Durant les élections présidentielles de nombreux sujets sont abordés, sujets plus ou moins graves, plus ou moins anodins. Et parfois des sujets fort délicats, comme ce fut le cas concernant l'euthanasie, et sur lequel il fut demandé à chaque candidat quelle était sa position. Position d'autant plus difficile que le sujet est grave, et que certains groupes peuvent faire pression.
En effet, durant les derniers mois de ces élections, un débat s'est invité dans la campagne, un débat qui nous concerne tous, potentiellement, un débat difficile: l'euthanasie. Les candidats ont été interpellés au sujet du "livre blanc de l'association pour mourir dans la dignité" avec pétition à l'appui de médecins déclarant avoir aidé des malades à mourir ( http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/societe/20070306.OBS5521/nous_soignants_avonsen_conscience.html ),des malades en fin de vie, et en souffrance, et pour lesquels ces médecins demandent une révisions de la loi Leonetti ( http://www.legifrance.gouv.fr/imagesJOE/2005/0423/joe_20050423_0095_0001.pdf ), laquelle commence par les lignes suivantes:
"Ces actes ne doivent pas être poursuivis par une obstination déraisonnable. Lorsqu’ils apparaissent inutiles, disproportionnés ou n’ayant d’autre effet que le seul maintien artificiel de la vie, ils peuvent être suspendus ou ne pas être entrepris. Dans ce cas, le médecin sauvegarde la dignité du mourant et assure la qualité de sa vie en dispensant les soins visés à l’article L. 1110-10." et continue par "Si le médecin constate qu’il ne peut soulager la souffrance d’une personne, en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause, qu’en lui appliquant un traitement qui peut avoir pour effet secondaire d’abréger sa vie, il doit en informer le malade, sans préjudice des dispositions du quatrième alinéa de l’article L. 1111-2, la personne de confiance visée à l’article L. 1111-6, la famille ou, à défaut, un des proches. La procédure suivie est inscrite dans le dossier médical."
Mais les médecins en question ne l'entendent pas de cette oreille! Souffrir est pour eux au-delà de la dignité humaine…
Le débat a en tous les cas été tout à fait vif dans les commentaires sur différents blogs, dans lesquels les noms d'oiseaux n'étaient pas loin de s'échanger, suite à la pétition de ces 2000 médecins. "Le droit au suicide" allaient même jusqu'à clamer les uns! Et les candidats ont tous bien sûr eu à donner leurs avis. Ségolène Royal pour sa part se dit "il faut faire ce qu'ont fait d'autres pays Européens, ouvrir le débat et mettre en place une législation qui permette d'apaiser les souffrances les plus intolérables" tandis que Nicolas Sarkozy se dit qu' "On ne peut pas rester les bras ballants devant la souffrance d'un de nos compatriotes qui appelle à ce que ça se termine, tout simplement parce qu'il n'en peut plus". Il tempère dernièrement: "Je souhaite que l'on fasse confiance au dialogue. C'est au patient, à sa famille et au corps médical de trouver la solution adaptée. Je pense qu'il faut laisser une zone de liberté", laissant le débat ouvert.
Et tout cela est certainement louable et part de bons sentiments! Seulement tout le monde n'est pas d'accord, et c'est bien ce qui ressort de la pétition de la SFAP cette fois-ci (la Société Française d'Accompagnement et de Soins Palliatifs), et qui proclame "Il n’existe aucun argument recevable pour que si notre société décidait de reconnaître une telle « assistance légale au suicide », cette tâche soit confiée aux professionnels de santé. Donner la mort ne requiert aucune compétence médicale. Les professionnels de santé n’assumeront donc pas ce rôle !" avec un argumentaire complet et réalisé par des personnes compétentes en la matière, notament des médecins et diverses associations en rapport avec cette profession, et dont la liste figure sur le site de la SFAP ( http://www.sfap.org/content/view/141/160/ ) avec une pétition, qui elle, a été signée par 9000 personnes, en date du 30 avril, alors même que des signatures arrivent encore! et le texte en question va précisément dans le sens de la loi Leonetti, demandant à ce que la loi soit appliquée, mais pas changée. Il semblerait donc qu'une majorité de médecins soit bien contre l'euthanasie, privilégiant les soins palliatifs et réclamant des améliorations dans ce domaine.
Il s'agit d'un débat sur un sujet particulièrement grave, et qui nous dépasse tous, tout en concernant chacun de nous, mais aussi nos proches. Dans un forum, un père de famille racontait que sa petite fille est malade, d'une maladie incurable, et qu'elle souffre beaucoup. Mais ce faisant, il exprimait aussi la joie de passer du temps avec elle, et même si le temps est compté, de privilégier la vie sur le reste.
Tout le monde ne se mettra pas d'accord sur ce sujet… On peut cependant douter que ce soit à nos candidats d'en décider seuls…
Patient ou personne ?
Le vocabulaire que nous employons est porteur de sens.
Un « patient » subit ou va subir, être l’objet d’un traitement. La patience est une vertu qui consiste à savoir souffrir sans se plaindre, sans colère, les désagréments et souffrances de la vie…
Pour que la patience ait des limites, si nous changions de vocabulaire ? Si nous appelions les patients « personne malade, personne en fin de vie, personne en agonie… »
Le simple mot « personne » implique « individu de l’espèce humaine, considéré en tant que sujet (et non pas objet)libre, conscient, ayant droit de disposer de sa destinée et de sa vie …
Si nous pouvions décider pour nous-mêmes, sans l’autorisation du corps médical, quel poids en moins, pour eux et pour nous !
Changeons déjà de vocabulaire pour changer de regard.
Rassurez-vous, les personnes regardées comme des personnes, aiment la vie et ne désirent pas mourir…
Personne?
Plutôt d’accord avec vous, mais réfléchissez néanmoins aux sens du mot « personne ».
@ Geneviève darche
Je comprends très bien votre point de vue. Cependant il me semble que dans la souffrance il n’est pas facile de prendre une décision sûre pour soi parfois.
Je dois avouer que la loi Leonetti me parait équilibrée, prenant en compte le respect de la vie comme la souffrance.
Merci à tous deux de vos commentaires, je suis toujours ravi que les lecteurs donnent leur avis. Merci encore