C’est un article que vous ne trouverez plus sur Come4News. D’un commun accord avec les fondateurs du site, je l’avais supprimé. Alors que tout était fondé, vérifiable, &c.
Mais ne reposant que sur une hypothèse avancée par Peter Allen, le correspondant permanent en France du Daily (& Sunday) Mail, du (Sunday) Times, voire d’autres titres britanniques. Cette hypothèse, battue en brèche par le parquet d’Annecy, c’est que la belle-famille de la victime française (le cycliste) de la tuerie de Chevaline, aurait organisé un guet-apens la visant.
À présent, Zaid Al-Hilli, frère de Saad et beau-frère ou oncle des victimes d’origine irakienne, reprend cette supputation à son compte.
La police française protégerait quelqu’un. Qui donc au juste ? Eh bien, on va vous le redire. Sans la moindre garantie de véracité, autant le préciser.

C’est un maire d’une commune rurbanisée d’Île-de-France. Un élu UMP qui avait fait parler de lui voici quelques années lorsque le chef de la police municipale de son fief électoral avait été assassiné. Comme certains auraient pu lui imputer la commandite de ce crime, il disposerait d’un permis de port d’armes. Et il serait de la famille de Claire Schutz, la pharmacienne qui avait eu un enfant de Sylvain Mollier, le cycliste de la tuerie de Chevaline, près d’Annecy, le 5 septembre 2012.

Des mois plus tard, Peter Allen, collaborateur régulier du Mail et du Times, donnait le nom de ce maire. Dès le lendemain, le procureur d’Annecy démentait totalement que Sylvain Mollier ait été la cible initiale de la tuerie. Toute la presse reprenait ses déclarations, sans mentionner le nom de ce maire que Come4News, reprenant l’info de Peter Allen en la sourçant (tout en s’étonnant très fortement qu’elle soit si peu étayée), avait clairement indiqué.

Entretemps, vers trois heures du matin, j’avais reçu à mon domicile (je figure dans l’annuaire, en pages jaunes) un très singulier appel qui devait durer une bonne heure. Avec en bruit de fond la voix d’un homme s’exprimant alternativement en français et en anglais, une femme se présentant en tant qu’avocate de Peter Allen, me sommait de retirer immédiatement mon article.
J’étais un piteux journaliste amateur (25 ou 25 ans de carte de presse, au moins une trentaine d’exercice de la profession), qui ne comprenait pas bien l’anglais (après deux mastères complets d’études, des traductions publiées), encore moins la presse anglaise (après un internship à la rédaction de The Independent, sujet d’un mémoire de maîtrise), &c. L’avocate (ou amie) de Peter Allen m’en apprenait tant et tant sur moi-même…

Surtout, je ne connaissais rien au droit de la presse (après avoir été chroniqueur judiciaire, directeur de publication, visé ou plutôt menacé plusieurs fois de poursuites, aucune n’ayant abouti). La (prétendue) avocate n’obtint pas gain de cause.
Les conseils du maire en question, intervenant courtoisement, sachant fort bien qu’ils n’avaient pas la moindre chance d’obtenir quoi que ce soit d’un tribunal, furent satisfaits quelques jours plus tard… J’estimais que l’hypothèse de Peter Allen n’ayant pas été du tout étayée, et même officiellement démentie (à 99 %, estimait le parquet d’Annecy), il était inutile d’entretenir, même en la réfutant, une rumeur.

Voici que, se confiant peut-être au même Peter Allen (mais aussi et surtout à la BBC et à D. J. Smith, du Times), le frère de celui qui est considéré la cible principale de la tuerie de Chevaline la reprend à son compte. Mais qui donc pourrait lui avoir soufflé dans le creux de l’oreille que la police française protégerait quelqu’un ? Quelqu’un qui serait une personnalité ?
Peter Allen n’avait pas été le seul à se risquer sur la voie d’un crime passionnel et familial visant le cycliste, père de l’enfant d’une pharmacienne issue d’une famille fortunée. L’Essor savoyard avait précédé le journaliste britannique de trois jours. La Tribune de Genève en avait fait état, comme, par la suite, du démenti du parquet d’Annecy.

