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A l’horizon du jour éclaté

 

Une longue ascension commence

La vie monte en petites vagues fiévreuses

à l’horizon du jour éclaté

Elle ouvre les flancs de la terre et déverse en son sein toute sa lave de vivre

Elle roule le temps,

plonge en nébuleuses

dans les veines de l’homme

pour étoiler son sang

 

 

  Elle a marqué d’une ligne rouge la naissance de chaque gorge 

 

 

L’homme avance parmi les pierres aveugles

  dans le saignement de la solitude

avec la tête coupée de chaque heure

 

Il porte le poids du soleil sur son ventre

et le rouge couteau de la détermination entre ses dents

il crie à l’amour, à la haine,

accouple la poussière et l’or

se frappe la poitrine

immole la vierge

caresse la mort

s’invente un espace,un gouffre

et regarde de sa fenêtre teintée son frère qui souffre…

 

UN grand vent se lève

et ce n’est qu’un jour qui s’écoule au centre de la créature éveillée

ce n’est qu’un jour

où dix volcans grondent

l’amour

l’argent

la peur

la misère

la honte

un jour par tous les autres relié.

 

C’est le disque perpétuel du monde.

         

  La matière délivre sa propre substance

et couche l’homme prisonnier sur son flanc.

Il est lié dans l’espace et dans le temps

il claque dans le vide comme un grand ciseau

et cogne son corps avec silence

contre la nature et ses fléaux

 

Une interrogation prolifère à la surface des yeux.

Une présence emplit le monde,

flotte en filament sur les générations,

s’enfonce comme une scie à la racine de chaque être.

 

On l’appelle plénitude

amour

absolu

infini

Dieu

mais jamais personne n’est revenu des cieux

 et lorsqu’on voit à l’horizon des planètes

tant de visages tristes et vides

on s’interroge

et l’on entend dans un frémissement

l’immense force qui respire…

 

     

 "je suis le roc inaltérable au vent de la cruauté,

 je suis le ciment des races humaines

et des corps dans l’étreinte,

je suis l’estuaire des marées de sang"

 

Ainsi parle la force dans la surdité de la vie

 

 

L’heure s’avance lentement

jusqu’au bord de la nuit

Le vent tourne en vrille dans les arbres

un oiseau coupe l’espace orangé

et les derniers soupirs

que la brise cueille,

l’heure s’avance lentement

comme un cercueil

la nuit tombe blette sans un cri… 

 

 

                                                            

                                                                "Dans la chair des mots" 

                                                           Ed.André De Rache.Bruxelles