Fumer, aurait-il été un médicament pour moi ?

Depuis mon enfance, j’ai vu mon grand père, mon père, ma mère et tous mes proches fumer. Par contre, toutes les organisations sanitaires disent que fumer c’est partir tout droit vers la mort. Mon grand père m’a toujours dit : « Mon enfant, tu vois que je fume. Toi, ne fumes jamais. Ce sont les prêtres européens qui nous ont appris à fumer, mais c’est mauvais pour la santé ».

Quand j’étais encore enfant, je me rappelle que quelque fois mon oncle maternel, Ferdinand Nikongana m’a donné de la cigarette trois ou quatre fois. Pas plus car je me rappelais toujours du conseil de mon grand père Fidèle Bonansize.

Un autre jour, si ma mémoire est bonne, j’avais environ sept ans ou huit ans. J’étais seul à la maison et ma mère Nahimana Béatrice m’avait demandé de garder le manioc en séchage sur la cour. J’ai aperçu un morceau de tabac laissé par mon grand père, je l’ai pris, je l’ai allumé et je l’ai fumé. Je ne sais plus ce qui s’est passé après car, j’ai été réveillé par ma mère qui rentrait des champs. Désormais je n’ai plus fumé et j’ai empêché à tous mes amis de fumer mais ils ne l’ont jamais accepté sauf ma mère, une de mes sœurs et deux de mes amis.

J’ai grandi dans ce sens, même à l’école je haïssais la fumée de la cigarette ainsi que les fumeurs.

Depuis plusieurs années, j’avais un problème qui allait et revenait dans mon corps. Il arrivait parfois que je me lève et ne parvienne pas à marcher car j’avais mal à un de mes genoux, des fois l’autre, des fois mon bras ou mon cou. A ce stade ce n’était pas encore grave car les douleurs disparaissaient après quatre, cinq ou dix heures sans prendre de médicaments.

Le pire est arrivé à partir des années 2002, quand j’avais 35 ans. Chaque fois que les mêmes douleurs de l’enfance revenaient, au lieu de disparaître,elles changeaient de place. Pendant quelques heures ou quelques jours dans une partie de mon corps, puis au lieu de partir elles se déplaçaient vers  une autre partie du corps. Pour être plus précis, aucune partie de mon corps n’a été épargnée, mais pas en même temps mais en se déplaçant d’une partie vers une autre après une certaine période.

A ce moment là, je travaillais dans une entreprise qui s’occupait de la totalité de nos soins. A chaque fois que les douleurs étaient dans une partie de mon corps comme le foie, on me faisait tous les examens du foie et tous les résultats étaient négatifs, dans les poumons la même chose, dans mon cœur, la même chose. Je suis passé par les hôpitaux les plus reconnus de mon pays, j’ai fait les examens avec tous les moyens dont disposent ces hôpitaux, les réponses étaient toujours négatives.

Il est arrivé que l’infirmier, Fanwe Fabien,  de l’entreprise, où je travaillais m’a dit, mon cher collègue, on ne peut plus rien pour toi, c’est cette maladie inconnue qui va te tuer un jour. Malheureusement, lui il est déjà mort aujourd’hui et moi je suis toujours en vie. Le Docteur, NDUWUMWI Gérard, consultant à l’infirmerie de l’entreprise où je travaillais, il s’agissait plus précisément de la BRARUDI Siège de Gitega, quant à lui m’a dit : « Mon cher patient, je regrette que tous les Docteurs, et tous les laborantins de notre pays n’ont pas pu découvrir ta maladie. Tout le monde dit que tu es très bien portant, mais moi je vois que tu es malade. De quoi, je ne sais pas. Alors, un conseil que je te donne est celui-ci, quand tu mangeras, boira, ou sentira quelque chose qui te rend mieux dans ta complexe maladie, prends-le, il sera ton médicament ».

A chaque fois que je souffrais gravement, ils m’octroyaient des calmants qui ne me servaient que pendant quelques heures ou quelques jours. Mais le constat a été que, quand je prenais le calmant, de retour mes douleurs changeaient leur destination dans mon corps. J’ai dû accepter de vivre dans cette situation.

Le pire est arrivé quand, en 2007 j’avais quitté la BRARUDI deux ans avant c’est-à-dire le 30 septembre 2005. Mes douleurs se sont concentrées au niveau de mes reins et de mes hanches pendant plus de deux mois. Les calmants que j’avais l’habitude de prendre n’ont rien fait et je ne parvenais même plus à faire mes relations sexuelles avec mon épouse. Je me suis dit, finalement je vais mourir comme me l’a dit l’infirmier.

Un jour, je me suis rendu dans un bar et j’ai pris ma place à côté d’un de mes amis, qui fumait beaucoup même quand il était en train de boire. Après plusieurs minutes avec lui, en recevant involontairement la fumée de son tabac, j’ai commencé à sentir mes douleurs s’apaiser, mais je ne lui ai rien dit.

Arrivé à la maison ; j’ai raconté ce qui s’était passé à mon épouse. La réponse qu’elle m’a donnée comme toute femme qui vient de passer plus de deux mois sans connaître son mari qui dort pourtant près d’elle, pourquoi alors n’as-tu pas acheté une cigarette pour que tu vérifies que ça peut t’aider ?

J’ai vite compris le message et je suis allé dans une boutique acheter une seule cigarette. Je n’en ai consommée que la moitié et mes douleurs avaient complètement disparu. A partir de ce jour, j’ai fait mes relations sexuelles beaucoup plus qu’un jeune et dans ma vie cela ne m’était jamais arrivé.

Une semaine est passée, la deuxième aussi, puis un mois et mon épouse m’a dit : « Comme apparemment tu es guéri, ne peux tu pas alors arrêter de fumer ? Avec plaisir lui ai-je répondu.

J’ai arrêté de fumer pendant 3 jours seulement et les douleurs sont revenus cette fois ci attaquant tout mon corps en même temps. C’est ma femme qui est allée acheter une cigarette pour moi car je ne pouvais pas sortir de ma chambre. Quand j’ai pris la cigarette, moins de cinq minutes après, j’étais très bien portant. J’ai dit à ma femme, finalement ce que le Docteur Nduwumwami m’a dit est vrai. C’est le tabac qui est mon médicament.

J’ai compris une chose, comme on dit aux hypertendus de ne pas manger du sel et aux hypotendus de manger suffisamment de sel, sans parler des diabétiques, notre corps humain ne se comporte pas de la même manière. Un aliment peut être maléfique pour un individu et bénéfique pour un autre.

Un Docteur du nom de Gérard, protestant de religion m’a défendu devant des infirmiers qui m’attaquaient et m’obligeaient à arrêter de fumer. J’ai présenté ma défense sans les convaincre, mais quand il leur a raconté un cas que, lui-même, en tant que Docteur a expérimenté, ils m’ont compris. Et surtout, c’était ces derniers jours où je travaillais dans la Polyclinique Centrale de Bujumbura, Polyceb que je viens de quitter ce 17 février 2015 pour m’occuper exclusivement de mes propres affaires dont la rédaction des articles et mon magazine photographique en ligne www.ingenzirabona.com .

Cette polyclinique est réputée pour avoir un des meilleurs fumeurs, un docteur qui consomme 125 cigarettes par jour. Il fait ses contrôles généraux dans les hôpitaux les plus réputés du monde une fois par an, et il est toujours en très bonne santé à 70 ans comme mon grand père, grand fumeur, mort à 93 ans, qui n’était jamais malade et dont la mort n’a été que par trois balles tirées dans son cou en 1993.