Bizarrement, ce jour, le Sunday Mail Online ne reprend pas en lien le précédent article de Peter Allen. Nous avions à l’époque réalisé une capture d’écran. Nous la republions, avec le nom du maire de la commune de C***, proche de Saint-Nom, cette fois masqué par nos soins.

Peter Allen, pensant peut-être avoir pédalé dans la semoule, se préserve cette fois de le faire dans le yoghourt. « Flamby » (François Hollande), continuerait donc de protéger un élu de l’opposition ? Et Nestlé serait aussi dans le coup ? Oh non !

N’étant pas cette nuit joignable par téléphone, je peux sereinement m’interroger. Où donc, par exemple depuis les rives du lac d’Annecy ou celles de la Tamise, Zad Al-Hilli a-t-il été pêcher que son frère Saad ne fut, ainsi que plusieurs membres de leur famille, qu’une victime collatérale de la tuerie de Chevaline ?

Il est pourtant à présent formel. Il accuse la police française d’un cover-up (dissimulation). Le lien de l’article du Mail est explicite :

Brother-denies-arranging-Alps-murder-saying-target-shooting-cyclist-accuses-French-police-cover-up.html

Cette fois, c’est pire que l’élimination de la princesse Diana (Lady Di) sous le pont de l’Alma avec la présumée complaisance de la police française. Que faut-il penser ? Que Manuel Valls n’aurait rien dit à François Hollande, lequel se retrouve couvrir une affaire de règlement de compte familial à l’insu de son plein gré ?

Attention, la police française s’acharne aussi sur les Al-Hilli car animée “of bigotry towards foreigners”. Et m… pour la reine d’Angleterre ? Entendez fanatisme, intolérance, sectarisme, obscurantisme, préjugé xénophobe préjudiciable, &c. Au fait, qui est donc à présent le commanditaire de l’assassinat du père de l’enfant de Claire Schutz ? Thierry Schutz qui, pour Peter Allen, aurait suggéré son parcours à Sylvain Mollier ? “It was Ms Schutz’s father, Thierry Schutz, who suggested the cycling route towards the village of Chevaline along which Mr Mollier died.”
Ce n’est pas Zaïd Al-Hilli qui l’aurait découvert. Peut-être même pas la police ou la gendarmerie françaises. 

À l’époque du premier article de Peter Allen incriminant le maire « controversé » de C***, Atlantico avait signalé : « Alors que le Daily Mail expliquait il y a peu que le cycliste français Sylvain Mollier, retrouvé mort près de la famille assassinée, aurait pu être la cible de l’attaque et non pas une victime collatérale, il appuie ses dires en révélant que le cycliste était impliqué dans une dispute liée à un héritage de près d’1,35 million d’euros. ».

L’article initial du Mail, mettant en cause nominativement le maire de C*** était encore accessible ce dimanche soir à 18:13 (heure de Paris, Bruxelles… et même encore à 20 heures).

Alors, de deux choses, l’une. Cet article aurait échappé aux services diplomatiques et consulaires français, les ministères français de l’Intérieur et de la Justice n’ont pas jugé bon de le rechercher. Ou, selon un adage bien français « qui ne dit mot consent ».

Dans ce dernier cas, tant Peter Allen que L’Essor savoyard pourraient se sentir confortés dans leurs présuppositions. Ce qui aurait pu inciter le frère de Saad et oncle de Zeena et Zainab à partager la conviction que la police française (voire aussi la justice française) dissimule quelque chose, et sur ordre.

Le maire en question a été une nouvelle fois réélu député de sa circonscription en juin 2012, toujours sous étiquette UMP. Il y a vraiment de quoi donner l’occasion au Front national de dénoncer de nouveau la collusion UMPS.

