ne sont pas garantis. Outre la fragilisation d’un secteur qui compte 800.000 salariés, les détracteurs considèrent que ce projet de loi détruirait, à moyen terme, près de 60.000 emplois.
Ils s’appuient sur l’échec qu’a déjà connu la même mesure en Espagne, où le gouvernement est revenu sur sa loi, seulement trois mois après l’avoir mise en service. La mesure, similaire à celle prévue par le gouvernement, avait dopé le "travail au gris", qui consiste en une sorte de mi-temps entre le travail déclaré et le travail au noir. Ainsi, les travailleurs gardent leurs droits sociaux mais ils payent moins de cotisations. En conséquence, le régime social espagnol a du continuer à payer pour des travailleurs qui ne cotisaient presque plus.
Une étude du quotidien espagnol El Pais a ainsi démontré que l’état espagnol avait perdu 63 millions d’euros au seul titre des cotisations sociales et des emplois familiaux, en trois mois d’application de cette fiscalisation.
La pétition, à consulter en ligne ici, dénonce donc une mesure de casse sociale censé engendrer des revenus fiscaux mais qui fait, en fait, perdre de l’argent à l’état et qui, surtout, menace des dizaines de milliers d’emplois.