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LE JEU DE LA MORT sur France 2

 

 

 

Et si vous participiez à un jeu télévisé avec devant vous un pupitre et des manettes en posant des questions à un autre candidat et que l’on vous demande à chaque mauvaise réponse de sa part, de lui infliger des décharges électriques de plus en plus fortes de 20 à 460 volts.

 

Comment réagiriez-vous ?

Non, bien sûr ! Vous ne le feriez pas, vous en êtes sûr.

 

Les candidats à ce supposé « vrai » jeu, ne le pensaient pas non plus.

Et pourtant ! La majorité d’entre eux l’ont fait et au-delà de ce que l’on pouvait imaginer. Obéissant sans le moindre scrupule et sans aucune compassion pour la personne qui se trouve en face d’eux et ce, malgré ses cris de douleur lorsque la décharge atteint un assez haut degré de voltage.

 

Tout le monde est dans le coup, même la présentatrice et le candidat qui répond aux questions est un comédien.

Les autres candidats sont des personnes comme vous et moi des personnes empathiques et compatissantes dans la vie de tous les jours. Des personnes qui n’auraient jamais pensé en arriver à ce point là, avant ce jeu.

 

L’animatrice pousse les candidats ;

–         « Ne vous laissez pas impressionner. C’est à vous, continuez ».

–         « La logique du jeu veut que vous continuiez ».

 

Et malgré les supplications du candidat à 380 volts, le jeu continue. Le candidat ne donne plus aucun signe de vie une dernière petite décharge à 460 volts et c’est la fin du jeu, vous avez ENFIN gagné.

Mais qu’avez-vous gagné au fait ? Presque rien comparé à la vie d’un homme, mais tout de même un joli pactole pour certains.

 

Oh! Bien sûr, vous-même auriez refusé d’aller jusqu’au bout, comme toute personne sensée et humaine. Refusant de voir l’autre souffrir et mourir; bien sûr vous auriez refusé de continuer à jouer même si statistiquement, il y a beaucoup plus de chance (si je puis dire) que vous ayez obéi et continué à infliger des souffrances atroces au candidat répondant mal aux questions que vous lui posiez.

19% des candidats ont refusés de continuer et ont réussi à quitter le plateau. D’autres, n’ont pas voulu continuer le jeu reprenant peu à peu conscience de ce qu’ils faisaient. Mais sous l’influence de l’animatrice ils ont continués encore un moment à martyriser l’autre candidat (le comédien), avant de se refuser définitivement à continuer le jeu.

 

Ce vrai/faux jeu, a été produit pour voir l’impact de la télévision sur les gens. C’est une question qui taraude depuis bien longtemps le réalisateur-producteur Christophe Nick, à l’origine de ce projet et de bien d’autres d’ailleurs sur la résistance habitée par la question du choix face aux circonstances.

En 1960 Stanley Milgram, chercheur en psychologie sociale à l’université de Yale, avait organisé une manipulation pour décrypter le processus d’obéissance.

Les candidats étaient censés participer à une étude sur l’efficacité de la punition dans le phénomène de mémorisation. Ils seront ainsi 62,5% à aller jusqu’au bout et à infliger des décharges électriques à un homme (là aussi, un comédien).

 

 

Qu’aurions-nous fait à leur place ?

Aurions-nous obéi ?

Aurions-nous quitté le plateau ?

 

Est-on tellement habitué à une certaine violence avec les jeux de télé-réalité et autres jeux et films de toutes sortes, que l’on pourrait vraiment organiser un jeu de mise à mort d’un candidat ?

Où d’ailleurs des participants afflueraient de partout pour donner la décharge fatale.

Sans même prendre conscience un seul instant de la souffrance de l’autre et sans même prendre conscience qu’au bout du jeu, on va retirer la vie à un homme ?