Cette fois, l’article du Sunday Times est signé David James Smith (nominé Orwell Prize 2012). Dans le Sunday Times Magazine du 2 déc. 2012, il s’interrogeait déjà : la famille de la pharmacienne a-t-elle quelque chose à cacher ? « Il m’a été indiqué par un policier britannique que les autorités françaises estimaient que le cycliste français serait la véritable cible, » écrivait-il alors. Il laissait supposer que cela pouvait relever du bluff ou que, au contraire, la police française aurait pu chercher à ternir la réputation de la famille anglo-irakienne. Une note concluant l’article d’alors mentionnait aussi “additional reporting by Peter Allen”.

Question « bigotry », on finirait par se poser des questions à propos de Peter Allen. Mais n’employons pas des procédés que même la presse dite de qualité (ex-broadsheet, comme le fut le Mail à ses origines), au Royaume-Uni, s’autorise, mais avec une grande circonspection. Nous n’irons pas non plus laisser entendre qu’en dépit de son appréciation positive de la France (et des Françaises), il présupposerait qu’il convient de confronter son lectorat en de présumés préjugés souvent allégués de manière fort exagérée. Les commentaires à la suite de son précédent article avaient été si gratinés que, cette fois, le Mail mentionne “Sorry we are unable to accept comments for legal reasons.” Notre plénipotentiaire à Londres serait-il intervenu à temps ?

Relevons simplement que, face aux caméras de la BBC et à l’enregistreur de D. J. Smith, l’ambianceur de la tuerie de Chevaline, Zaïd Al-Hilli n’a pas mentionné le nom du député-maire UMP d’une charmante localité de l’ouest de l’Île-de-France. Il n’empêche. En fait, il laisse penser que sa vie serait potentiellement menacée s’il venait en France, qu’une personnalité (cette fois locale ou régionale, mais peut-être du fait de liens familiaux ?) serait protégée – à ce point, vraiment ? – par les autorités françaises (au plus haut niveau ?). Admettons qu’après les multiples affaires du précédent quinquennat puis l’affaire Cahuzac, la parano envers la France est excusable.

There is something rotten in the State of France, sans doute. Mais nos estimés confrères britanniques seraient bien avisés d’étayer leurs suppositions et d’écrire quelle est la monnaie d’échange entre les formations politiques françaises dans cette affaire de la tuerie de Chevaline qui serait ainsi recouverte de l’épais manteau du silence des neiges, non alpines, mais élyséennes, de locataire antérieur (Nicolas Sarkozy) des locaux à successeur (François Hollande)… Ce n’était sans doute pas la mansuétude initiale de l’UMP dans l’affaire Cahuzac, révélée en décembre 2012 par Mediapart, soit près de quatre mois plus tard. Alors quoi ?

Allons, Messieurs les Anglais : tirez les premiers !

Ce lundi matin, 21 octobre, Peter Allen a cédé sa place au Daily Mail : Anna Edwards a pris le relais, cette fois en pointant l’éventuelle présence d’un 4×4 BMW, modèle X5, immatriculé au Royaume-Uni, à conduite à droite (right-hand drive), à proximité de la scène des crimes. Un motocycliste a aussi été aperçu par le garde forestier ayant vu ce véhicule. Mais ce motard aurait ensuite conversé avec d’autres gardes forestiers.
Plus question d’incriminer, de près ou de loin, la famille Schutz. Une information, un démenti, deux informations, résume un dicton bien connu de la gent journalistique…

Quoi qu’il en soit, l’émission Panorama de la BBC, qui sera diffusée en différé ce lundi après-midi, ne semble guère susceptible de dénouer l’énigme de la tuerie de Chevaline. 

Mais Kunal Dutta, de l’Independent, est encore plus formel : le témoin soutiendrait que le tueur aurait été assisté par un complice conduisant un véhicule britannique. Le garde forestier a-t-il vraiment considéré que le motard serait le tueur, accompagné d’une « voiture balai » ? Ce témoignage est-il fiable ? Dans ce cas, il ne resterait plus à Peter Allen que l’option de soutenir que la famille Schutz a eu recours à une équipe internationale avec des relais au Royaume-Uni. Mais, après tout, pourquoi pas ? Tant qu’une preuve formelle du contraire n’apparait pas évidente, il est toujours possible de broder sur les circonstance d’un assassinat à victime(s) unique ou multiples…