La Terre est ronde tout comme l’objet nécessaire pour jouer au sport le plus populaire à travers la planète, le football. Tous les enfants ont les yeux qui brillent quand, à la télévision et à la radio, ils suivent les matchs de leurs "héros". Les petits garçons ont des tendres souvenirs avec Platini, Maradona, Pelé, Zidane, Henry et la liste peut continuer encore longtemps. Derrière ce monde enchanteur devant lequel des rêves de gamin se construisent, la réalité est tout autre et beaucoup moins reluisante.
Le football espagnol est malade, tout comme le patient anglais, il est obéré par une dette abyssale. A la fin de la saison dernière, elle se statuait à plus de 3.5 milliards d’euros, nul doute qu’en 2012, elle sera encore plus importante et se sera creusée. Malgré ce drame annoncé, l’attentisme a fait place à la réaction, le gouvernement a eu peur de s’attaquer à ce sport sacro-saint, intouchable, pour la simple raison que chaque passionné est également un électeur. Se mettre à dos les clubs de supporters et c’est signer son arrêt de mort politique. Un lobby aussi sensible que le permis d’acheter une arme à feu en toute liberté aux Etats-Unis.
Les clubs de la Liga accumulent les victoires dans les stades mais derrière cette image pleine de joie et d’allégresse, ils vivent dans le rouge avec des comptes bancaires en plein dans le négatif. Leur quotidien se fait au rythme des cessations de paiement, de déficit et de conflits sociaux.
Un véritable carton rouge si on rajoute les ardoises des équipes de seconde division, on parle alors de 6 milliards d’euros. Pour se rendre compte de l’état alarmant du football espagnol, sur les 23 clubs européens en difficultés de paiement, 22 viennent de la péninsule ibérique.
Ce constat n’est pas nouveau. Durant plusieurs années, des économistes ont tenté d’avertir les pouvoirs publics sur l’endettement des clubs de Liga mais ces derniers ont fait la sourde oreille. Ils ont prêché dans le désert, foncé contre des moulins à vent à l’image d’un Don Quichotte. Malgré toutes ces tentatives, ils ont finalement eu gain de cause d’une certaine façon.
A force d’emprunter de l’argent, ils ont été forcés d’en demander au Trésor Public. Résultat des courses, ils doivent plus de 752 millions d’euros à l’Etat, dans un triste état.
Il faut sanctionner ces dérives, sur le terrain quand une faute est commise, l’arbitre siffle, ici c’est la même chose. Il est prévu un contrôle accru des comptes, une meilleure transparence, une diminution des salaires, une taxe de 35% sur les droits de télévision. Si les équipes ne se conforment à ces nouvelles règles, l’UEFA envisage la rétrogradation dans des divisions inférieures et des interdictions de participer aux coupes européennes.
Le monopole n’a jamais eu du bon, suscitant la jalousie des dominés. Depuis 2005, le Real Madrid et le FC Barcelone trustent les podiums, accumulant les titres de champions d’Espagne et champions d’Europe. Une réussite qui se fait à crédit, provoquant un trou de dans le budget de 500 millions d’euros. Afin d’égaler leurs illustres meneurs, certains clubs se lancent dans des dépenses inconsidérées.
Valence a perdu tout son argent en construisant un stade de 300 millions d’euros et de 70000 places, un peu trop ambitieux pour un club de 39000 fidèles. L’Espanyol Barcelone a dû revendre tous ses joueurs pour régler ses 150 millions de dettes. Ils sont encore nombreux les exemples du genre, Betis Séville, Athletico Madrid ou Real Santander.
Mais une question importante doit être évoquée, comment ces clubs en cessation de paiement ont-ils pu recevoir autant de liquidités de la part de financiers publics? Tout simplement car ils bénéficient de largesses. Les mairies leur offre des terrains pour y construire des stades et investir dans l’immobilier ou encore des élus passent l’éponge sur des sommes à devoir. Une attitude devenue impossible à tenir depuis que le pays vit en récession. Tout aurait pu continuer ainsi, l’Espagne était un modèle à suivre il y a encore quelques années, mais elle a été mise à terre, taclée dans son élan par l’éclatement de la bulle immobilière. Ils profitaient également de prêts venant de plusieurs banques différentes avec des taux deux fois inférieurs que ceux pratiqués pour les entreprises traditionnelles.
Dans le pays d’ « El deporte rey », le sport roi, il faut savoir préserver les jeux. Comme dans l’Antique Rome, tant qu’il y a des jeux et du pain tout va, mais la situation devient préoccupante quand l’un des deux paramètres disparaît. Dans une Espagne où le taux de chômage atteint les 25%, le pain vient à manquer sur la table à manger.
Pour finir, juste une petite information au passage, pour signifier les écarts insensés pouvant exister dans le monde du ballon rond, l’US Quevilly, avec un budget de 1.9 million d’euros ne représente qu’un mois de salaire pour le balafré Ribéry. Une somme mirobolante dont il pourrait investir une partie dans un Bescherelle.
Moi, j’ai pas les yeux qui brillent quand il y a du foot à la télé, j’ai des boutons juste avant que je change de chaine. Y en a marre de voir ces mecs cracher sur la pelouse, à jeter leur glaviots en l’air pour faire viril. Que faut-il dire à nos enfants ? C’est la première chose qu’ils font avant de taper sur le ballon !
Ma parole, ils ont un pois chiche dans la tête ?