Après plusieurs années d’accalmie, l’on croyait la paix totalement revenue en Centrafrique. Surtout, dans la mesure où le président Bozizé avait jusqu’ici déjà réussi à trouver un accord avec de nombreux mouvements rebelles actifs dans le pays. Ainsi, dans les discours officiels du côté de Bangui, l’on disait être « désormais préoccupé par les problèmes  de développement économique du pays, la situation sécuritaire étant maitrisable ».

Seulement, cette accalmie relative n’aurait été que l’arbre qui cachait la forêt. Car cette semaine,  les rebelles ont repris la ville de Bria, au nord du pays. Réunis désormais au sein de ce qu’ils ont appelé la coalition « Séléka CPSK-CPJP-UFDR », ces mouvements rebelles entendent renverser le régime du président François Bozizé. Et, ce jeudi matin, ces derniers contrôlaient déjà les localités de Ndélé, Sam Ouandja et Ouadda. Tout ceci, face à une armée centrafricaine désorganisée, sous-équipée, et mal formée. Un état de choses qui a poussé en début de semaine le président centrafricain à solliciter l’aide militaire du Tchad voisin. Et, selon des sources concordantes, le président Idriss Deby du Tchad aurait déjà dépêché sur place une unité de l’armée de terre tchadienne, chargée de stopper l’avancée des assaillants vers Bangui.

Ce n’est pas la première fois que Bangui sollicite un soutien du Tchad en pareille occasion. En effet, le Tchad a toujours été un fidele allié de François Bozizé. C’est d’ailleurs du Tchad qu’était partie la rébellion qui avait porté le général Bozizé au pouvoir en 2003. Plus loin, la garde rapprochée du numéro un  centrafricain serait essentiellement composée d’éléments tchadiens. Aussi, en 2010, ce sont encore les forces tchadiennes qui interviennent à Birao, chef lieu de la région du nord de la Centrafrique, pour chasser les rebelles de la CPJP. Et, pour plusieurs spécialistes, cette assistance du Tchad à la Centrafrique constitue un acte illégal, du point de vue du droit international.

Car comment comprendre qu’un pays souverain et indépendant depuis plus de cinquante ans ne soit pas en mesure d’assurer la sécurité de sa population, au point à chaque fois de solliciter l’aide d’un pays voisin ? Aussi, en jetant un regard froid et lucide sur les revendications des rebelles, l’on se rend très vite compte qu’elles sont légitimes et fondées. Plutôt que d’aller aider les FACA  à mater  la rébellion, Idriss Deby qui n’est déjà pas un bon exemple en matière de démocratie et du respect des droits de l’homme devrait plutôt réfléchir comment il peut inviter les différentes parties autour d’une table, afin qu’une solution consensuelle soit trouvé, dans l’intérêt de tous.