En Corée du Nord, ne surtout pas boire pour oublier !

Pour supporter la douleur d’avoir perdu son dirigeant bien-aimé, Kim Jong-Il, l’ancien vice-ministre en charge de la Défense nord-coréenne aurait abusé de la bouteille. Oui, mais en Corée du Nord, il est mal vu de boire pour oublier. Kim Chol et d’autres généraux du régime paternel de l’héritier Kim Jong-un auraient été exécutés pour avoir, après la période des cent jours de deuil, bu un petit coup désagréable au « nouveau » régime.

Le décès de Kim Jong-il a été suivi d’un long deuil officiel de cent jours, pendant lesquels il était requis de se tordre les mains, de se rouler par terre, de pleurer toutes les larmes de son corps, et de s’abstenir de la moindre « réjouissance ». Récalcitrantes et réfractaires du commun ont été expédiés en camp de travail.

Mais pour les dignitaires ou généraux encombrants, la période de deuil était censée se prolonger volontairement. Kim Chol aurait été surpris, après le long carême, en train de boire du jus de raisin ou on ne sait trop quoi d’alcoolisé. Du coup, il s’est retrouvé isolé sur un champ de manœuvre et explosé au mortier.

C’est en tout cas ce que rapporte le quotidien sud-coréen Chosun Ilbo, qui fait état de la disparition de plusieurs officiels ou généraux. Plus d’une douzaine de personnalités auparavant haut placées n’auraient plus jamais été vues en public et les purges se poursuivraient encore.

Kim Jong-il est décédé en décembre 2011, mais il serait de bon ton, en Corée du Nord, de le pleurer encore et toujours.

On s’inquiète aussi du sort de Ri Sol-ju, la concubine de l’actuel « grand timonier » local. Surnommée la « Carla Bruni » nord-coréenne, car elle avait arboré une robe descendant juste au-dessous des genoux, et même légèrement au-dessus, lors d’événements officiels (comme quoi elle avait encore des efforts à faire), Ri Sol-ju serait à présent confinée à l’écart. A-t-elle, comme une épouse répudiée d’Amin Dada, « manqué d’ardeur au combat révolutionnaire ? ». En sus, agenouillée, elle laissait voir ses genoux. 

Ex-chanteuse, elle était subitement apparu en juillet dernier. On l’a vit depuis lors partout à côté de celui qui devint rapidement son époux, le 25 juillet. Selon le NK Daily (Corée du Sud), elle aurait négligé d’arborer un médaillon, un camée, à l’effigie du papa de son mari. Elle préférait des breloques siglées Dior ou d’autres fabricants de colifichets capitalistes. Les moins coûteux brimborions officiels sont requis en toute circonstance. Mais on l’a donne aussi enceinte : damned, le fiston aurait-il forniqué alors que son père était à peine enterré ?

La seconde épouse de son défunt beau-père, Song Hye Rim, avait été mise sous le boisseau avant d’être expédiée dans un hôpital moscovite pour y mourir en 2002.

Ri n’est pas apparue le 10 octobre dernier, lors du 67e anniversaire de la fondation du Parti des travailleurs national tandis que la tante de Kim, son époux, qui était pourtant soignée à l’étranger, était présente à une cérémonie d’hommage aux précédents dirigeants, au Palais de la mémoire Kumsusan. La jeune femme, 27 ans, peut-elle au moins s’épiler les genoux ?

La Marie Antoinette nord-coréenne, comme l’ont surnommée divers médias, en raison aussi de ses sacs de créateurs occidentaux, attendrait-elle que les généraux et dignitaires ayant osé critiquer ses apparitions soient tous liquidés ? Cela étant, après avoir glorifié l’héroïque figure de Kim Jong-suk, la première épouse de Kim Il-song, les Nord-Coréens sont un peu trop nombreux pour ne pas faire la différence entre la chanteuse et l’héroïne ancestrale de la nation communiste.

Comme l’avait relevé Taniana Gabroussenko pour l’Asia Times, Ri Sol-ju véhiculait des clichés contradictoires. Elle arborait des toilettes olé-olé par rapport aux tenues vestimentaires féminines locales (genre large pantalon et pourpoing à la Mao), mais elle savait, lors d’une visite dans une famille modeste, débarrasser la table et faire la vaisselle devant les caméras. Allez, Kate Middleton, encore un effort pour changer les couches des bambins des miséreux !

Une seule solution pour éclaircir la situation : dépêcher Stéphane Bern à Pyongyang, accompagné de Thomas de Bergeyck. Mais puisque Valérie Tierweiler tient à poursuivre sa carrière journalistique, elle ne serait pas non plus de trop. Ce serait aussi l’occasion d’inaugurer l’hôtel Ryugyong, dont les travaux ont commencé en… 1987. Les travaux avaient repris en 2008 grâce à des apports d’un groupe égyptien de télécommunications. 3 000 chambres, cinq restaurants tournants, 105 étages (330 m), une architecture futuriste, et pas de tirs de mortiers à craindre. Pas de racines et de feuilles d’arbustes au menu, ordinaire de trop nombreux Nord-Coréens, femmes, enfants et hommes.

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !